Dégradation de la note du Gabon
Régis Immongault a perdu la voix
Régis Immongault ne fait plus le job. Le ministre de l’économie, plus d’une semaine après l’avis négatif de Standard &Pour’s sur l’évolution de l’économie gabonaise est restée sans voix. Or, en matière économique le ministre le sait, le patron de ce département doit veiller à chaque instant, sur tous les avis qui sont émis sur le Gabon. Il s’agit pour lui d’apporter la riposte en confirmant ou infirmant certaines informations. Son job en réalité consiste à rassurer et à véhiculer un message positif sur l’économie du pays.
Son silence face à la dégradation de la note du Gabon va malheureusement renforcer l’idée des investisseurs potentiels qui pensent que le Gabon va très mal. Qu’il serait préférable pour eux d’attendre les jours meilleurs, avant de risquer leurs capitaux dans ce pays. On peut imaginer l’effet que peut avoir cette attitude.
Au moment où les recettes pétrolières vont baisser de 65% – la loi de finances rectificative 2015 ayant tablé sur un baril à 45 dollars au lieu de 100-, le Gabon aura le plus grand mal à boucler son budget sans avoir recours à l’emprunt extérieur. Déjà le journal « Jeune Afrique », annonce que ce pays cherchera à lever 135 milliards de FCFA auprès du marché financier de la communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (Cemac). Comment peut-il réussir à placer obligations et bons du trésor assimilables auprès des investisseurs, si le ministre de l’économie ne rassure pas au sujet du communiqué de Standard & Pour’s ? Surtout que les investisseurs ont besoin de savoir ce qui va se passer dans la durée. La photo produite par Standard &Pour’s est un fait. Mais les investisseurs veulent savoir comment le gouvernement entend y remédier. C’est ainsi que cela se passe dans tous pays du monde qui ont recours au marché pour se financer. Lorsque les prévisions de l’institut national de la statistique et des enquêtes économiques (Insee) en France tombent, le gouvernement s’empresse de réagir. Parce que, laisser le communiqué de l’Insee en l’état peut effrayer les investisseurs et donc rendre difficile l’accès de la France aux marchés financiers. Barak Obama aux Etats Unis en fait de même. Qu’il s’agisse des chiffres du chômage, de la croissance….
Le silence de Régis Immongault devient alors inexplicable. Pourtant l’homme n’a pas hésité en novembre 2014 à faire des commentaires élogieux, lorsque l’envoyée du Fonds monétaire international (Fmi) s’était rendue à Libreville pour le réconforter dans ses choix. Malgré le fait que tout indiquait que le Gabon va mal. Tout comme il n’a pas hésité aussi à prendre le contrecoup de l’agence de notation Fitch rating’s en novembre 2014. Alors que ces professionnels de la notation avaient prédit ce qui se confirme aujourd’hui. Régis Immongault avait eu le cran de contester cette réalité. Et c’était tout à fait dans son rôle. Mieux, le pouvoir sans doute sur son conseil, a recouru à l’agence de notation Moody’s rating, qui n’avait jamais intervenu au Gabon pour lui venir en aide. Moody’s a publié un communiqué qui contredisait Fitch. Régis Immongault a sauté dessus pour le commenter. Là également il était dans son rôle. Pourquoi se mure-t-il dans un silence abasourdissant actuellement ? A-t-il fini de faire le job ou attend-il que ses amis de Moody’s lui reproduisent un autre communiqué élogieux ? Sans doute. Sauf que là, au risque de perdre sa crédibilité et la confiance de ses clients, l’agence Moody’s rating ne peut que confirmer cette fois le diagnostic de Fitch rating.