

La grève des agents des secteurs public et parapublic, lancée le 7 février 2015, a pris des proportions très inquiétantes. Faute d’interlocuteur et de médiateur capable de mettre fin à la crise, le mouvement se durcit dans la quasi-totalité de l’administration gabonaise.
Les travailleurs, les retraités militaires et civils, regroupés au sein de la coalition Dynamique unitaire (DU), étaient en assemblée générale, samedi dernier, à l’école publique Martine Oulabou, à Libreville, pour faire le point et redéfinir les stratégies pouvant leur permettre de mieux étendre le mouvement dans tous les coins et recoins du pays.
Les leaders qui se sont succédé sur l’estrade se sont réjouis du fait que le mouvement a pu atteindre sa vitesse de croisière à Libreville et Port-Gentil, ainsi que dans de nombreuses localités de l’arrière-pays. Les quelques administrations qui étaient considérées comme des « poches de résistance » sont également entrées dans la danse.
Depuis quelques jours, les membres de DU sillonnent les localités du pays, en petits groupes, pour une campagne de sensibilisation et de mobilisation « porte- à-porte ». Leur démarche connaît un succès sans précédent partout où ils sont passés.
A leur demande, les activités pédagogiques sont interrompues, par exemple à l’Ecole nationale d’art et manufacture (Enam), où l’intersyndicale a tenu une réunion explicative, le jeudi 26 février. Ce jour-là, Hank Moukambo et ses pairs sont allés jusqu’ à Ntoum, chef-lieu du département du Komo-Mondah, en passant par Bikélé, pour faire entendre raison aux agents publics et du parapublic qui hésitaient encore à observer l’arrêt de travail.
La caravane de sensibilisation s’est ébranlée en direction des établissements scolaires et administrations publiques de Franceville, Moanda, Lambaréné, Mouila, Tchibanga, Oyem, Bitam, etc. Le message était clair, selon le modérateur de DU, Jean-Rémy Yama : « Mes collègues et moi invitons les camarades travailleurs à arrêter leurs activités, pour durcir davantage le mouvement.»
SECTEURS NEVRALGIQUES. Pour le président du Syndicat national des enseignants-chercheurs (Snec), il n’est pas question d’exercer un service minimum face à un pouvoir qui a montré ses limites. Le service minimum préconisé par les partenaires sociaux dans certains secteurs névralgiques tels que la santé et l’éducation n’est plus d’actualité.
Les agents publics et parapublics souhaitent tout simplement l’effectivité de la promesse présidentielle du 31 décembre 2014 : l’augmentation des salaires, sans attendre les conclusions des assises d’Angondjé. Depuis lors, le pouvoir reste sourd et aphone face à ce préalable de sortie de crise. Comme un malheur n’arrive jamais seul, de nombreux agents ont vu leurs salaires ponctionnés de 40 000 à 150 000 F CFA à la fin du mois de février, sans aucune explication. Une curieuse manière de répondre aux attentes des travailleurs.
A en croire certaines sources, l’argent prélevé aurait été orienté dans les allocations familiales, qui seront désormais versées par la Caisse nationale d’assurance maladie et de garantie sociale (CNAMGS). Un dossier que DU entend suivre de très près. Dans la mesure où la gestion opaque et cavalière de la CNAMGS est à l’origine de la grève générale observée, il y a peu, par l’Organisation nationale des employés du pétrole (Onep) et les syndicats assimilés.
A noter que d’un autre côté les membres de « Dynamique unitaire responsable», un groupe de dissidents, ont décidé, eux-aussi, d’entrer dans une grève générale illimitée, au terme d’une assemblée générale organisée samedi, au rond-point de la Démocratie à Libreville.
Leurs adhérents et sympathisants ont été priés de rester chez eux, dès ce matin, en attendant que le pouvoir émergent trouve des solutions à leurs revendications.
Prince Villa