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Le Gabon, terreau favorable à la délinquance juvénile

Le Gabon, terreau favorable à la délinquance juvénile

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Elise Enane, 16 ans et Chrislain Massala Moudziegou 17 ans, tous deux élèves au lycée Lubin Martial Ntoutoume Obame (LMNO) de Ntoum, en périphérie de Libreville, ont grièvement blessé au cou, Sehidima Oumar Sidibé, un épicier d’une vingtaine d’années, à l’aide d’une machette.

Loin d’être un cas isolé, ces types d’agissements sont devenus légion à travers le pays, au point que certains arrivent à la déduction d’une jeunesse livrée à elle-même, sous le ciel du régime ‘’émergent’’. Les jeunes, vraisemblablement emportés par l’agitation et le plaisir d’être satisfait à tous les prix, perdent de plus en plus le goût de l’effort. Pour atteindre leurs desseins obscurs, ils versent dans la facilité, avec son cortège des pratiques teintées de vices.

Les faits de coups et blessures volontaires dont sont présumés coupables les jeunes Elise Enane et Chrislain Massala Moudziegou, se sont récemment produits en pleine tombée de la nuit, à Nkan goudron, un quartier du 1er arrondissement de Ntoum, Chef-lieu du département du Komo-Mondah. Selon une source proche de l’affaire, les deux adolescents auraient tendu un guet-apens à l’épicier, par ailleurs voisin de Chrislain Massala Moudziegou. La nuit de l’agression, ils auraient attendu que l’épicier qui travaille à l’autre bout de la ville, rentre de son boulot pour pouvoir lui soutirer sa recette du jour.

Sous la menace de l’arme blanche, les présumés braqueurs ont sommé le commerçant de leur remettre tout ce qu’il avait sur lui. Mais l’épicier n’a pas obtempéré. Feignant de les ignorer, il a voulu écarter les adolescents pour continuer son chemin. Du coup, une violente rixe a éclaté entre le commerçant et ses braqueurs. La suite n’a pas été une partie de plaisir pour le commerçant, qui s’est retrouvé charcuté à l’aide de la machette au niveau du cou.

Elise Enane et Chrislain Massala Moundziegou ont été interpellés une semaine après leur forfait. Confrontés, ils ont reconnu les faits, avant d’être présentés devant le parquet, puis placés sous mandat de dépôt à la prison centrale de Libreville, en attendant leur jugement. Cet énième cas d’agression orchestré par des adolescents pose le problème de la persistance des violences en milieux urbaine et rural dans notre pays. En effet, il ne se passe plus un jour sans que de nombreux jeunes ne soient présentés dans la presse, comme des responsables des actes répréhensibles.

L’enracinement de ce phénomène dangereux montre que les déviances de tous ordres prennent le pas sur les valeurs cardinales, qui ont de tout temps – sauf sous ‘’l’émergence’’- gouverné notre société. Le vol pour posséder indument, ou mieux, pour revendre à vil prix de biens précieux frauduleusement soustraits à des tiers, a pris encrage en milieu jeune.

Il reste clair que la prévention de la délinquance nécessite des actions de grande envergure sur lesquelles doivent plus que jamais se pencher les autorités compétentes. Des objectifs qui ne pourraient  être atteints que si Ali Bongo et ses collaborateurs, qui disposent des ressources financières requises, consentent à les investir en priorité dans le développement économique et social.

En effet, comment prétendre prévenir la délinquance juvénile lorsque la société est, comme s’est actuellement le cas, prédisposée à générer une pléthore d’inadaptés sociaux (chômage affectant plus fortement les jeunes, paupérisation de larges pans de la société, mauvaises conditions d’habitat, dégradation dramatique du cadre de vie dans les cités, système éducatif archaïque, vie politique anxiogène, services de sécurité orientés vers d’autres tâches que la lutte contre la délinquance, etc.) ?

Si rien n’est fait pour y remédier, ce constat peu reluisant laisse présager que les mêmes causes continueront à produire les mêmes effets, poussant ainsi le phénomène de la délinquance à prendre, à terme, des proportions encore plus dramatiques qu’aujourd’hui.

La situation, ponctuée d’actes criminels graves (enlèvements et assassinats d’enfants, vols, agressions, etc.), est aujourd’hui suffisamment préoccupante pour inciter les pouvoirs publics, la société civile et les spécialistes concernés, à se pencher le plus tôt possible sur cette épineuse question qui constitue une sérieuse menace à la cohésion sociale.

Aria Starck

 

 

 

 

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