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La jeunesse gabonaise déterminée à mener la révolution

La jeunesse gabonaise déterminée à mener la révolution

Protestations, arrestations et grèves se poursuivent au Gabon, signes que la dynamique contestataire ne s’y est pas éteinte. Dans un contexte où le pouvoir autocratique d’Ali Bongo vacille, on peut s’interroger sur sa capacité à résister longtemps à la bourrasque qui souffle sur le pays

 

L’évolution de la situation au Gabon au cours des deux derniers mois montre que les dynamiques contestataires ont pour objectif de destituer un pouvoir autocratique et anticonstitutionnel, pour installer un pouvoir démocratique.
Les mouvements observés ces derniers temps à Libreville et à Port-Gentil expriment également un dysfonctionnement global et profond, en étant en mesure de s’unir autour d’une perception commune de l’objet de la contestation et du projet de société corollaire.
De G à D Jean Ndouanis, Sylvain Ndong, Arlette Ba Van Kotsen, Arlette Skassa

 

Devant le black-out des médias officiels sur les appels répétés des jeunes en faveur de la révolution, les réseaux sociaux, à savoir Facebook et Twitter, constituent le trait d’union entre les acteurs et partisans du changement au Gabon. Ils relaient régulièrement les actions menées sur le terrain et dénoncent les abus des autorités. « Ali doit partir. Nous ne pouvons plus attendre 2016. Il faut qu’on abrège la souffrance du peuple gabonais », estime une jeune activiste.
Les jeunes sont de plus en plus nombreux à rester désormais stoïques à la vue les blindés des forces de sécurité fonçant dans la foule vers les lieux de rassemblement, lancent bombes lacrymogènes et tirent à balles réelles. Ils ne sont ébranlés ni par les échauffourées qui, aux mêmes endroits, les opposent à la police et aux contre-manifestants pro-pouvoir, ni par ni les cordons de sécurité établis par les forces de sécurité.

PRESSIONS HETEROGENES. La révolution semble donc en marche au Gabon. Après le premier test, l’heure est à un véritable brainstorming dans les états-majors politiques et dans les QG des activistes. D’un côté, il y a les jeunes déçus par les promesses non tenues du pouvoir, qui espère que la révolution améliorera sensiblement leur situation. Mais il y a aussi les jeunes militants des partis de l’opposition, nourris au discours du changement.
Malgré leurs divergences de vues, ils s’accordent sur des revendications générales, sans pour autant avoir la même perception de la manière de faire la révolution. Certains sont pour la violence révolutionnaire, d’autres la refusent. Certains descendent dans la rue, d’autres s’abstiennent. Certains placent les élections au cœur d’un processus politique que le processus révolutionnaire viendrait appuyer. D’autres, au contraire, soutiennent que le processus politique bloque le processus révolutionnaire.
Malgré cette disparité, il est évident aujourd’hui que beaucoup d’entre eux se trouvent engagés sur la même voie : celle de la contestation de l’ordre établi en 2009 par les apparatchiks. La diaspora gabonaise en Occident n’est pas en reste.

Sous la houlette de Jean Ndouanis, Gill Agbla Nidjeti, Arlette Bâ, Sylvain Ndong, Ambroisine Igouanga, Bernis Mboumbou Simey, cette diaspora a engagé un véritable brainstorming samedi dernier à la faveur d’une conférence sur la situation du Gabon organisée à Annemasse, une ville située à la frontière entre la Suisse et la France.
Sa réflexion vise à dégager de nouveaux objectifs, à renouveler les outils susceptibles d’élargir le répertoire et le champ d’action politique. Il se pose alors la question fondamentale et cruciale : comment s’organiser ? Cette génération de lutteurs, qui s’est constituée à partir des limites du pouvoir actuel, porte le lourd héritage de quarante ans de politique extravertie du régime PDG.

Plusieurs pistes émergent : fédérer l’action autour de thèmes et d’objectifs précis sur un modèle qui serait libertaire ; se structurer autour de courants idéologiques à renouveler ; créer des collectifs de pression hétérogènes susceptibles de provoquer des crises qui mettraient à mal le régime en place. Du chambardement en perspective.

Jonas MOULENDA

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