Grève générale illimitée
La paralysie perdure dans l’administration publique
Cela fait deux semaines que Dynamique unitaire a lancé le mouvement de grève générale illimitée. Deux semaines que l’administration publique est complètement paralysée ; que le gouvernement se complait dans un mutisme assourdissant ; que les agents de l’Etat observent des piquets de grève dans leurs administrations respectives. C’est cela désormais le quotidien des Gabonais, travailleurs et usagers de l’administration publique.
Lundi dernier, c’est aux sons des tam-tams que les agents du ministère de l’Agriculture ont manifesté leur mécontentement. Aucun travailleur ne pouvait vaquer à ses occupations, même les plus téméraires ont fini par vider les lieux. Deux jours après, ceux des Travaux publics ont pris le relais, avec un piquet de grève organisé sur les parvis de leur bâtiment principal. Et jeudi, le tour est revenu à ceux des Mines et des Hydrocarbures.
Jusqu’à quand ce blocage va-t-il perdurer? Comment justifier l’immobilisme du gouvernement face à cette paralysie générale? Pour les membres de Dynamique unitaire, « Tant que le gouvernement se comportera en irresponsable, nous aussi nous ne lâcherons rien. Aujourd`hui, le mouvement prend plus d’ampleur et les campagnes de sensibilisation sur le bien-fondé de ce débrayage commencent cette semaine. Nous serons en grève jusqu’à satisfaction de nos droits.» La situation s’enlise et ce n’est pas avec des manœuvres d’intimidation que les choses vont avancer. En effet, le modérateur de ce mouvement syndical, Jean-Rémy Yama s’est vu interpellé et entendu par la Direction générale des recherches (DGR), ainsi que sa secrétaire particulière, à Franceville. Ces méthodes bien connues de tous ne font plus peur. Lorsque les étudiants réclament les meilleures conditions de vie et d’apprentissage, leurs leaders se retrouvent en prison sur ordre du procureur de la République, Sidonie Flore Ouwé, quand d’autres sont torturés dans les geôles de la Direction générale de la contre-ingérence et de sécurité militaire (B2). Ainsi fonctionne le Gabon sous Ali Bongo Ondimba, l’homme du dialogue.
« Ce que l’on attend du gouvernement c’est de poser des actes responsables qui puissent contenter les grévistes afin qu’une accalmie revienne au sein de la machine administrative. L’arrestation de M. Yama est un acte honteux, une manière pour le gouvernement de nous intimider, mais ce geste est comparable a de l’huile sur le feu. Le mouvement va davantage se durcir. », a tempêté un enseignant d’université.
Aucun secteur n’est épargné. Le privé est aussi entré dans la danse. L’intérieur du pays vit la même situation. De Port-Gentil à Oyem, le mouvement est bien suivi. Cette crise touche plus particulièrement le secteur de l’enseignement. Le deuxième trimestre tend vers sa fin et les élèves n’ont pas pu faire cours. L’Université Omar Bongo est fermée. Où l’insensibilité et l’amateurisme des dirigeants vont-elle conduire le pays ? Telle est la grande inquiétude.
Sophie Beuve Mery