Députés et sénateurs doivent dire NON

Ali Bongo Ondimba vient de charger son « majordome » Guy Nzouba Ndama de présenter une proposition loi sur la xénophobie et le tribalisme. Une incongruité, au moment où le peuple gabonais a d’autres préoccupations. Une loi qui vise un seul objectif : mettre sa légion étrangère à l’abri de la critique. Sans doute aussi, lui-même, en raison du doute sur ses propres origines. Le livre de Pierre Péan, « Nouvelles Affaires africaines. Mensonges et pillages du Gabon », d’une part, et les faux documents publiés par Ali Bongo Ondimba pour sa défense, comme lui-même l’a reconnu au micro de Radio France Internationale, d’autre part, ont fini de lever la moindre équivoque sur cette question.
Les parlementaires gabonais doivent savoir qu’une loi doit avoir un caractère général. La proposition de loi de Guy Nzouba Ndama ne répond pas à ce critère. Elle vise uniquement à protéger un petit groupe d’individus. Elle est redondante dans la mesure où la Constitution et tout l’arsenal du Code pénal du Gabon protègent déjà tous les Gabonais contre la xénophobie et le tribalisme. Pourquoi des Gabonais d’adoption voudraient-ils, en sus de la protection garantie à tous les Gabonais, une loi taillée sur leurs mesures propres ? Cela est inadmissible au nom même de l’égalité de tous devant la loi. Ce qui doit conduire le Parlement à envoyer le factotum Guy Nzouba Ndama et ses commanditaires du palais sur les roses. Ne pas la voter devient alors un devoir patriotique. Les parlementaires ont des arguments pour cela. Ils n’ont rien à craindre d’un pouvoir crépusculaire. Ils doivent au contraire se positionner comme une alternative. En cas de vote négatif, Ali Bongo Ondimba ne prendra jamais le risque de dissoudre l’Assemblée nationale à un an d’une échéance présidentielle incertaine pour lui. Il n’a tout simplement plus aucune légitimité dans l’opinion pour le faire. Le désastre de ses faux actes de naissance est passé par là.
Les députés, en revanche, gagneraient plutôt à enfin montrer aux populations qu’ils existent et sont là pour les protéger, eux aussi. Ainsi ils redonneraient des couleurs à une institution qui est perçue dans l’opinion comme un regroupement de vassaux de l’exécutif. Surtout depuis l’avènement des émergents.
Ali Bongo Ondimba, qui est en réalité à l’origine de ses manigances, aurait tout intérêt à garder profil bas jusqu’à sa sortie définitive désormais imminente. Poursuivre dans l’arrogance et la provocation, comme il le fait avec la présentation de cette proposition de loi fait courir au Gabon des risques imprévisibles. Dans ce cas, il doit savoir qu’il ne s’en sortirait pas à si bon compte. Même refugié au Maroc, où se trouverait actuellement sa collection de voitures de luxe, la communauté saurait le débusquer. Son ami le roi Mohamed VI ne s’encombrera pas de scrupules pour faire le choix entre lui et les exigences de la communauté internationale de le livrer à la Cour pénale internationale. L’errance actuelle de Blaise Compaoré doit lui servir de sujet de méditation.