LA posture adoptée par l’exécutif et ses proches laisse penser qu’il y a comme un complot contre la culture au Gabon. Et pour cause : dans le projet de société “L’avenir en confiance” porté par Ali Bongo, la culture est minorée. Ce document ne lui consacre que quelques lignes. On ne comprend donc pas, pour reprendre l’étonnement de Jack Lang, qu’on mégote sur la culture au Gabon, alors que “c’est le bonheur de vivre” et un “remède contre la violence”. Autre chose qui hérisse les Gabonais, c’est la baisse des subventions culturelles et les menaces sur les festivals locaux. La fête des cultures n’a-t-elle pas été sacrifiée au profit du Carnaval transporté de Rio de Janeiro au Boulevard du front de mer ?
La culture, c’est beaucoup d’argent, c’est sérieux et c’est en même temps une élévation de l’esprit humain. Pourtant rien ne bouge ou trop peu bouge. Et la baisse du budget de la Culture et des subventions culturelles, au nom d’une certaine budgétisation par objectifs de programme (Bop), est une erreur.
Le peu d’intérêt pour la culture a été manifesté, la semaine dernière, par le quotidien L’Union. Les responsables ont refusé de publier l’intervention du ministre de la Culture, des Arts et de l’Education civique, à l’occasion de l’organisation de la 34e édition de la Fête de la musique, prétextant l’absence d’espace.
Il y a plus et c’est un constat : depuis longtemps, les jeunes Gabonais assistent à des concerts d’artistes étrangers et écoutent beaucoup de musiques provenant d’autres pays.
La scène musicale gabonaise est dépassée par des styles musicaux importés de l’étranger. Même si celle-ci a gagné ses galons grâce au talent et à la volonté d’innover de jeunes artistes issus des quatre coins du Gabon. On ne peut pas les citer tous, mais ils sont nombreux et sont la fierté du pays. Ils méritent d’être connus et reconnus au-delà de nos frontières. Les institutions internationales devraient, avant tout, s’accorder pour mettre en place une économie de la culture. Qu’est-ce à dire ? Beaucoup d’artistes de grand talent n’arrivent pas à vivre de leur art. La précarité est leur quotidien. Il serait souhaitable que les Nations unies ne négligent pas cette réalité, car cette organisation internationale a souvent tendance à prioriser la préservation des cultures anciennes au détriment de l’aide à la création. Les artistes gabonais qui ont eu la chance de réussir à l’international, à l’instar des musiciens Pierre-Claver Akendengue, Annie-Flore Batchiellilys, des peintres Minkoe-mi-Nze, Georges Mbourou-Dondia, etc., contribuent à la visibilité du pays et à son essor économique.
Quand bien même l’art est universel et rapproche les peuples, il y a tout de même lieu de justifier l’exception culturelle, afin de permettre à la culture gabonaise d’être cadrées, d’avoir des quotas et de pouvoir évoluer face à la concurrence des autres pays. Cela devrait faire partie du fonctionnement de notre système culturel. Ce que nous devons défendre à travers l’exception culturelle, c’est toute l’industrie culturelle, les valeurs actuelles et passées.
Par: CEN