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CHRONIQUE POLITIQUE : Le gouvernement se fait du ‘’beurre’’ sur le dos de l’agent public

CHRONIQUE POLITIQUE : Le gouvernement se fait du ‘’beurre’’ sur le dos de l’agent public
Gouvernement en conseil des ministres
Gouvernement réuni en conseil des ministres

Par : Paul Davy

Les techniciens affectés à la conception du nouveau système de rémunération, à travers lequel l’Etat s’en met plein les poches en réalisant des économies substantielles, ont vraisemblablement eu pour livre de chevet « Le Prince de Machiavel ». Signes des temps, la finesse du cynisme emberlificotée d’augmentation de salaires, qui passe avec la naïveté complice du public cible, comme une faveur.

Le drame dans cette affaire dans laquelle le gros du contingent des fonctionnaires sort perdant, est que l’Etat, qui logiquement par effet d’augmentation de sa masse salariale aurait tout naturellement enregistré une saignée, se retrouve par la magie de la prestidigitation doublée de démagogie, grand bénéficiaire, avec un plafond budgétaire revue à la baisse, et une assiette fiscale qui prend de l’embonpoint.

Cette cosmétique d’augmentation de salaires donne de la migraine à de nombreux fonctionnaires, dont les revenus mensuels connaissent une cure d’amaigrissement, contrairement au paiement séparé d’antan de la solde de base et des accessoires de solde. Comme cas d’école, choisissons à tout hasard un agent de catégorie A2 à l’indice 345, relativement logé en milieu de tableau. Avant l’entrée en vigueur du nouveau système de rémunération, le net à payer hors accessoires de solde dudit agent, était de 437 mille 270 francs cfa. Avec le nouveau système de rémunération, son net à payer après intégration des accessoires de solde, passe à 637 mille 936 francs cfa. Si l’augmentation est évidente à première approche, elle ne l’est en réalité que pour la solde de base qui se trouve consolidée. Pour un enseignant du secondaire par exemple, il se voit ‘’sucrer’’ mensuellement au moins 100 mille francs de PIFE (Prime d’incitation à la fonction enseignante), outre la PIP (Prime d’incitation à la performance) dont le montant, bien au dessus de la PIFE, était non seulement payé à la tête du client, mieux, connaissait des variations d’un mois à un autre. Mais dans tous les cas, un gap apparait à la croisée des données.

Autres pistes, la part d’impôts à verser à l’Etat, qui passe du simple au double, parfois presqu’au triple. Pour le cas de figure de l’enseignant de catégorie A2 pris plus haut, comme cas d’école, ses retenus passent de 26 mille 796 francs à 46 mille 464 francs cfa.

La gestion des rappels et des carrières, sources d’augmentation de la masse salariale et des salaires individuels, sont plus que jamais sous contrôle vicié de l’Etat, qui peut décider d’ouvrir ou de fermer le robinet. Le passage de l’avancement automatique à l’avancement au mérite, n’est qu’un subterfuge qui dissimule très mal la volonté du gouvernement de se faire ‘’un trésor de guerre’’ sur les fonds qui revenaient systématiquement à l’agent public après une certaine durée – ancienneté-.

Je vous fais l’économie du ‘’beurre’’ réalisé sur les plus de 80 mille fonctionnaires au bas mot, que compte le Gabon. Par souci de transparence et au non de la bonne gouvernance, le gouvernement gagnerait à aller jusqu’au bout de sa logique, en communiquant sur la destination avec traçabilité à l’appui, des économies engrangées.

Sous l’euphorie de cette illusion, il est difficile pour l’heure de cerner l’entourloupe en sous main. Le controversé avancement au mérite, qui occasionnera à dessein la stagnation des plans de carrières, et partant, des salaires, en dépit de l’ancienneté, pourrait être l’un des facteurs qui sortiront sous peu, l’agent public de sa zone de confort.

L’euphorie n’est pas bonne conseillère, nous rappelle l’adage !

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