
Ali Bongo Ondimba vient de subir un affront au Cameroun qui ne rehausse pas l’image du Gabon. Lors de son discours de bienvenue aux délégations venues participer au sommet extraordinaire de la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (Ceeac), le délégué du gouvernement pour la communauté urbaine de Yaoundé, Gilbert Tsimi Evouna a « oublié » de citer le chef de l’Etat gabonais au début de son discours aux titres des civilités d’usage. Ainsi, alors qu’Ali Bongo Ondimba était bien assis à quelques mètres de lui, le super maire l’a purement et simplement snobé. Il a cité successivement au début de son allocution, les président Paul Biya, Idriss Deby, Téodore Obiang Nguema, Denis Sassou Nguesso et le président par intérim de la République centrafricaine Samba Panza…., enfin le Premier ministre de Saotomé et Principe. Il a fallu que le protocole camerounais signale au «super maire » qu’il a omis de citer Ali Bongo Ondimba pour que l’intéressé, qui avait déjà salué les chefs d’Etat assis à la tribune de la tête en guise de remerciement à leurs applaudissements, reviennent devant le pupitre pour dire ce qui suit :
«J’ai oublié de citer son excellence Monsieur le président de la République du Gabon. Vous savez, les secrétaires aux derniers moments, elles vous avalent une phrase». Une excuse qui ajoute un côté mélodramatique à cette bourde.
L’allocution du super maire de Yaoundé est bien passée par le filtre de ses conseillers et sans doute validée comme c’est de coutume par la présidence de la République. Il est étonnant que personne n’ait vu que ce texte comportait une telle défaillance pour la corriger aussitôt. Mieux, le « super maire » au moment de lire son texte, avait en face de lui six chefs d’Etat. A supposer un seul instant que sa secrétaire ait effectivement « avalé le nom d’Ali Bongo Ondimba » comme veut le faire croire le super maire, il avait lui-même la latitude de « rattraper » la bourde. Ali Bongo Ondimba étant bien visible de l’endroit où il s’exprimait. Mais il ne l’a pas fait. Et il a même hésité de le faire quand le protocole le lui a signalé.
Reste que chacun va de son commentaire sur cet incident. Beaucoup sur les réseaux sociaux, y voient un signe prémonitoire indiquant la fin d’un système. Ali Bongo Ondimba malgré sa corpulence imposante, n’est plus visible aux yeux des décideurs. Au point que le super maire de Yaoundé, ne s’est pas rendu compte qu’il était bien assis à la tribune officielle. D’autres plus proches du régime y voit la traduction dans les faits de l’exaspération du président Paul Biya à l’égard d’Ali Bongo Ondimba. Une relation qui s’est compliquée avec la fuite au Cameroun du journaliste Jonas Moulenda. Paul Biya ayant averti Ali Bongo Ondimba de le tenir responsable de tout ce qui pouvait advenir à ce journaliste sur son territoire. La vérité est sans doute entre les deux. Les applaudissements nourris de la salle après le mea-culpa tardif du super maire, ne suffiront pas à refermer cette brèche.
Jean Michel Sylvain