Le pasteur Rostand Essono Ella rompt le silence
Il a été suspendu des ses fonction de responsable de la paroisse d’Angondjé en janvier dernier, pour avoir donné son point de vue sur les événements du 20 décembre 2014 à Rio. Une sanction qui, selon Rostand Essono Ella, trouverait son inspiration du côté du pouvoir établi, en complicité avec les responsables actuels de l’EEG.
L’Eglise évangélique du Gabon (EEG) est secouée par une profonde crise. L’un des pasteurs emblématiques de cette congrégation, Rostand Essono Ella a été suspendu de ses fonctions de responsable de la paroisse d’Angondjé, le 24 janvier 2015, par le président de l’église, le pasteur Jean-Jacques Ndong Ekouaghé.
Jean-Jacques Ndong Ekouaghé, reprocherait à Rostand Essono Ella d’avoir commenté sur sa page Facebook, l’actualité politique et sociale, après les évènements du 20 décembre 2014, au carrefour Rio, à Libreville.
Rostand Essono Ella a condamné les événements malheureux du meeting interdit de l’opposition ayant entrainé la mort de l’étudiant Mboulou Beka, « lâchement assassiné » par le pouvoir émergent. Un assassinat que l’émergent en chef, Ali Bongo Ondimba a reconnu en son temps.
Il a donné les raisons de cette éviction jugée « inique et arbitraire », à la faveur d’une conférence de presse organisée, mercredi 25 février dernier, dans un hôtel, à Libreville, en compagnie de l’ancien président de l’EEG, le pasteur Jean-Marie Emane Minko. Soit un mois après sa suspension.
A en croire les deux conférenciers, cette suspension n’est qu’un fait de plus, à mettre sur le compte de la dérive autoritaire et manifeste de l’actuel président de l’EEG et des malversations qui affectent sérieusement la gestion de l’Eglise depuis 2014.
La sanction qui pèse sur le pasteur Rostand Essono Ella serait entachée d’un vice de procédure. Puisque n’ayant aucun lien avec la vie interne de l’église. Une sanction d’autant plus arbitraire, injuste et inique, qu’elle ne s’appuie sur aucun des textes de lois régissant ladite congrégation.
Selon le conférencier, les raisons sont ailleurs, les fidèles et de nombreux ministres de Dieu reprocheraient à leur président, entre autres, l’affectation des pasteurs sans l’aval du bureau national, les agressions, les violences verbales et physiques, le délit d’initié par l’octroi des marchés à son entreprise sans appel d’offre ni avis du Conseil national, etc.
LEADER D’OPINION. « Je crois aux lois et règlements de mon Eglise. J’ai foi en la Sainte Bible. J’en appelle à la sagesse des principes et textes qui régissent le bon fonctionnement de notre Eglise pour me rétablir dans mes fonctions », a déclaré l’ancien responsable de la paroisse d’Angondjé. Selon lui, sa sanction trouverait son inspiration du côté du pouvoir établi, en complicité avec les responsables actuels de l’EEG.
C’est donc cette intervention sur Facebook qui a couté le poste à Rostand Essono Ella. Il a condamné cette décision en tant que responsable moral et en sa qualité de théologien.
Une position conforme à son statut de leader d’opinion, qui a fait sienne, la sollicitation du représentant du système de Nations Unies pour l’Afrique Centrale au Gabon, invitant au « dialogue et à l’apaisement du climat social et politique ».
RÔLE PROPHETIQUE. Face à la presse, les membres de la société civile et de nombreux fidèles, le ministre de Dieu a relevé qu’il ne s’agit pas d’un problème de discipline chrétienne et pastorale, d’éthique ou de déontologie professionnelle, de probité morale ou de doctrine religieuse, le président de l’église a attribué à son « collaborateur » une opinion politique qui aurait dérangé le pouvoir.
Pour avoir exprimé son opinion et rappelé le rôle prophétique de l’Eglise, Rostand Essono Ella a été traduit devant un Conseil national extraordinaire qui a prononcé sa suspension. Une instance jugée incompétente par le pasteur.
Il reste que la décision qui frappe Rostand Essono Ella est condamnée par la communauté des chrétiens et les fidèles de la paroisse d’Angondjé, mais aussi par quelques pasteurs qui s’indignent de la dérive extra-religieuse du président Jean Jacques Ndong Ekwaghé.