
L’aveu solennel d’échec du ministre des Sports
C’est visiblement dépitéque le patron du sport gabonais a quitté la tribune officielle de Port-Gentil samedi dernier, au terme du passage de la Tropicale Amissa Bongo. Blaise Louembé- même s’il ne se trompe pas sur toute la ligne- a vite fait de rejeter la responsabilité sur la Fédération gabonaise de cyclisme, aux mains de Nazaire Embinga, dont la gestion personnalisée et opaque est décriée par plus d’un. Pour le ministre, l’explication du dixième naufrage de la sélection nationale est à chercher du côté de la Fédération. Il met cette déroute sur le compte du refus de l’équipe fédérale d’appliquer la politique sportive proposée par ses services. Celle-ci prévoit 5 pôles de développement du cyclisme au plan national.
Cette année encore, les coureurs gabonais ont simplement été envoyés à l’abattoir. Tous les six ont été jetés dans la course sans préparation conséquente. Il leur manquait dans les jambes le championnat et de la coupe du Gabon. Leur cooptation en sélection nationale a été faite sur la base des résultats d’il y a deux ans. Malgré une préparation bâclée, les finances publiques ont une fois de trop saigné, au nom de la famille régnante.
Tout en mettant à l’index la Fédération gabonaise de cyclisme, Blaise Louembé est resté muet sur le niveau de contribution financière de son département, pour relever le niveau de la petite reine en particulier, et du sport gabonais en général, malade de la présence à ses commandes d’une horde de prédateurs.
L’impréparation n’a pas frappé les cyclistes, car l’organisation de la 10eédition de la Tropicale a souffert de bien d’autres maux. Les véhicules réquisitionnés ont montré leurs limites techniques, nombre d’entre eux ont eu des pannes en pleine course. Au nombre des difficultés rencontrées par les athlètes gabonais singulièrement, l’on note le ravitaillement durant la course en eau et en biscuits lors de l’étape de Port-Gentil notamment. L’image de la course a été écornée par l’entrée en scène de la compagnie nationale aérienne de Guinée Equatoriale, qui a volé au secours des délégations sur l’axe Port-Gentil/Libreville, dévoyant au passage l’incapacité notoire du Gabon à assumer la gestion d’Air Gabon et de Gabon Airlines, victimes de la prédation financière érigée en sport favori du clan Bongo et consorts.
Les actes de mépris à l’encontre de la presse n’ont pas été en reste. Les confrères enrôlés ont été abandonnés à plusieurs reprises, d’abord à la gare de N’djolé (de 18 heures à 23 heures), puis à l’aéroport de Libreville en partance pour Port-Gentil (de 14 heures à 23 heures). L’un d’entre eux, Rostand Mveka Brice N’nang, représentant de Radio Gabon, a même été roué de coups par le patron du comité presse de la Tropicale, Pablo Moussodji Ngoma, qui a tenu à dévoiler ses talents de pugiliste amateur à ses heures perdues. Le vieux Rostand Mveka Brice N’nang, 58 ans, 33 ans de service, a été passé à la casserole à 2 heures, au petit matin du samedi 21 février. Il s’est vu infliger cette torgnole pour avoir commis l’impair d’exiger une chambre d’hôtel, après avoir été abandonné à son sort à son arrivée dans la ville.
Plus de 10 milliards de nos francs mis à contribution pour cette farce, dont la lisibilité en termes de retombées relève de l’ésotérisme.
Paul Davy