ECONOMIE EN BERNE : Le ministre Régis Immongault botte en touche

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Le ministre gabonais de l’économie, Régis Immongault, vient de prendre position suite à la dégradation de la note souveraine du Gabon par l’agence de notation Fitch ratings. Un plaidoyer qui ne résiste pas à la réalité des faits.

Il a fallu beaucoup de temps pour que le ministre gabonais de l’économie, donne son avis sur l’inquiétude exprimée par l’agence de notation Fitchrating’s sur les perspectives économique du Gabon à court termes. L’agence de notation avait estimé le 8 mai dernier que les perspectives de l’économie du Gabon à court terme étaient catastrophiques. C’est l’hebdomadaire « Jeune Afrique » qui a publié la réaction des autorités gabonaises.

Ailleurs, un ministre de l’économie n’aurait pas laissé les investisseurs aussi longtemps dans la confusion. Il aurait répliqué dans le temps qui a suivi le communiqué de Fitch, pour rassurer. Pour sa défense, Régis Immongault déclare ne disposer d’aucun outil efficient de communication financière. Selon certains observateurs, c’est – un comble pour un pays qui veut attirer les investisseurs et qui dit  aller vers l’émergence-. Le ministre n’avait rien de sérieux à opposer à l’analyse de Fitchrating’s. Les faits étant simplement accablants. Il n’est pas possible de nier les évidences.

Les signes de cette dégradation de la situation économique étaient déjà perceptibles depuis 2010, avec les choix économiques opérés par le pouvoir qui a donné une priorité au paraitre au lieu de s’attaquer aux réformes de fond.

Ali Bongo Ondimba avait opté de s’appuyer sur des instruments obsolètes pour dynamiser l’économie du Gabon. C’est le cas de la création des zones économiques spéciales sans s’assurer que le cadre gabonais s’y prête. Et sans tirer les conséquences ont induites de pareils outils dans certains pays d’Afrique qui se sont jetés sur cette voie sans issue. La Banque mondiale proche du pouvoir gabonais (elle est même en affaire avec Ali Bongo Ondimba à travers Delta Synergie et le groupe Bouygues), n’a pas dit autre chose pour venir en lors d’un séminaire organisé en septembre dernier à l’hôtelNomad de Libreville.

Le Gabon n’a réussi à faire face à cet amateurisme économique pendant les premières années du mandat, qu’à cause des facteurs extérieurs,notamment le niveau très élevé des cours du pétrole. Cet avantage n’existant plus eten l’absence d’un autre ressort capable de faire rebondir l’économie du Gabon, la triste réalité refait surface. Le ministre Immongault s’est contenté de simples vœux pieux en indiquant que «…Cette décision nous rappelle l’importance et l’urgence des réformes que nous mettons en œuvre avec l’objectif d’asseoir la transformation de l’économie gabonaise sur des bases solides et de l’adapter au nouveau contexte, avec un cours du pétrole plus bas. Nous ne doutons pas qu’à terme toutes les agences de notation prendront la pleine mesure des actions que nous menons». Undiscours qui ne rassure pas les investisseurs. Au contraire ils risqueraient d’observer une position sceptique, en attendant de voir concrètement les effets « des actions » menées.

C’est l’absence de mise en œuvre de toutes ces mesures annoncées depuis 5 mois qui amène les agences de notation à conclure que le Gabon n’a pas pris la mesure de la crise. Et c’est dans un contexte aussi morose qu’Ali Bongo Ondimba s’offre un jet privé d’une valeur de 40 milliards de Fcfa en hors budget.

Face à cette réalité, Régis Immongault qui ne veut sans doute pas faire partie du suicide collectif qu’organise Ali Bongo Ondimba, a préféré garder le silence. Avant de le rompre à minima.

 Jean Michel Sylvain