
La Commission nationale tancée par le FMI
Une mission du Fonds monétaire international a séjourné au Gabon début janvier. A cette occasion, elle s’est ouvertement interrogée sur le peu d’efficacité de la Commission nationale de lutte contre l’enrichissement illicite.
Les experts du FMI et de la Banque mondiale n’ont pas dissimulé leur colère face aux membres de la Commission nationale de lutte contre l’enrichissement illicite (Cnlcei). En mission d’évaluation du fonctionnement de cette institution le 20 janvier dernier. Ils n’ont pas compris pourquoi cette commission brille par une inefficacité aussi criarde alors que le terrain requiert urgemment leur action. Pour en savoir un peu plus, elle s’est invitée chez le président de cette structure, le magistrat hors catégorie Dieudonné Odounga Awassi.
Cette rencontre ne serait pas passée totalement sans anicroche comme le laisse croire le compte rendu publié par la Commission sur sa page Facebook. Les experts venus de Washington ont tout d’abord demandé au président de la Cnlcei de leur indiquer le nombre de personnes qui ont été arrêtées ou simplement entendues par le tribunal de Libreville pour les faits d’enrichissement illicite.
Malgré un enrichissement vertigineux et insolent de plusieurs émergents en l’espace de quatre ans, les dossiers des intéressés dorment sagement dans les bureaux des commissaires. Ils n’ont jamais franchi le seuil d’un tribunal quelconque. Les experts du FMI et de la Banque mondiale savaient pourtant que le prédécesseur de Odounga Awassi avait déjà bouclé plusieurs enquêtes. Il ne restait plus qu’au nouvel arrivant de les transmettre au parquet. Pourquoi ne l’a-t-il pas fait ? L’homme est resté muet.
Les experts se sont, par la suite, étonnés que le Gabon soit le seul pays qui n’ait pas célébré la Journée internationale de lutte contre la corruption, le 9 décembre dernier. Le président n’a pas pu donner une explication à ce constat. Tout comme quelques jours plutôt, un reporter de la rédaction qui avait posé la même question au conseiller en communication de l’institution était resté sans réponse. Sauf que dans le cas de la mission conjointe FMI/Banque mondiale, une telle attitude signifie que le pays ne fait pas de ce fléau une priorité. Ce qui pourrait amener les bailleurs de fonds internationaux à déconseiller les investisseurs à venir en masse au Gabon.
Par ailleurs, le président Odounga Awassi a eu le plus grand mal à expliquer à ses hôtes pourquoi les primes versées aux agents de l’institution ne sont plus payées. Cela voudrait-il dire que les agents affectés à traquer les criminels économiques se retrouvent à la merci des intéressés qui pourraient facilement acheter leur conscience ? Dieudonné Odounga Awassi, qui a placé l’année 2015 sous le sceau « des résultats », pour dit-il « … rehausser les indices de perception de la corruption au niveau du Gabon et attirer les investissements étrangers », a visiblement encore beaucoup d’efforts à faire pour convaincre. Il faut peut-être pour cela que ses activités privées dans l’immobilier lui en laisse le temps. (Affaire à suivre)