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AGRICULTURE : La baisse des prix mondiaux n’est pas répercutée au Gabon

AGRICULTURE : La baisse des prix mondiaux n’est pas répercutée au Gabon

FAO

L’organisation des nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (Fao) vient de publier ce mois-ci, un rapport sur l’évolution des prix des produits agricoles dans le monde. En substance, les prix des céréales (blé, maïs), des huiles végétales, de la viande, du sucre et du poisson ont baissé dans des proportions allant de 15 à 30%.

Selon la Fao, cette chute des prix est le fait de la conjonction de plusieurs facteurs. La hausse de la production de ces denrées alimentaires dans les pays producteurs d’une part,la baisse des cours du pétrole qui ont entraîné la réduction des coûts de production de ces matières premières agricoles d’autre part.

Les Gabonais semblent exclus de cette aubaine. Surtout comme chacun le sait, un rapport économique sur l’évolution d’un agrégat, relate l’évolution passée dudit paramètre. Le rapport que vient de rendre public la Fao sur les prix des denrées agricoles n’échappe pas à cette règle. Il  concerne justement les trois dernières années passées.

Or,  depuis l’année 2011, le prix des denrées alimentaires a connu une envolée au Gabon. Le gouvernement a essayé de bricoler un dispositif pour en limiter l’effet, en annonçant sur le papier un allégement de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA), sur les produits de base d’une valeur de 11 milliards de Fcfa.

Malheureusement sans effet réel sur le panier de la ménagère ce jour. Ce qui veut dire que des petits malins, dont la pieuvre Delta Synergie qui possède des intérêts dans les capitaux des principaux acteurs de ce secteur au Gabon, ont empoché et continuent d’empocher de substantiels bénéfices sur le dos des Gabonais. A savoir le produit de l’allègement de la Tva et la rente de situation liée à la baisse du prix de revient des exportations. Une baisse des prix qui n’est pas répercutée  sur le prix de vente.

Le Gabon comme l’a revendiqué Paul BiyogheMba, au cours d’une réunion de l’organisation mondiale du commerce (Omc), alors qu’il était encore ministre du commerce, est un importateur net. Cela veut dire que lorsque des produits alimentaires baissent dans les pays où le Gabon s’approvisionne en céréale, viande, poisson, huile etc, cette baisse doit automatiquement se répercuter sur le marché local. Tout comme la hausse de ces produits au début des années 2010 sur le marché international avait conduit à fixer le niveau de prix que l’on connait actuellement.

Malheureusement ce n’est pas encore le cas aujourd’hui pour ce volet sur la baisse des cours.Pourtant, il ne devrait pas en être ainsi. Surtout qu’à la baisse des prix des denrées alimentaires s’est ajoutée la baisse du prix du pétrole. Ce qui de manière mécanique, amène les armateurs à réduire leur coût de transport.

Le gouvernement gabonais, s’il était au service de la population, devait dès à présent analyser de manière rigoureuse la structure du prix de revient des importateurs gabonais appelé prix CAF (coût-assurance-fret). Le prix d’achat ayant baissé chez les fournisseurs cela entraine une baisse du coût global. Ce niveau moins élevé du coût global de la marchandise au moment de l’achat, donne une moindre valorisation financière à celle-ci. Ce qui se traduit par un prix d’assurance bas. Car, le pris de l’assurance est généralement indexé sur la valeur du produit à assurer. Enfin, la baisse des prix du pétrole, la mauvaise conjoncture économique et l’abondance de l’offre en termes de transport maritime ont, depuis longtemps, entrainé à la baisse, le prix du transport, dont celui du fret maritime.

Que se passe-t-il alors pour que le Gabon continue à payer aussi cher le poisson surgelé, la viande surgelée, les produits laitiers, oléagineux ?

C’est une question à mille francs cfa à laquelle devait s’atteler à répondre Daniel Ona Ondo –Premier Ministre- et son équipe. A moins que la réponse se retrouve plutôt du côté du palais présidentiel. Et il y a urgence à ce que cette situation se clarifie au Gabon. Car à l’analyse du rapport cité plus haut, la Fao avertit que cette situation qui va se prolonger pendant les deux années à avenir, risque de tout changer.

Les producteurs face à la baisse continue des prix, vont commencer à réduire le niveau de l’offre. Ce qui se traduira par une nouvelle hausse des prix. L’agence onusienne prévoit ce scénario dans les 3 ou 4 années à venir. Si ce scénario survenait alors que le Gabon n’ait pas encore réglé le disfonctionnement de sa structure de prix, il faudrait craindre une hausse supplémentaire des prix, par rapport au niveau actuel, déjà insupportable.

Ali Bongo Ondimba qui ne sera plus là pour y répondre, va laisser une bombe à retardement dans les mains de son successeur.

Jean Michel Sylvain

 

 

 

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