
Ali et Pascaline Bongo Ondimba de nouveau mis en cause par la justice française
Compte offshore découvert à Monaco, factures impayées pour plusieurs centaines de millions dues à une entreprise française… Ali Bongo Ondimba est plus que jamais pris en tenaille par la justice en France.

Ali Bongo Ondimba et sa sœur Pascaline Bongo Ondimba sont soupçonnés par la justice de la principauté de Monaco du délit « de blanchiment et de détournement de fonds publics ». Cela veut dire pour les non-initiés qu’Ali Bongo Ondimba et sa sœur se livraient au blanchiment d’une importante cagnotte détournée par leur père Omar Bongo Ondimba de son vivant. C’est le journal en ligne Médiapart qui a révélé cette information. Pour l’heure, la présidence de la République n’a pas encore réagi. Le volubile Alain-Claude Bilié by Nzé semble avoir perdu la voix depuis sa dernière sortie rocambolesque. Peut-être est-il occupé par la rédaction d’une plainte contre Médiapart. Il va sans dire que dans son esprit, il s’agit là d’un exemple de diffamation.
Sauf que là les faits sont établis. Selon le confrère, c’est le 3 novembre 2014 que le parquet financier de Monaco a demandé l’élargissement de l’enquête sur les biens mal acquis par la Famille Bongo « de fait de blanchiment de détournement de fonds publics susceptibles d’avoir été commis dans le cadre du règlement de la succession de M. Omar Bongo ». Derrière ce jargon judiciaire il faut comprendre que la justice de Monaco a trouvé 3 comptes bancaires dits offshore – appartenant à un non résident à Monaco-, aux noms exotiques de « Sphynx », logé à la banque Martin Morel ; « Plexus », à la banque Martin Morel Sella et un troisième à la BNP de Monaco.
Ces comptes affichaient au moment du décès d’Omar Bongo Ondimba un solde de 23 milliards de FCFA. Cet argent a failli être comptabilisé dans l’héritage d’Omar Bongo Ondimba. Or, la justice soupçonne que cet argent est le produit d’un détournement de fonds publics du Gabon parce qu’il ne correspond pas au niveau d’épargne qu’aurait pu se constituer Omar Bongo Ondimba, au regard des émoluments que reçoit officiellement un chef d’Etat gabonais. Cette tentative de faire apparaitre cette somme comme de l’argent régulier amassé légalement de son vivant par Omar Bongo Ondimba constitue à elle seule, la preuve du blanchiment. Dès lors, les légataires universels de la famille que sont Ali Bongo Ondimba et Pascaline Mferri Bongo Ondimba devront s’expliquer sur cette entorse à la loi monégasque.
Cette nouvelle affaire tombe au plus mal pour l’économie gabonaise. Surtout que l’un de ses principaux banquiers y est mêlé. Henry-Claude Oyima apparait, en effet, aux côtés de Pascaline Bongo Ondimba comme l’un des mandataires des comptes offshores cités plus haut. Il est clair que cela peut conduire à des sanctions contre ce banquier. La plus extrême étant l’interdiction d’exercer si les faits sont établis. Dans certains milieux financiers du Gabon, nombreux sont ceux qui pensent que la démission récente de la directrice générale de la BGFI Bank, Patricia Danielle Manon, n’est pas étrangère à ce climat de panique. Dans un tel contexte, la répercussion sur le système bancaire gabonais serait immédiate.
Le groupe BGFI y étant un acteur de poids. La condamnation de fait de blanchiment de son manager pourrait créer une onde de choc dont seules les banques les plus robustes peuvent s’en sortir. Ce qui veut dire que l’économie réelle qui souffre du manque de financement verra encore le concours bancaire s’amoindrir.
Sur un plan plus global, l’implication du chef de l’Etat gabonais dans un processus de blanchiment de fonds n’est pas la meilleure façon d’attirer les capitaux dans ce pays. Toutes les entreprises honnêtes refuseront de s’impliquer dans un pays où les règles de bonne gouvernance sont ainsi bafouées au sommet. Au-delà de cette pratique mafieuse, si elle s’avère, Pascaline Mferri Bongo Ondimba et Ali Bongo Ondimba viendraient, par là, apporter la preuve qu’ils font, l’un et l’autre, une confusion totale entre leurs revenus et ceux de l’Etat.
Selon de nombreuses sources, Ali Bongo Ondimba aurait planqué au Maroc ses voitures de luxes. Alors que leur achat avait été financé par le contribuable gabonais au début de son mandat pour près de 10 millions d’euros, soit 65 milliards de FCFA. Les factures y relatives que votre journal avait publiées avant la chaine de télévision France 24, signées de Maixent Accrombessi attestent que ces biens sont bien la propriété de l’Etat. Quant à sa sœur, elle serait poursuivie présentement en France par une entreprise qui lui réclame près de 300 millions de FCFA. Mferri Bongo Ondimba Pascaline se faisait livrer des fleurs, du gazon et des crèmes glacées (…) par l’entreprise Blue Mendel. La facture parvenait pour règlement à l’intendance de la présidence de la République.
Ce soupçon de blanchiment, conjugué à la confusion entre les ressources de l’Etat et celles de la famille Bongo, seront des détonateurs qui vont impacter de façon certaine de l’économie gabonaise en 2015.
Par Jean Michel Sylvain