Après l’interpellation de la secrétaire particulière de Jean-Rémy Yama

« Dynamique unitaire » rompt le dialogue avec le pouvoir

 

Dynamique unitaireLES leaders de Dynamique unitaire (DU), coalition syndicale des agents publics du Gabon, ont décidé, samedi 21 février dernier, à Libreville, de suspendre jusqu’à nouvel l’ordre, « toute forme d’activité ou communication avec toute autorité gabonaise, tant que la secrétaire de Jean-Rémy Yama n’est pas immédiatement libérée, et tant que ne cesseront pas les acharnements contre les leaders syndicaux de Dynamique unitaire », a déclaré la porte-parole du groupement syndical, Pulchérie Matteya. L’annonce a été faite à l’occasion d’un point-presse tenu, samedi dernier, à l’école publique Martine Oulabou, Libreville.

Une décision qui fait suite à l’interpellation jugée arbitraire, vendredi 20 février à Franceville, de Christiane Ndjaloya, secrétaire particulière de Yama, secrétaire général de l’Université des sciences et techniques de Masuku (USTM), président du Syndicat national des enseignants et chercheurs (Snec) et modérateur de Dynamique unitaire.
En conséquence, les responsables syndicaux, « tout en attendant leur exécution publique, à Hollando, comme les autorités gabonaises le souhaitent, appellent tous les travailleurs à être extrêmement mobilisés, à durcir le mouvement de grève aussi longtemps que ces manœuvres subversives ne cesseront… », a indiqué la porte-parole.
A en croire les partenaires sociaux, la secrétaire particulière aurait été arrêtée sur ordre du procureur de la République près le tribunal de première instance de Franceville, Gilbert Mbarangolo. Les autorités judiciaires avancent que Christiane Ndjaloya aurait fait légaliser une fausse attestation de baccalauréat, après y avoir apposé les cachets de son patron, Jean-Rémy Yama, en contrepartie de la somme de 15 000 F CFA.

Pour Dynamique unitaire, ce chef d’accusation minable, fallacieux et rocambolesque, sur lequel s’est appuyé le magistrat pour humilier la particulière et son chef, dénote d’une machination qui, malheureusement pour leurs auteurs, a échoué.
Mieux, « ce magistrat, soi-disant épris de justice, n’est que le triste exécutant d’une vaste opération orchestrée par les autorités, en vue de briser l’élan des travailleurs dans leurs revendications légitimes, dont Dynamique unitaire et son modérateur, Jean-Rémy Yama constituent le fer de lance », a déclaré Pulchérie Matteya.
FAUX ET USAGE DE FAUX. Au cours du point-presse, les syndicalistes ont indiqué que leur modérateur, Jean-Rémy Yama, a été convoqué à la Direction générale des recherches (DGR) de Franceville, le lundi 9 février 2015, pour « faux et usage de faux » dans la légalisation d’une attestation de réussite de baccalauréat 2009-2010. Indisponible, il a dépêché sa secrétaire particulière s’enquérir de la situation.

La particulière du secrétaire général de l’USTM a été nommément citée par un présumé détenteur de l’attestation du baccalauréat querellée et d’un relevé de notes, obtenus au centre de Lambaréné, lors de la session 2009-2010. Lesdits documents auraient été légalisés par le cabinet du secrétaire général de l’USTM.
A en croire Dynamique unitaire, les premiers éléments de l’enquête ont révélé, entre autres, que la signature de Yama a été scannée, le SG de l’USTM ne signe jamais les actes administratifs avec un stylo noir. Qu’à la date du 7 mai 2013, il était en mission à Libreville (la note d’intérim du 2 au 10 mai 2013 en fait foi). Que le cachet « Certifié et Conforme à l’original » apposé sur les documents du faussaire est différent de celui en vigueur depuis 2013 au secrétariat général de l’USTM.

En dépit de ces preuves accablantes, le SG et sa particulière ont quand même été présentés devant le procureur de la République, le vendredi 20 février 2015. Ils y sont restés de 9 heures à 19 heures.
Fort de la « présomption de culpabilité », le procureur de la République a décidé de placer la secrétaire sous mandat de dépôt. Son patron a échappé au même sort, dit-on, grâce à la présence massive des enseignants et chercheurs à la salle d’audience.
DERIVE STALINIENNE. L’affaire est loin d’être terminée. Même si le procureur a abandonné provisoirement les charges contre Jean Rémy Yama, il n’en demeure pas moins que l’arrestation de sa secrétaire est une manœuvre visant à porter atteinte à sa personne.
Une instrumentalisation de la justice qui a mis à nu, une fois encore, la dérive stalinienne des autorités établies, aux abois et incapables de fournir des réponses attendues par les travailleurs. Lesquels ne demandent qu’une amélioration de leurs conditions de vie et de travail. Notamment, l’effectivité de la promesse, de sa petite majesté, Ali Bongo Ondimba, d’augmenter les salaires dès janvier 2015.

Le directoire de Dynamique unitaire a pris à témoin l’opinion nationale et internationale face aux manigances rétrogrades des émergents. Non sans dénoncer l’absence d’un Etat de droit dans notre pays. Le système actuel bafoue impunément et à volonté les libertés fondamentales, au point de transformer le Gabon, après cinq ans de pouvoir, en un Etat policier, une sorte de « Corée du nord » tropicale.

 

Prince Villa