
Le 19 mai dernier, «avec fanfare et trompette» à Angondjé, les hautes autorités du pays ont annoncé que toute la commune d’Akanda était désormais approvisionnée en eau. Mais la réalité est tout autre.
C’est à travers une pleine page de l’union que le collectif de la cité Amissa Bongo à adresser des vifs remerciements à Ali Bongo Ondimba pour « l’alimentation effective en eau à la cité Amissa ». Une œuvre jugée « humanitaire » par les habitants de la cité Amissa. Une assertion rapidement battue en brèche par des habitants d’Angondjé qui, sur la chaîne privée de télévision RTN, ont souligné que leurs robinets n’ont pas vu couler le précieux liquide depuis le passage du chef de l’Etat. La réalité est que seule la cité Amissa Bongo a été approvisionnée en eau au détriment de toute la commune. Rien n’est surprenant quand on sait que la dite cité appartient à la famille Bongo. D’où les interrogations de la population sur ce qui a poussé le ministre de l’Energie et des Ressources hydrauliques à inviter le chef de l’Etat à aller procéder à la réception des travaux de la première phase – donc un processus en cours ou inachevé – et à lui faire dire que « Après cinq ans d’effort, nous vivons un tournant ; toute la ville de Libreville est désormais approvisionnée en eau ».
On reconnait bien là ce gout pour le tape à l’œil qui caractérise si bien le chef du gouvernement, habitué à transformer la réalité à des fins personnels, comme c’est le cas ici avec l’affirmation de la fourniture de Libreville en eau. Créée il y a deux ans, la nouvelle ville d’Akanda qui regroupe les quartiers Angondjé, Avorbam, la Sablière et le Cap Estérias, ne reçoivent pas d’eau encore aujourd’hui. Doit-on voir derrière ce marketing aux antipodes de la réalité, une tentative du chef de l’Etat pour concilier la population à sa cause vue sa baisse de popularité depuis plusieurs mois ?
Une lettre de remerciements qui ne trouve pas son sens quand on sait que la situation n’ayant pas été réglée dans plusieurs zones et quartiers d’Akanda. Surtout quand on sait que dans plusieurs quartiers de Libreville l’eau est devenue une denrée rare à tel point que les habitants ont recourt aux eaux de puits. Dans son projet pour le Gabon émergent, Ali Bongo a promis de faire sortir les gabonais de la précarité. Cette promesse reste jusqu’à ce jour inaccomplie. Lorsque l’on sait que le problème d’alimentation d’eau dans les quartiers ne constitue qu’une partie des maux majeurs qui minent le quotidien des gabonais.
Une opération cosmétique qui n’a pas eu l’effet escompté. Les Akandais et tous les Librevillois attendent avec impatience l’arrivée de l’eau dans les maisons sachant que de gigantesque opération de rattrapage pour palier au problème, sont en cours après des années de laisser-aller. Alors que la charge démographique augmente, la conquête de l’eau est un combat qui n’est pas encore gagné.
Aria Starck