Des têtes doivent obligatoirement tomber
« Dans sa nouvelle croisade contre la torture, le procureur de la République, n’a pas encore trouvé le temps de convoquer la chaîne des responsables directs de ce crime… »
Un jeune étudiant de 24 ans a été violé sous la menace d’une arme à feu dans la cellule de la police militaire, la contre-ingérence, plus connue sous le vocable de B2. Cet acte ignoble ouvre les portes de la Cour pénale internationale (CPI) à ses auteurs et aux commanditaires. Le chef d’état-major, le général Jean Claude Ella Ekogha, le ministre de la Défense nationale, Ernest Mpouho Epigat, et le chef suprême des armées, Ali Bongo Ondimba, doivent s’expliquer.

Le journal « Faits Divers » du vendredi 30 janvier dernier a fait une révélation choc sous la plume de son directeur de la rédaction, Jonas Moulenda. L’hebdomadaire fait état d’« un étudiant emprisonné sodomisé par les policiers » au B2. Cela voudrait dire que la police politique d’Ali Bongo Ondimba use, pour ses « investigations », des moyens les plus abjects qui n’ont rien à envier à la Stasi de l’ex-Allemagne de l’Est ou au régime nazi d’Adolf Hitler. La colère tourne véritablement à la révolte, lorsque l’avocat du jeune homme, Me Paulette Oyane Ondo, soutient que son client a été interpellé par le capitaine Omer Elingui, sans « le moindre respect du code des procédures pénales ». « Mon client a tout simplement été enlevé, séquestré à l’insu des membres de sa famille et pour finir violé sous la menace d’une arme à feu par des éléments aux ordres d’Omer Elingui. Ce sont des méthodes barbares. Des méthodes de la mafia. Le régime d’Ali Bongo a atteint l’infamie. Il apporte la preuve, aux yeux de la communauté internationale, par cet acte, qu’il est mafieux. Dès lors, il faut le combattre comme tel, avec les arguments du droit international des droits de l’homme », a-t-elle conclu avec colère et détermination.
Pour avoir fait moins que ça, Jean Pierre Bemba, un homme politique de la République démocratique du Congo (RDC), croupit actuellement dans une cellule de la Cour pénale internationale (CPI). Cette juridiction lui reproche les exactions commises par sa milice, venue au secours d’Ange Félix Patassé en République centrafricaine, dans sa bataille pour le pouvoir contre François Bozizé. Elle s’était rendue coupable à cette occasion, de viols sur la population civile de ce pays. C’est dire si Ali Bongo Ondimba, le chef suprême des armées, Ernest Mpouho Epigat, le ministre de la Défense nationale, le général Jean-Claude Ella Ekogha, le chef d’état-major général des Forces armées gabonaises, et le capitaine Omer Elingui, sous les ordres de qui ce viol a été commis, sont désormais de parfaits clients de la CPI, comme l’envisage l’avocat du jeune homme. D’autant que la violence faite à cet étudiant était planifiée et préméditée. Ce qui ajoute au caractère abject de ce crime la brutalité, voire la cruauté. Sur sa page Facebook, Me Paulette Oyane Ondo indique : «… Le 18 décembre 2014, aux environs de 9h, messieurs Obame Mebiane Edvin Ballack et Ella Engongah Lionel ont reçu un coup de téléphone de Ondo Obame qui avait été mis aux arrêts le 17 décembre 2014. Nicolas Ondo Obame leur demandait de venir le voir d’urgence parce qu’il avait faim. Ils s’y sont rendus avec l’intention de donner à manger à leur ami.

Mais, une fois dans les locaux du B2, ils sont conduits dans le bureau de monsieur Omer Elingui, qui les menace de les garder au B2 et de les mettre en cellule, ils y sont déshabillés, ne portant sur eux qu’un slip. Ensuite, ils sont jetés chacun dans une cellule isolée. A 2 heures du matin monsieur Ondo Obame Nicolas et Lionel Ella Engongah sont manu militari conduits dans le bureau de monsieur Omer Elingui. Lionel Ella Engongah est sommé de se mettre à plat ventre et M. Omer Elingui ordonne qu’il soit bastonné par deux agents avec un ceinturon, ce qui a été fait. Après quoi, il est jeté en cellule. Il subit ce traitement tous les jours jusqu’au 20 décembre où il est réveillé à 2 heures du matin par 2 personnes qui s’introduisent dans sa cellule, une lui braque une arme contre la tempe, pendant que la deuxième lui fait subir des actes de barbarie innommables qui vont même jusqu’à lui dire que tout défaut de silence de sa part lui vaudrait la mort dans les locaux du B2 d’où il ne sortirait pas vivant… ». Ceci laisse sans voix. D’autant que, depuis la dénonciation de cette atrocité, Sidonie Flore Ouwe, le procureur de la République, dans sa nouvelle croisade contre la torture, n’a pas encore trouvé le temps de convoquer la chaîne des responsables directs de ce crime contre l’humanité que sont Ali Bongo Ondimba, Ernest Mpouho Epigat, le général Jean Claude Ella Ekogha et le capitaine Omer Elingui. Il est vrai que ce dernier, comme l’a affirmé notre confrère « Faits Divers », a déclaré à l’étudiant, fort de ses 24 ans d’expérience au B2, que «… c’est au pays des Blancs qu’on respecte les droits de l’homme et non chez nous… ». La bienveillance du procureur face à ce crime s’explique dès lors.
Reste que l’avocat de l’étudiant ne l’entend pas de cette oreille. Me Oyane Ondo compte bien conduire les auteurs de crimes d’Etat devant les juridictions internationales. D’autant que le Gabon est signataire de la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples, dont l’article 5 aborde ces questions. Il est également Etat partie de la Déclaration sur la protection de toutes les personnes contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants.

Le crime sur cet étudiant et l’assassinat du jeune Mboulou Beka, commis le même jour, par les éléments des forces de sécurité, achèvent de discréditer le Gabon en tant qu’Etat de droit devant la communauté internationale. Il devient, dès lors, impérieux pour chaque patriote de bouter les tortionnaires hors du pouvoir. Pour les livrer aux bons soins de la justice internationale. C’est à cette condition que l’honorabilité du Gabon sera restaurée. Quant au jeune étudiant meurtri dans sa chair et son âme, il est, lui aussi, un martyr pour l’avènement de la démocratie au Gabon. Sa détermination à poursuivre ses bourreaux devant la CPI et toutes les juridictions compétentes, là où beaucoup d’autres auraient baissé les bras, au regard de la menace de mort proférée à son encontre par les militaires violeurs, lui permettra de briser les chaînes de la torture qui encerclent encore le Gabon. Il inscrira ainsi son nom aux côtés de Joseph Rendjambé Issani, Martine Olabou Mbadinga, Mboulou Beka et de tous ceux qui ont été assassinés par les régimes Bongo père et fils, pour leur amour de la liberté, dans la noble histoire de la libération du Gabon.
Jean Michel Sylvain