Dans l’indifférence et l’irresponsabilité des dirigeants
Le personnel de l’hôpital psychiatrique de Melen est en grève depuis près d’un an. Il revendique l’amélioration des conditions de vie et de travail. Notamment l’état de vétusté très avancée des bâtiments d’une structure vieille de plus de trente ans. Les conditions de sécurité du personnel soignant vis-à-vis de certains malades agressifs et la réfection de la barrière qui favorise aujourd’hui l’évasion de certains patients sont aussi mises sur le tapis.
Le dernier cas d’évasion a été enregistré il y a trois mois, avec la fuite de certains malades en provenance de Lambaréné, le chef-lieu du Moyen-Ogooué (centre du Gabon).
Dans un passé récent, un malade mental interné s’est retrouvé avec un couteau de cuisine dans sa touffe de cheveux et avait ainsi éventré un infirmier. La victime, grièvement blessée, avait été transportée d’urgence à l’hôpital des Instructions des armées du PK9 où, elle avait subi une intervention chirurgicale. C’est dire le climat de dangerosité dans lequel sont réduit à travailler le personnel de l’hôpital psychiatrique de Melen.
Mais on constate avec amertume que les dirigeants de cette structure sanitaire, du directeur général au surveillant général, voire la tutelle, jouent à l’autruche en restant quasi indifférents aux appels et cris d’alarme de leurs collaborateurs.
Une attitude qui a conduit les grévistes à passer à la vitesse supérieure, mercredi 18 février dernier, en barricadant l’entrée de l’hôpital et en y brûlant des pneus.
Ce mouvement de grève à occasionné la mort d’un malade mental, malgré le service minimum. La victime venait d’y être internée. Selon certaines indiscrétions, depuis son hospitalisation, il n’avait encore bénéficié d’aucun soin en raison de la grève.
Le corps du défunt qui gisait au sol dans l’une des salles d’hospitalisation, recouvert d’un drap blanc, a été enlevé trois jours après par des services compétents. Dès le déclenchement de la grève et l’annonce du décès du patient, le directeur général a précipitamment quitté les lieux, pour dégager sa responsabilité dans cette affaire.
Le surveillant général, bien informé de la situation et du décès du malade mental, a prétendu n’être informé de rien et ne savait pas ce qui se passait au sein de l’établissement sanitaire, tout en voulant rejeter la responsabilité sur les grévistes.
Voilà donc des responsables administratifs qui sont prompts à jouir des avantages que leur confèrent leurs fonctions et qui revendiquent l’ignorance quand il faut assumer justement ses responsabilités. Dans un Etat de droit, tous devraient être entendus par la justice dans le cadre d’une enquête pour homicide involontaire. Encore faut-il qu’il y ait un procureur qui s’en auto saisisse.
Achile Patrick DINDOUMOU