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Assassinat de Mboulou Beka/Cour d’appel 

Assassinat de Mboulou Beka/Cour d’appel 

Le procureur général se déclare incompétent

Le procureur général près la Cour d’appel de Libreville vient de répondre par écrit à la famille de Mboulou Beka sur leur volonté de voir Sidonie Flore Ouwé écartée de cette affaire. Pour ce haut magistrat, rien dans le Code de procédure pénale ne lui donne le droit de dessaisir le procureur ou ses adjoints.
Sauf que ce haut magistrat semble avoir volontairement ignoré un pan de la procédure. Il ne lui revenait pas de dessaisir le procureur, mais à la seule Cour d’appel, après avoir entendu les arguments de la famille et celles de la défense de Sidonie Flore Ouwé, dans le cadre d’une procédure contradictoire. La cour, en toute impartialité, a alors le loisir de trancher.

Le rôle du procureur général près la Cour d’appel de Libreville est de recevoir les requêtes des plaignants et de les défendre devant le tribunal au nom du ministère Public. Ce qu’elle aurait dû faire dans le cadre de cette procédure qui vise au dessaisissement de Sidonie Flore Ouwé. C’est-à-dire, soutenir les arguments de la défense et sa requête auprès du tribunal d’appel. Le procureur général, vu son rang dans la magistrature, ne pouvait ignorer cette mission. En agissant ainsi, comme l’avait si bien dit l’ancien directeur général de l’Ecole nationale de la magistrature samedi dernier, le procureur général a fait une « lecture du droit par le blocage ». C’est une logique qui commande à toutes les institutions du Gabon de n’avoir qu’un seul souci et un unique objectif : la défense contre vents et marrées du régime en place dont l’incarnation est Ali Bongo Ondimba.

Maître Paulette Oyane Ondo qui défend la famille dans cette procédure ne l’entend pas de cette oreille. Elle annonce des actions qui aboutiront inéluctablement au dessaisissement de Sidonie Flore Ouwé. Car, « il y a un lien de subordination évidente et dans les faits entre Madame Ouwé et Ali Bongo Ondimba, mis en cause dans cette procédure. Je ne veux que pour preuve ce SMS que Madame Ouwé, procureur dans une affaire, a envoyé à Ali Bongo Ondimba, personne mise en cause dans cette affaire, pour lui parler de la même affaire. Mais arrivé malencontreusement chez un prêtre.

C’est suffisant pour la dessaisir. Voire la traduire devant la justice pour violation du secret d’instruction… », a-t-elle indiqué à la rédaction. Il est clair que si l’on y rajoute la théâtrale autopsie réalisée en public, sous les ordres du procureur, la non ouverture de l’enquête par le même procureur, contrairement à ce qu’elle avait annoncé, il est pour le moins manifeste que ce procureur devient un obstacle à la manifestation de la vérité. Dans un tel cas, le Code de procédure pénale prévoit le dessaisissement de tout magistrat coupable de tels agissements dans une procédure.

Reste que, par sa volonté de tout faire pour occulter la vérité dans cette affaire, le pouvoir ne parvient qu’à un résultat aux antipodes de celui espéré. Ces hommes et femmes au sein de l’appareil judiciaire, chargés de mettre une telle stratégie en exécution, se sont avérés incapables de le faire jusqu’à présent. Chaque fait de procédure qu’ils posent s’étant toujours révélé in fine catastrophique. Montrant ainsi à la communauté internationale, qui a désormais les yeux rivés sur cette affaire, que le pouvoir fait preuve de mauvaise foi. Ce qui démontre plus que toute autre preuve, sa totale responsabilité dans l’assassinat de Mboulou Beka. (Affaire à suivre)

SYA

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