
Maître Mhintcho Soufiano Mohamed, huissier de justice, a été mis sous mandat de dépôt le 18 février 2015. L’information n’a pas filtré. Notre confrère « Gabonreview» l’avait relayée le 25 février dernier. La justice lui reproche d’avoir mené une perquisition totalement illégale, le 24 novembre 2014, à l’étude de maître Lydie Relongue. En son absence et au mépris du sacro-saint principe de l’inviolabilité d’une étude de notaire. Sans être en possession d’une décision de justice au moment des faits. Surtout en l’absence du président de la chambre des notaires ou son représentant. Au palais de justice où nos sollicitations sont restées vaines, un juge sous anonymat, a indiqué que l’intéressé ne passera que « quelques jours en détention.Il n’a pas pu mobiliser des policiers armés jusqu’aux dents et cagoulés sans un ordre au sommet… ». Pour ce magistrat, « le coup d’éclat du juge qui l’a mis sous mandat de dépôt ne fera pas long feu. Ceux qui lui ont donné autant de moyens d’agir dans l’illégalité, s’arrangeront pour aussi le sortir de là dans l’illégalité ». Il faut bien lui donner raison. Ce qui serait une manière assez surprenante de mettre un terme à ce qui ressemble à du banditisme d’Etat.
Le sieur Mhintcho n’a pas pu violer autant de dispositions légales sans couverture. Il aurait agi ainsi, selon nos sources, à la demande de l’avocat parisien d’Ali Bongo Ondimba, maître Claude Dumont Beghi. Il défend les intérêts d’Ali Bongo Ondimba dans le dossier de la succession d’Omar Bongo Ondimba. Maître Lydie Relongue est le notaire saisi en janvier 2010 par la famille Omar Bongo Ondimba. Le procès-verbal de conseil de famille porte l’auguste signature d’Ali Bongo Ondimba.
Les représentants des intérêts d’Ali Bongo Ondimba ont sans doute estimé que le notaire désigné par toute la famille voulait demeurer impartial dans cette affaire. Ce qui, sans doute, n’arrangeait pas les affaires d’Ali Bongo Ondimba. Ainsi, sur la seule instruction de l’avocat parisien, une perquisition musclée a été effectuée au cabinet du notaire en toute illégalité. Selon un témoin oculaire de la scène qui s’est confié à la rédaction « maître Mhintcho Soufiano Mohamed a fait irruption à l’étude de maître Relongue accompagné d’une vingtaine de policiers vêtus de gilets pare-balles, armés de fusils d’assaut, cagoulés, matraque en main et grenades lacrymogènes prêtes à être utilisées. » Après avoir enfoncé la porte blindée qui s’ouvre sur les archives de l’étude, l’homme et son équipe se seraient emparés, outre les documents liés à la succession Omar Bongo Ondimba, de ceux de nombreux d’autres clients. Tout ceci s’est passé naturellement à huis clos. Les médias alertés n’ont pas pu faire leur travail. Les hommes de Mhintcho les ayant mis à bonne distance.
C’est ce comportement hors la loi que des juges courageux ont décidé de sanctionner. Sauf que le président du Conseil supérieur de la magistrature – Ali Bongo – pourrait en décider autrement. Notamment en retournant la sanction contre les magistrats qui ont décidé de mettre au gnouf « son petit ». A en croire notre confrère cité plus haut, « … l’huissier, membre du bureau de la Chambre nationale des huissiers de justice (CNHJ), (…) aurait été indirectement envoyé par le président de la République… » pour accomplir cette basse besogne. (Affaire à suivre)