LETTRE A…

Jonas MOULENDA

Monsieur,

Je vous écris à la suite des inepties débitées vendredi dernier par le perroquet qui vous sert de porte-parole. Comme à son habitude, il s’est illustré par des incartades qui donnent du grain à moudre aux pourfendeurs de vos collaborateurs. J’ai compris qu’il ne s’amendera jamais.« Le chien ne change pas sa manière de s’asseoir », disait mon grand-père.

Tout est gargantuesque chez cet homme décrit comme un petit lapin à la recherche de la carotte. Il a même eu le plaisir prométhéen de jouer avec les humeurs des journalistes, en insinuant que j’ai crié à la persécution parce que je cherchais à obtenir des papiers pour venir vivre en France. Avec lui comme porte-parole, l’institution que vous incarnez flambe de bassesses, de vilenies et de dépit. Il est l’archétype de vos collaborateurs qui tirent le pays par le bas, et non par le haut. Si je devais me permettre un conseil, je vous demanderais de vous méfiez de ce dangereux traître. Mon aïeul disait : «Ne te fais pas lécher par ce qui peut t’avaler. »

Avec un personnage aussi sulfureux que lui, notre pays ne peut que tomber de Charybde en Scylla. Si vous voulez vous réconciliez avec vos concitoyens avec lesquels vous êtes en rupture de ban depuis un moment, vous devez vous débarrasser de ces oripeaux qui vous apportent plus de problèmes que des solutions. Rendez-vous à l’évidence avant qu’il ne soit trop tard. Je me souviens d’ailleurs de cette sagesse de mon grand-père, qui disait : « Le palétuvier sauvage danse mal à cause de ses tentacules. »

Dans sa logorrhée digne d’une bouillie pour chats, votre fameux conseiller a menacé de poursuites judiciaires tous ceux qui oseront encore vous attaquer. Quel genre de pays voulez-vous bâtir ? Celui qui ne serait peuplé que de béni-oui-oui ? Vous n’y parviendrez pas ! Le Gabon a toujours été un pays de la liberté d’expression, qui est un droit inaliénable. Si vous ne supportez plus les critiques, démissionnez du poste qui vous y expose. « Si la boue te fait grossir les pieds, ne traverse pas le feu », me conseillait mon papy.
Personnellement, je n’ai pas été étonné de la réaction péremptoire de votre porte-parole. Il a fait du mensonge et du giottisme son agenda existentiel et indécrottable. Il est incapable de démontrer ses allégations en dehors de ses mots qui ne sont pas du pain bénit. S’il n’a rien à dire, demandez-lui d’avoir l’élégance de se taire. Car il se comporte comme un homme atteint de troubles de la personnalité. Il aurait fait l’économie de telles sottises, qui ont amusé les Gabonais. Mon aïeul me faisait d’ailleurs remarquer que « quand les chats se mettent à prédire, les souris se mettent à rire ».

Je ne sais pas si c’est vous qui l’avez inspiré. Croire que tous les journalistes doivent regarder dans la direction qu’indique son doigt sale témoigne de son ignorance du fonctionnement de la presse et prouve à suffisance qu’il a été formaté dans le moule de l’embrigadement. Ne confondez pas la presse du palais, qui vous obéit au doigt et à l’œil, à nos organes de presse indépendants, qui se sont construits à force de travail. Nous n’avons pas faim pour faire des dithyrambes à la place du journalisme. « Le mouton qui bêle n’a pas soif », m’expliquait d’ailleurs mon grand-père, grand éleveur de son époque.

Si votre conseiller n’était pas distrait par des friandises, il se serait imprégné du fonctionnement d’un organe de presse lorsqu’il était au journal « Le Bûcheron ». Malheureusement, il n’y était mû que par des appétits pécuniaires boulimiques. C’est d’ailleurs ce qui lui a valu le limogeage. Vous ne devez pas compter sur un communicant de son acabit. Il n’a rien retenu des fondamentaux de la communication et du journalisme, malgré son bref séjour dans une rédaction. Je donne finalement raison à mon aïeul, qui disait : « Tous les oiseaux qui partent picorer ne reviennent pas avec le même poids. »

Si votre volubile conseiller ne souffrait pas de constipation intellectuelle, il comprendrait, sans passer de concours, qu’avec les nouvelles technologies de l’information et de la communication, le journaliste peut travailler pour son organe de presse depuis n’importe quel autre point de la planète. Cela n’est interdit dans aucun pays au monde. Alors, j’intercède pour lui auprès de vous : donnez-lui un peu d’argent pour qu’il vienne prendre des cours accélérés ici. « L’intelligence est un fruit qui se ramasse chez le voisin », aimait à dire mon papy.

Jonas MOULENDA