
Une ville mal urbanisée, une politique d’assainissement inexistante, l’accent est plutôt mis sur des opérations de com. Malgré le Plan très stratégique Gabon émergent (PSGE), sa petite majesté Ali Bongo et ses affidés viennent d’encaisser une nouvelle gifle, après la grande pluie de jeudi dernier. Alors qu’ils avaient fait le tour des zones dites bassins versants en grande pompe avec l’équipe municipale, ces dernières ont été encore le théâtre d’inondations.
Mais les désagréments ont aussi été enregistrés dans les quartiers huppés. La problématique des bassins versants, pour l’assainissement des zones sous-intégrées, reste un projet virtuel, comme bien d’autres. Pourtant, ce projet est au cœur d’un programme d’aménagement initié et géré par le ministère des Infrastructures. Le rapport d’études de l’Unité de coordination de l’étude et des travaux (Ucet) résume les principaux facteurs connus qui posent problème (occupation anarchique, insuffisance et inefficacité des infrastructures de drainage des eaux fluviales et incivisme).
Depuis 2003, il existe un programme d’assainissement prioritaire de la ville de Libreville (April) pour l’aménagement de huit bassins sur les 22 que compte notre capitale. Bien que l’incivisme des populations et les occupations anarchiques soient aussi des facteurs d’inondation, le principal reste les remontées des eaux, l’insuffisance et l’inefficacité des infrastructures de drainage qui ont du mal à évacuer le trop-plein lors des grandes pluies. Conséquences, sans doute, des calculs mal faits au moment de la conception et de la mise en place d’ouvrages adaptés en fonction de la quantité d’eau qui s’écoule en un temps T.
Cela a été constaté dans toute la ville, y compris la nouvelle commune d’Akanda et La Sablière. Plusieurs habitations construites dans les zones à risques et humides étaient complètement englouties par des eaux. Et les mêmes scènes de désolation étaient enregistrées dans tous les arrondissements. Au niveau du pont de Nzeng-Ayong, par exemple, les travaux confiés à l’entreprise Socoba par l’Agence nationale des grands travaux (ANGT), sous le contrôle du « très sérieux » cabinet d’études Bechtel, ne remplissent pas les critères de validation des ouvrages hydrauliques à alvéoles mineurs censés évacuer les eaux.
La mairie centrale de Libreville pourrait lancer dès maintenant, sous la supervision des mairies d’arrondissement et avec la direction technique municipale, des initiatives permanentes d’entretien des abords de ces exutoires finaux (dalots, buses, ponts), c’est-à-dire en amont et en aval de ces ouvrages. Cela apportera sûrement un soulagement, un tant soit peu, à ces populations qui ne savent plus à quel saint se vouer. Les pluies à venir, de plus grande intensité, risquent de causer la même désolation.
Ledivin