Jean Ping mobilise la diaspora gabonaise d’Europe
L’opposant Jean Ping était face à la diaspora gabonaise d’Europe, samedi dernier, dans un hôtel de Paris. Pendant quatre heures d’horloge, l’ancien président de la Commission de l’Union africaine (UA) a mobilisé ses compatriotes pour le changement tant attendu au Gabon.
Il a mis à profit cette entrevue pour dresser un tableau sombre de la situation du pays, marquée, entre autres, par la traque des opposants et des journalistes, les crimes rituels et les règlements de comptes par voie judiciaire. L’ancien ministre des Affaires étrangères d’Omar Bongo Ondimba a dénoncé de nombreuses tentatives d’assassinats de certains membres du Front uni, dont lui-même.
Jean Ping a appelé ses compatriotes à s’approprier la lutte pour la libération du Gabon à travers des voies légales et un combat qui présenterait moins de risques pour leurs fragiles vies. Il a fustigé l’usage de la force disproportionnée par le pouvoir d’Ali Bongo Ondimba. «Le 20 décembre 2014, les mercenaires ont tué l’étudiant Mboulou Beka pour que les Gabonais prennent peur et ne manifestent plus dans la rue », a-t-il relevé, avançant que le pouvoir a intégré des miliciens dans les forces de sécurité et de défense pour une sale besogne.
Les membres de la diaspora gabonaise qui se sont déplacés massivement ont eu toute la latitude de poser les questions qui les turlupinaient au sujet de la situation du pays. Jean Ping, parfois avec un brin d’humour, a apaisé les inquiétudes des uns et des autres, les rassurant sur la détermination de l’opposition radicale à changer le cours de choses au Gabon. « Nous n’avançons peut-être pas au rythme que vous souhaitez, mais nous avançons (…) En réhabilitant l’Union nationale, le pouvoir a cru diviser le Front uni, mais il n’en est rien », a-t-il rassuré.
L’ex-ministre – qui était assisté de son compagnon politique Mike Jocktane – a annoncé l’entrée imminente de son ancien collègue René Ndemezo’o Obiang dans le grand bloc de l’opposition gabonaise. « Le pouvoir cherche à coopter certains membres du Front uni pour leur confier des postes de responsabilité. S’il prend une personne dans nos rangs, nous en prendrons plusieurs dans les siens. M. Ndemezo’o Obiang va bientôt faire sa sortie pour nous rejoindre dans le Front. D’autres le suivront également », a annoncé l’opposant, visiblement confiant. Il a tenu à démentir les rumeurs sur d’éventuelles querelles de clocher au sein de l’opposition. « Nous sommes un bloc soudé. Il n’y a pas de guerre de leadership chez nous. Chaque membre respecte la charte signée avant l’adhésion. Le choix du candidat à la prochaine élection présidentielle fera l’objet soit des primaires ou d’un consensus », a déclaré Jean Ping, assurant que chaque membre du Front uni s’inclinera devant le choix de la majorité.
Jonas Moulenda