
Après une fausse alerte de retrait de sa plainte, dont les fuites seraient sorties du cabinet de son avocat et relayées dans les colonnes du quotidien d’information l’Union dont on connait la proximité avec le plaignant, l’entourage d’Ali Bongo revient à la charge, en brandissant des pancartes de maintien de la plainte. L’hebdomadaire d’investigations et d’enquêtes, l’Aube, et son directeur de publication, Alphonse Hermeland Loubah, sont distinctement poursuivis pour diffamation et outrage au président de la république.
‘’A quoi ça sert d’aller à un procès contre Ali Bongo ?’’ Se questionne avec une pointe d’ironie le rédacteur en Chef de ce canard, comme pour dénoncer les liens incestueux entre le plaignant et l’appareil judiciaire. Un mélange de genre aux allures de procès en sorcellerie qui se dessine et auquel se refusent à s’adonner la rédaction et la direction du journal l’Aube, qui ont de fait choisis de boycotter toutes les convocations à comparaître. Attitude qui a occasionné le report à plusieurs reprises de l’ouverture du procès. L’audience d’ouverture a finalement été organisée le mardi 9 juin dernier, en l’absence de la partie accusée.
Le président de la République a soumis, le 10 avril dernier, une plainte au procureur de la République près le tribunal de première instance de Libreville. Mobile cette colère noire, un titre à la limite subversif : «Interdiction de critiquer Ali Bongo et sa légion étrangère, foutez le camp, c’est mieux !»
Il est reproché au canard et à son directeur de publication leur liberté de ton qui se traduit par des mots jugés par l’avocat d’Ali Bongo, je cite, ‘’irrespectueux du statut de président de la République’’. Les conséquences immédiates de cette outrecuidance ne se sont pas fait attendre. Le 26 février dernier, le titre écope d’un mois de suspension sur décision ‘’du bras armé’’ qu’est le conseil national de la communication (CNC), et son directeur de publication est parallèlement soumis à des pressions de tout genre pour son éditorial vitriolant «Ali Bongo : un musulman terroriste». Edito dans lequel Me Eyue Békalé Gisèle, en analyste politique en herbe, dit pouvoir déceler des «termes injurieux, outrageants et inadmissibles».
Avant qu’Ali Bongo ne se perde en conjectures, Me Gisèle Eyue Békalé s’était déjà égosillé dans un réquisitoire, en exigeant 50 millions d’amende pour le premier délit et 75 millions pour le second. Le verdict est attendu le mardi 16 juin prochain.
Aria Starck