Le roi du Maroc Mohamed VI s’offre une vache à lait nommée Gabon
Une balance commerciale excédentaire au bénéfice du royaume du Maroc, sanction de la visite de quelques jours au Gabon du roi du Maroc. Si l’on ajoute à ce résultat le solde de la balance des services, favorable aussi au Maroc, Mohamed VI a des raisons de venir pour la troisième fois en 6 ans, en visite officielle au Gabon. En outre, Ali Bongo Ondimba entend lui offrir le secteur de l’immobilier. Anas Sifrioui qui a repris Cim Gabon en 2013 va construire les logements sociaux au Gabon.
C’est le PDG d’une multinationale à l’appétit vorace, le royaume du Maroc, qui vient visiter une succursale, le Gabon. Ces 6 dernières années le royaume chérifien a acheté les grands fleurons de l’économie gabonaise. L’Union gabonaise de banque (UGB), Gabon télécom et Cim Gabon. Dans le même temps, le Gabon en tant qu’Etat, n’a procédé à aucune acquisition économique au Maroc. Seuls ses citoyens nouveaux riches devenus, à la recherche « d’îlots » où ils pourraient en toute quiétude blanchir les capitaux qu’ils détournent au trésor public du Gabon. Ils ont le droit de posséder des résidences à Casablanca, Marrakech, voir à Fèz. Les mêmes y organisent des fêtes de rêves. Comme ce mariage organisé parle roi téké Ali Akbar Onangua y’Obegue.
Sauf qu’en affaire, le Maroc n’a pas d’état d’âme lorsqu’il prend les commandes d’entreprises gabonaises. Il place à la tête de celles-ci des « cost killer ». Des managers froids,pur jus du capitalisme boursier des années 80. Ils ont un objectif, rentabiliser au plus vite les capitaux investis. Tirer des revenus substantiels à partir de l’existant. Les ressources humaines sont dans ces conditions la variable d’ajustement. Au diable les engagements sociaux pris comme le cas de Gabon télécom. Et tout ce qui peut contribuer à réduire la rentabilité de ces entités, sera porté au passif de l’Etat Gabonais. En clair, le Gabon apure le passif, le Maroc empoche les bénéfices.
Désormais à la tête d’un pan du secteur industriel et financier au Gabon, le Maroc va appliquer la logique économique coloniale. Les biens d’équipements viendront du Maroc. L’effet multiplicateur desdits investissements se fera ressentir au Maroc. C’est-à-dire que lorsque Cim Gabon, Gabon Télécom et l’UGB achètera des meubles à une entreprise installée au Maroc, la valeur ajoutée est captée par le Maroc. A l’exemple d Ali Bongo Ondimba qui fait travailler les italiens lorsqu’il achète une Ferrari.
Cette logique coloniale ne se limite pas là, elle s’applique aussi aux hommes. Le Maroc exporte aussi sa matière grise au Gabon. Tous les postes d’encadrement et autres postes stratégiques de ces entreprises sont détenus par la partie marocaine. Au mépris des dispositions du code du travail gabonais qui encadrent l’emploi d’un salarié étranger.
Les salariés gabonais apparaissent dans l’organigramme de ces entreprises au bas de l’échelle. Alors même qu’ils ont été les vrais bâtisseurs de ces sociétés.Pourtant nantis d’une expérience et une expertise certaine.
Cette situation n’est pas fortuite, elle est le fruit d’une convention négociée en toute liberté et par le Gabon et le Maroc. Le royaume chérifien a tout su simplement imposer ses vues pour défendre ses intérêts.
Le résultat économique ne pouvait qu’être favorable au Maroc. La balance commerciale est positive de près de 4 milliards de Fcfa en faveur du Maroc. Si l’on tient compte des transferts financiers à savoir le rapatriement des salaires des marocains installés au Gabon, ainsi que le transfert des bénéfices de ces filiales vers leurs maisons mères respectives, le solde de la balance de paiement pourrait être multipliépar 10 ou 100par rapport à celui de la balance commerciale actuelle.
Malgré ce déséquilibre patent, Ali Bongo Ondimba s’apprête à offrir un autre secteur au Maroc. L’immobilier. L’homme d’affaires marocain Anas Sifrioui, qui a repris Cim Gabon en 2013, ne cache pas son ambition de venir construire les logements sociaux au Gabon. Surtout qu’il a fait fortune au Maroc par cette activité.
Naturellement la logique coloniale s’appliquera là aussi. Les entreprises qui seront appelées à mettre en œuvre ce projet de logement seront essentiellement des PME marocaines. Les ouvriers viendront du Maroc. Tout comme le reste des intrants de la construction d’une maison. Tôles, carreaux, produits finis de menuiserie, produits de plomberie et produits d’électricité.
Mohamed VI a donc de bonnes raisons « d’aimer » tant le Gabon. Ce pays lui permet de faire tourner son économie et de contribuer à la résolution des problèmes sociaux dans son royaume. Notamment la question du chômage. La seule contrepartie exigée par le Gabon, étant que le monarque marocain, daigne faire des apparitions mondaines aux côtés d’Ali Bongo Ondimba. Sans doute pour lui faire croire le temps de cet instant, qu’il est aussi « roi ».
Jean Michel Sylvain