Echos du Nord – Votre journal d'actualités et d'analyses du Gabon

Trois questions à Jonathan Ndoutoume Ngome

Trois questions à Jonathan Ndoutoume Ngome

Docteur en géopolitique et géostratégie, Maître assistant des Universités

 

Jonathan Ndoutoume Ngome
Jonathan Ndoutoume Ngome

 

E.N : Dr Jonathan Ndoutoume Ngome, Bonjour!

J.N.N: Bonjour!

E.N : Le ministre de l’intérieur vient de lever la mesure de dissolution qui frappait depuis 2011 la formation politique de l’opposition, Union Nationale. Quelle lecture faites-vous de ce revirement !

J.N.N: Cette réhabilitation intervient dans un contexte de crise profonde. Une crise d’abord politique, née du fait de n’avoir pas totalement vidé le contentieux postélectoral de la présidentielle de 2009, et qui a fini par faire le lit à une crise politique, à laquelle vient se greffer une crise socio économique qui se caractérise par des grèves perlées dans quasiment tous les secteurs de la vie socio économique. Un tableau peu reluisant qui a suscité des inquiétudes et interrogations de la part de la communauté internationale. Nous voulons prendre comme illustrations, les appels au dialogue lancés par les représentants de l’Onu, de l’Union Européenne, de partis politiques français de gauche, dont le parti socialiste au pouvoir, qui ont tous exhorté au dialogue en vue d’éviter au pays de franchir la ligne rouge.
Au niveau national, acteurs politiques et de la société civile ont fait de même, au regard des indicateurs qui laissaient présager la présence du Gabon au bord de l’affrontement. Et je crois que la réhabilitation de l’Union Nationale rentre dans une logique de décrispation de cette ambiance morose. Ce retour officiel sur la scène, peut être considéré comme un ballon d’essaie au processus de dialogue nationale en gestation.

E.N : Autre question d’actualité, les retouches envisagées sur l’ordonnance portant création du conseil national de la démocratie. Sur ce, le président de l’union pour la nouvelle république, UPNR, Maître Louis Gaston Mayila, propose notamment que son président ne soit plus désigné par ses pairs, mais nommé par le chef de l’Etat. N’est-ce pas là une manière de favoriser la main mise d’Ali Bongo sur cette institution, que Maître Mayila souhaite par ailleurs voir être élevée au rang d’institution constitutionnelle !

J.N.N: Ce qui est sûr, c’est que dans l’opinion, Maître Mayila est soupçonné de viser cette institution républicaine ! Et peut être qu’il sait que par la forme du mode de désignation par les pairs, il ne saurait être choisi pour ses positions virevoltantes. Et que si le président de la république venait à nommer le président du CND, peut être que sa posture pourrait militer en sa faveur. Dans tous les cas, cela reste dans les pouvoirs discrétionnaires du chef de l’Etat.
Ceci dit, il reste important que des modifications soient apportées à cette ordonnance, qui limite les membres aux seuls acteurs politiques, alors que la question du dialogue nationale implique toutes les forces vives de la nation. Et d’ailleurs si notre pays connait des déboires aujourd’hui sur le plan du fonctionnement de sa démocratie, c’est parce que les acteurs politiques auxquels nous avons eu droit jusque là, n’on pas briller par la mise en place d’institutions crédibles qui soient acceptées par tout le monde. Pour ma part, les retouches envisageables devraient élargir les membres de cette institution aux autres des forces vives sociales, dont la société civile, les intellectuels, les organisations corporatives.

E. N : Parlant justement de dialogue national, soulignons que bien de pesanteurs semblent jusqu’ici plomber sa tenue, au nombre desquelles, la question de l’acte de naissance querellée d’Ali Bongo !

J.N.N : Ben ! Il faut dire qu’au départ entre 2009/2010 on a appelé au sortir de la présidentielle controversée, à la tenue de la conférence nationale souveraine, on n’était qu’au stade de la contestation du rendu de la cour constitutionnelle par rapport au rendu des résultats de cette présidentielle. Et depuis lors, plusieurs autres facteurs politiques se sont ajouté à la crise politique actuelle, notamment cette brulante question de l’acte de naissance controversé du chef de l’Etat actuel qui avait déjà posé problème en son temps, et porté à bout de bras par le président du Morena, Luc Bengono Nsi.

Et maintenant que cette question a été réactualisée avec l’affaire Pierre Péan qui a n’en apporté plus de détails, outre la mise en branle d’une éventuelle destitution du chef de l’Etat par le front uni de l’opposition pour l’alternance, pour faux en écritures publiques, disons qu’il revient désormais au président de la république de justifier tout ce qui lui est reproché aujourd’hui. Personnellement, je ne comprends pas trop pourquoi cette crise perdure, du moment où le chef de l’Etat a, à mon sens, tous les éléments qui peuvent lui permettre de prouver sa filiation avec feu Omar Bongo Ondimba ! Et à ce niveau, deux démarches s’imposent. La première est d’ordre administratif. Que le président de la république aille à Brazzaville, qu’il sorte dans les monographies et registres de naissance son acte de naissance d’origine, qui prouve donc qu’il est le fils biologique d’Omar Bongo. Démarche qui peut, pour des questions d’authentification, se poursuivre du côté de Nantes en France, où sont stockés les registres et monographies de naissance de tous ceux qui sont nés en Afrique Equatoriale France, c’est-à-dire, avant les indépendances des ex colonies françaises.

L’autre hypothèse est scientifique, c’est-à-dire, procéder à des tests ADN entre lui et sa mère, Joséphine Kama Dabany, voir des tests ADN avec d’autres fils qui remontent dans la filiation du président Bongo. Mais beaucoup plus le test AND avec sa mère.
Et à partir de ces deux démarches, le débat peut être clôt très rapidement. Maintenant si l’on constate que ni l’une ou l’autre de ces démarches n’aboutissent, qu’on tire les conclusions qui s’imposent. Et si jamais le président de la république restait arcbouté dans sa position actuelle de ne pas emprunter une démarche ou une autre, il appartiendra à ce moment aux instances nationales de pouvoir trancher. Dans ce sens, disons que le front uni de l’opposition pour l’alternance à une longueur d’avance, pour avoir déposé une plainte en vue de la convocation de la haute cour de justice, pour statuer sur le ce dossier. Des consultations en vue de cette convocations ont déjà été initiées auprès des certains institutions, dont le gouvernement.

Propos recueillis par : Paul Davy

Articles connexes