Séquestration de l’avion présidentiel gabonais au Bénin en 2011

Accrombessi

L’étrange démenti du journaliste trois ans après

 

Accrombessi

Le journaliste béninois Takou Aboubacar, auteur de l’article sur l’affaire de l’avion présidentiel qui avait été retenu dans un aéroport du Bénin avec comme passager Maixent Accrombessi, vient de revenir sur ses écrits. Les émergents ont envahi les ondes pour annoncer la nouvelle. Un nouveau venu dans cette scène, Junior Ndong Ndong, président d’une obscure organisation non gouvernementale dénommée « Tous Gabonais », y est allé avec virulence. Promettant la potence aux journaux « Echos du Nord », « Ezombolo », « L’Aube », « La Loupe » et la « Une », si d’aventure ils ne répercutaient pas l’information.

Junior Ndong Ndong, président de l’organisation non gouvernementale (ONG) « Tous gabonais », menace la presse de potence. Au motif que celle-ci n’a pas encore trouvé le temps d’annoncer le revirement spectaculaire, trois ans après, du journaliste béninois Takou Aboubacar, auteur de plusieurs articles entre le 14 et le 16 novembre 2011,sur les déboires de l’avion présidentiel gabonais au Bénin, avec à son bord Maixent Accrombessi, le régent de la République. Le jeune homme, qui cherche sans doute à se faire une place au soleil et qui fait feu de tout bois en ce moment, a tenu à réunir la presse du palais pour lui dire cette « bonne nouvelle ». C’était jeudi dernier dans un hôtel à Libreville.
L’homme, selon une source présente, aurait averti les journalistes qu’il n’hésiterait pas à les traîner en justice pour xénophobie et racisme, si d’aventure ils remettaient sur le tapis la question des origines des membres de la légion étrangère qui encercle Ali Bongo Ondimba, une fois la loi sur la xénophobie en discussion au palais Léon Mba votée. On ne peut que lui souhaiter bon vent dans cette opération à haut risque.

En revanche, pour ce qui est du démenti qui intervient trois ans après les faits, plusieurs questions troublantes heurtent la déontologie aux yeux d’« Echos du Nord », au point que votre journal n’a pas jugé utile d’en parler. Comment peut-on prendre au sérieux, comme le pense Junior Ndong Ndong, un démenti sur un supposé délit de presse qui intervient trois ans après ? Si le confrère Takou Aboubacar était au Gabon, on penserait qu’il fait par-là un appel du pied au pouvoir, en reconnaissant, au-delà de la date de prescription des faits, s’être trompé. C’est comme s’il avait attendu en vain Accrombessi pendant toute la durée légale où il pouvait encore l’attaquer au tribunal de Cotonou. Las, trois ans et deux mois plus tard, l’homme se rappelle au bon souvenir d’Accrombessi, cette fois-ci en présentant ses excuses.
Ce type d’excuses laisse pantois et supposer qu’on ne serait pas loin d’une autre manipulation. Surtout qu’au Gabon, on n’est plus à une manipulation grotesque près. Y compris orchestrée par le chef de l’Etat lui-même.

D’ailleurs, lorsqu’on parcourt l’intégralité du communiqué de repentance du confrère publié par le site Internet Senenews, on ne peut que rester circonspect. Le commissaire de l’air et des frontières béninois à l’époque des faits, Nazaire Hounonkpè, relevé de ses fonctions le 15 novembre 2011 par le président BoniYayi, vient d’être bombardé directeur général adjoint de la police nationale béninoise depuis le 11 avril 2013. Pour un haut fonctionnaire qui a failli causer un incident grave entre le Gabon et son pays le Bénin, ce n’est sans doute pas par une promotion qu’on lui fait payer une telle faute. Cette promotion indique clairement que le président Boni Yayi, qui l’a nommé en Conseil des ministres à cette haute fonction, était convaincu que l’officier de police n’a fait que son travail. Il fallait le mettre au vert, quelques mois, pour calmer l’ire d’Accrombessi, humilié dans son pays d’origine. Avant que la nation béninoise ne se montre très généreuse, en réhabilitant au sommet le « fautif ». Tant que ce mystère ne sera pas élucidé et tant que le confrère continuera à se poser la question existentialiste sur cette affaire comme il le fait dans sa lettre, « Echos du Nord » ne croira pas un seul mot de ce démenti. A Junior Ndong Ndong ou ceux qui l’envoient de nous éclairer sur ces zones d’ombre.

 

Par JMS