Echos du Nord – Votre journal d'actualités et d'analyses du Gabon

EDITORIAL : L’agenda est la responsabilité du peuple gabonais

EDITORIAL : L’agenda est la responsabilité du peuple gabonais
Désiré-Ename
Désiré-Ename

Par : Désiré Ename

Nous assistons, depuis quelques mois, à des manipulations tous azimuts d’une certaine communauté internationale qui a, en « back office », une panoplie d’affairistes spécialisés dans les marchés tropicaux. Cette sorte de communauté internationale est composée de quelques officines de « conseillers Afrique de… ». En somme, il ne s’agit ni plus ni moins que de charlatans de la politique africaine qui, de ce continent, ne savent pas plus que les palais présidentiels qu’ils ont assidûment visités.

A côté d’eux subsistent de véreux hommes d’affaires, acharnés à capter, coûte que coûte, le contenu du sous-sol de l’Afrique francophone, le produit des forêts de ce pré carré et qui, aujourd’hui, ont accaparé tout le secteur tertiaire, dont la finance. Pour montrer qu’ils ne lésinent pas sur leur entreprise, ils n’ont pas hésité à offrir, gracieusement, des parts de leurs activités non pas aux Etats qu’ils exploitent, mais aux tenants des régimes imposés par eux. L’affaire Delta Synergie, où apparaissent en bonne position Bouygues, BNP, Total et bien d’autres entreprises françaises, est révélatrice de cet état. Cette forme de corruption active ne les émeut pas. Voilà pourquoi, aux fins d’étouffer toutes ces affaires, ils sont également prêts à tout mettre en œuvre pour que leurs hommes, corrompus jusqu’à l’os, restent au pouvoir, malgré la volonté des peuples.

Retenons que ce modus operandi, propre à cette frange de la communauté internationale, n’est pas initié que depuis 2009. Leurs méfaits datent d’avant les indépendances, lorsqu’il a fallu composer le premier gouvernement, en 1958. Bru, richissime exploitant forestier, n’avait pas hésité à corrompre quelques élites à l’Assemblée territoriale, pour imposer leur ordre. Tout comme, lorsque fut perpétré le coup d’Etat au Gabon en 1964, Jacques Foccart, bâtisseur de cette France-Afrique, ne s’était pas hasardé à aller à sa partie de pêche — ce qu’il allégua au moment du renversement de Fulbert Youlou, en 1963. Il orchestra le rétablissement de l’ordre ancien.

Retenons ensuite que les officines de communication de cette frange de la communauté internationale amplifient les idées suivantes : que l’opposition gabonaise est sans boussole ; qu’elle est minée par ses ego ; qu’elle est composée de grabataires créés et enrichis par Omar Bongo ; que cette opposition s’embrouille et ne donne aucune visibilité ; que parler d’élections crédibles et justes traduit la peur de participer aux élections à venir, parce qu’elle n’est pas prête ; que avoir évoqué l’origine douteuse et frauduleuse de l’acte de naissance de sa petite majesté Ali Bongo Ondimba constitue, à leurs yeux, un cas de xénophobie, mettant soigneusement de côté le vrai problème soulevé par les opposants, qui est un problème de droit. Qu’est-ce qui occasionne les gardes à vue successives de Sarkozy, ancien président de la République, et tous ses copains ? Ne sont-ce pas des présomptions d’escroquerie et d’abus de biens sociaux ? A fortiori, un faux administratif conçu par une autorité détentrice de la responsabilité publique. Que dit le Code pénal français là-dessus ? En son article 441-2, il dispose : « Le faux commis dans un document délivré par une administration publique aux fins de constater un droit, une identité ou une qualité ou d’accorder une autorisation est puni de cinq ans d’emprisonnement et de 75 000 euros d’amende ; » L’alinéa 3 est encore plus sévère : « Les peines sont portées à sept ans d’emprisonnement et à 100 000 euros d’amende lorsque le faux et l’usage de faux est commis…par une personne dépositaire de l’autorité publique ou chargée d’une mission de service public agissant dans l’exercice de ses fonctions… » C’est dire que le Code pénal français est très répressif sur la question. Pourquoi ce qui est mal en France, la même France officielle ou officieuse veut le relativiser dans le cas du Gabon, voire le faire admettre ?

Ce que nous venons d’évoquer va se manigancer à l’avenir avec force. Des officines de communication sont déjà en branle en France. La venue du Mogabo ne signifie rien d’autre que le coup d’envoi de cette parade communicationnelle : faire admettre que le seul cap qui vaille la peine aujourd’hui est celui de l’élection de 2016. La connivence entre la prétendue communauté internationale, tapie à l’Elysée, au Quai d’Orsay, puis dans les milieux affairistes, et sa petite majesté est établie. Par des stratagèmes de communication, elle manipule l’opinion gabonaise et des pans de l’opposition, pour faire admettre l’urgence de la désignation d’un candidat de l’opposition, qui en prendrait ensuite le leadership. Lorsque Paul Mba Abessole, Pierre Mamboundou et André Mba Obame furent des leaders de cette opposition, était-ce par un jeu de désignation ? Non.

Quant à l’agenda de ce qui doit advenir, il appartient au peuple gabonais dans ses composantes : société civile, partis politiques, associations et l’ensemble des Gabonais qui s’étaient mobilisés pendant les jours glorieux qui ont marqué les obsèques d’André Mba Obame, de le fixer et de décider de qui portera leur étendard. Quand et comment. La vigilance est désormais de mise face à cette pseudo-communauté internationale identique à la Tour de Pise, qui ne penche que d’un côté, pour paraphraser AMO. L’agenda : ce sont les aspirations profondes du peuple gabonais. Ce peuple dit à l’unisson qu’Ali Bongo Ondimba doit répondre devant la loi, s’agissant de ses documents de naissance, avant d’envisager toute autre chose.

Le peuple gabonais doit donc, d’une part, ouvrir les yeux devant les manipulations de cette communauté internationale qui aide sa petite majesté Ali Bongo Ondimba à mettre sur le cap 2016 pour une élection faite de bric et de broc ;et d’autre part,« défétichiser » le concept communauté internationale. La clé du Gabon est entre ses seules mains.

Articles connexes