Le journal L’Aube a été suspendu. En réalité pour insubordination.
Sa petite majesté a fini par craquer. Las d’essuyer les frondes d’un journal tenu par des Altogovéens qui ont décidé, eux, comme d’autres Alto, de ne pas sombrer dans ce sectarisme altogovéen que « vouvouzélisent » ses limiers du PDG-émergent.
Qu’a dit « L’Aube » qui ne soit pas vrai ? Notre rédaction a fait une revue de cette presse sur les points saillants développés dans sa dernière parution avant sa suspension. Florilèges.
L’Hebdomadaire L’Aube a ouvert par un dossier spécial sur « La Nyanga, source de la malédiction d’Ali Bongo ». Il évoque les « Fausses solutions aux vrais problèmes ». Pour le confrère, depuis l’arrivée d’Ali Bongo au pouvoir en 2009, la province de la Nyanga est avec la Ngounié celle qui gère le Gabon. Dans un pays en plein doute, le confrère invite le lecteur à découvrir les grands gaspillages des deniers publics, la mauvaise gouvernance, le traumatisme des crimes rituels(…) à Tchibanga aussi, capitale de la Nyanga selon le confrère, des militaires ont rossé les policiers.
Un fait pour le moins insolite à l’intérieur du pays. Toujours dans la capitale nynoise, le journal indique que rien ne va plus à la mairie centrale de Tchibanga, où le maire Viviane Biviga Boussougou est accusé par le conseil communal de détournement de fonds destinés à l’investissement dans la ville et de son entretien. D’autre part, il indique que les autres maires s’insurgent contre la gestion cavalière et autocratique des affaires de la cité(…) aujourd’hui ces maires attendent que la Cour des comptes effectue des missions de contrôle afin d’apporter toute la lumière sur la gestion des fonds.
Sur le plan social, le journal revient sur le licenciement de 88 jeunes Gabonais par la société Sericom Gabon dans la Nyanga. Selon le journal, la société dit n’avoir pas le choix au regard des créances non payées par l’Etat. Une situation d’autant plus inexplicable au regard de l’exécution et de la livraison des chantiers par la société. L’hebdomadaire rappelle que Sericom Gabon a livré le pont de Mayumba, réalisé à plus de 80 % la route Tchibanga – Mayumba, réalisé à 50% la route Mouila – Ndendé et procédé à la réfection du pont de Kango et l’école des officiers de Mandilu à Fougamou.
« La station de radio Radio Massanga à l’abandon ». L’une des promesses faites par Ali Bongo, lors du Conseil des ministres délocalisé dans la province de la Nyanga, le 27 janvier 2011, était la réhabilitation de la station provinciale de Radio Gabon. Quatre ans plus tard, c’est le délabrement total. Obsolescence des équipements, manque de situation administrative pour le personnel local, la station diffuse la musique à l’aide d’un poste radio cassette. Preuve de ce que la promesse n’engage que celui qui y croit. Conclut le journal.
« Grève générale illimitée : corsez le mouvement ! ». Comme pour reprendre le mot d’ordre des responsables de Dynamique unitaire, le journal indique qu’Ali Bongo est au pied du mur. Depuis 2009, il a usé et abusé de la violence sous toutes ces formes, règlement de comptes contre les insoumis à la politique du mensonge et du déni du Gabonais au bonheur, pillage des ressources. Face à cette situation, la détermination de Dynamique unitaire est inébranlable. Corser le mouvement reste le seul mot d’ordre. »
« La précarité du Camp de police du centre-ville, l’agonie des policiers ». Des bâtiments en état de délabrement, des logements vétustes dans lesquels vivent les fonctionnaires de la police. Des policiers qui chaque jour accomplissent les tâches les plus ingrates. » Etc.
Nous reposons la question : Qu’a dit L’Aube qui ne soit pas vrai ? Au point de mériter d’être suspendu. N’y a t-il pas gaspillage de deniers publics lorsqu’on injecte 82 milliards pour un pont de 565 mètres? Alors que la Guinée a réalisée un meilleur ouvrage, plus long, pour 2,5 milliards de FCFA. Sericom, qui réclame ses règlements à l’Etat gabonais, n’a-t-il pas licencié vu que l’Etat ne paie pas ? Le 27 janvier, la promesse de réhabiliter la station radio de Tchibanga a bel et bien été faite. Un journaliste d’Echos du Nord était présent ce jour-là. A côté de cette promesse, il y a en a eu d’autres, comme celle de faire de la Nyanga un pôle de développement du tourisme de luxe. Promesse non tenue. Où en est sa petite majesté, qui projetait de désenclaver économiquement la Nyanga ? Ce que l’on constate c’est plutôt l’escalade de la paupérisation de cette province. Voilà tout ce que notre confrère a rappelé : une chaîne de promesses devenue des mensonges.
Pour revenir sur la suspension de L’Aube, sa toute petite majesté voudrait que, pour ce coup-ci, les Gabonais braquent leurs projecteurs sur le Conseil national de la communication (CNC) et le mettent au banc des accusés. Il n’en sera pas question. Parce que sa toute petite majesté veut continuer de jongler derrière des boucliers alors que tout le monde voit bien que ces boulets qui volent dans les airs sont actionnés par des catapultes dont lui seul à la clé depuis le Palais du Bord de mer. En réalité, sa petite majesté a adopté comme tactique l’irresponsabilité. L’ordre est verbal sachant que l’exécutant sera l’accusé.
Le couperet sur le cou de L’Aube, c’est sa petite majesté qui l’actionne. Pourquoi l’accusons-nous ? Simplement parce qu’il a proféré des menaces directes à l’endroit de la presse via son porte-parole, il y a quelques temps.
Avec la suspension de la Loupe, assortie d’une action en justice contre son directeur de la publication intentée par la présidence de la République, sa petite majesté a donc décidé de passer de la déclaration de guerre à la presse à l’ouverture des hostilités. Qu’il sache qu’il n’y a point d’armes de destruction massive pour venir à bout de l’arme fatale : la plume. Il le saura à ses dépens.