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La liberté de la presse au Gabon

La liberté de la presse au Gabon

La liberté de la presse au Gabon selon Reporters sans frontières

 

Liberté de la presse au Gabon
Jeudi dernier a été rendu public le rapport annuel de la liberté de la presse 2015 dans le monde. Un rapport établi par l’Ong Reporters sans Frontières (RSF). Le Gabon est à la 95ème place sur 180 pays évalués et gagne ainsi trois places, un record pour un pays qui persécute ses journalistes.

Le Gabon gagne trois places dans l’édition 2015 du rapport de Reporters sans frontières, contrairement à 2014 où il occupait la 98ème place. Cette progression de trois places soutient, selon reporters sans frontières, le processus d’amélioration progressive entamé depuis 2010 et lui vaut un gain de 31,38 points.
Impossible. Quand on sait qu’actuellement au Gabon les animateurs de la presse sont systématiquement la cible des “hommes du pouvoir” et de toutes espèces d’injustices. Dire que le Gabon réalise le meilleur classement dans la zone de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac), comme l’affirme Reporters sans frontières, c’est la corde qui se moque du pendu, la vie des médias au Gabon.

Depuis l’avènement au pouvoir d’Ali Bongo, jamais la liberté de la presse au Gabon n’a connu pareil recul: des journalistes emprisonnés ou exilés, des journaux et des télévisions suspendus ou encore piratés. Doit-on mentionner le directeur de publication d’Echos du Nord, Désiré Emane et son directeur de rédaction le journaliste Jonas Moulenda, persécutés par les sbires d’Ali Bongo, qui ont du s’exiler en France depuis plusieurs mois déjà. Actuellement, la violence contre les hommes de médias a atteint son paroxysme. Pour preuve, Francis Edou Eyéné avait jeté en prison lors de la manifestation interdite de l’opposition le 20 décembre. Récemment, mercredi dernier, le syndiqué Jules Moulenghi, de Gabon télévision a été molesté, roué de coups et arrêté par les gendarmes qui ont investi les locaux de la maison de presse. Il a été séquestré au poste de gendarmerie pendant une heure puis conduit au camp Roux…

Et comme si ça ne suffisait pas, l’ancien activiste des années 1990 de l’Université Omar Bongo, Bilié-Bi-Nzé, qui a oublié son passé au sein des medias, passé d’ailleurs qui n’est pas des plus élogieux, lance la menace de trop lors de sa dernière conférence de presse: << La première institution du pays ne peut pas, chaque jour, dans la presse écrite ou en ligne, faire l’objet d’attaques diffamatoires et infamantes, en toute impunité. Ceci doit s’arrêter>>.Par cette intimidation, faut-il comprendre que la seule vie privée qui compte et qui se doit d’être respectée est celle d’Ali Bongo et de ses collaborateurs? Alors que la déclarationdes Droits de l’Homme dans son articles Ier stipule que <<Tous les Hommes naissent libres et égaux en dignité et en droits…>>. Donc toutes les vies privées sont égales. Ce qui montre qu’Ali Bongo est plus préoccupé par les critiques de sa petite personne, que par les conditions de vie désastreuses des gabonais.
Le Porte Parole est venu annoncer à l’opinion que de lourdes sanctions pèsent désormais sur tous ceux qui n’empruntent pas “le train de l’émergence”. Encore que les sanctions doivent être prévues par le Code de la Communication, code qui a été jugé désuet par RSF.

Même si le Gabon ne mérite pas la dernière place en matière de libertés de la presse, lui attribuer la 95ème place sur 180 ne reflète pas la réalité. Aujourd’hui dans la sphère médiatique gabonaise il y a désormais deux options : soit on s’est expose aux foudres de la justice étatique en dénonçant l‘amateurismeet l’insouciance à la tête de l’Etat, soit on roule pour l’émergence en fermant les yeux sur la gabegie et les injustices. C’est ça la liberté de la presse pour l’émergence au Gabon.

Déborah Starck

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