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EDITORIAL :Peu de temps pour ABO

EDITORIAL :Peu de temps pour ABO
Désire Ename
Désiré Ename

Par : Désiré Ename

Trois personnalités fortes vont occuper le terrain politique dans les mois à venir. Voire au courant de l’année 2016, qui, constitutionnellement, est l’année de l’élection présidentielle. Il s’agit de Raymond Ndong Sima (RNS), Alexandre Barro Chambrier (ABC) et, sans nul doute, Jean de Dieu Moukagni Iwangou (JDMI), le tout jeune président de l’Union du peuple gabonais (UPG) et actuel président du Front, une coalition de l’opposition. Pour une raison simple : les mois qui mènent jusqu’aux portes de cette échéance constitutionnelle seront marqués par l’aptitude à fédérer et la capacité à transcender les clivages classiques opposition-majorité, pour créer une jonction des forces politiques. Vu l’urgence de revisiter le débat sur la nécessité du dialogue politique.

Si RNS et ABC, deux personnalités parfaitement complémentaires, ont en commun un atout, la connaissance et la maîtrise de leur domaine de compétence, Moukagni Iwangou ajoute à la perfection de ce duo un potentiel en matière de droit et de pragmatisme politique. Quel que soit ce que diraient des « PS » (profito-situationnistes) aigris, une recomposition politique nouvelle est en marche. Elle ouvre nécessairement un nouvel horizon politique. C’est incontestable. Horizon qui, à ce qui se dessine, aura comme acteurs principaux ce trio. Scrutons cet horizon sur les fondements des déclarations de ABC, RNS, et JDMI.

ABC, pour ne citer que lui, en battant en brèche les inepties des « PS », a souligné : « Le développement, c’est-à-dire le Progrès qui n’apparaît que dans les pays libres… », est la raison pour laquelle il reste convaincu que les pédégistes ne peuvent pas être « des bons vecteurs de l’approfondissement de la démocratie dans la société », s’ils ne sont pas « en mesure de l’appliquer dans notre maison commune le PDG ». De sa déclaration récente à celle du 27 juin dernier, ABC n’a cessé de souligner le risque que court « notre vivre ensemble ». Menacés par la « dictature des illuminés » et adeptes des « excès de pouvoir ». Incapables de prendre la mesure de la réalité, ces derniers tentent de tout noyer dans « la communication pour la communication » qui ne produira que du mensonge.

La gravité de la situation impose-t-elle autre chose que la vérité ? Et c’est dans ce devoir de vérité que se sont inscrits Alexandre Barro Chambrier, Raymond Ndong Sima et Jean de Dieu Moukagni Iwangou. La nouvelle donne politique exige la sincérité, la vérité, la confiance et la loyauté. C’est dans ces valeurs que vont s’inscrire l’histoire et la pratique politique au Gabon. C’est l’horizon qui se profile. Ce ne sera plus le champ des intrigants. Dans la majorité, ABC, via Héritage et Modernité, les a démasqués et mis à nu. RNS, dans son livre paru en mars dernier, a mis le doigt sur cette caste autour de sa petite majesté Ali Bongo Ondimba. Dans une certaine mesure, Jean de Dieu Moukagni Iwangou a recentré les choses en juin dernier, en reprécisant le cap du Front, qu’épouse de fait le reste de l’opposition. Exiger d’abord un cadre qui garantisse des élections libres, contrairement au prêche de ceux qui, au sein du Front, contre toute attente, ont brisé le pacte de confiance, de loyauté, de sincérité et de vérité établi le 19 juillet 2014 à Libreville, et qui veulent aller à des élections avec sa petite majesté pour négocier après des garanties personnelles.

ABC, RNS et JDMI, trois personnalités, jeunes de surcroît, révèlent, on peut l’affirmer, un courage politique et ont un point de convergence. Un courage politique démontré par leur capacité à transcender les clivages établis à travers la myriade de chapelles politiques classiques qui, très souvent, réduisent les hommes politiques à l’inaction à cause des petits arrangements, compromis et compromissions. ABC n’a pas nié son appartenance politique. Au contraire. Il réaffirme son pédégisme. Mais il estime que lorsque le Gabon va mal, on ne peut rester insensible et silencieux à cause de l’appartenance au PDG. Raymond Ndong Sima a fait le choix de quitter une machine confisquée par une caste. Il n’a pas attendu sa sortie pour dire ce qui n’allait pas. Il a dénoncé étant à l’intérieur.

Moukagni Iwangou a, quant à lui, regardé au-delà du Front en marquant son mandat à la présidence de ce mouvement par un sens du rassemblement qui s’est conclu récemment par l’alliance avec les forces de l’Union des forces pour l’alternance (UFA), l’Alliance pour la construction et la restauration (ACR) et les forces de l’opposition du centre. Avec, en sus, le courage d’avoir dit non à une fantaisie d’appel à la candidature pour réaffirmer les positions fondamentales du Front.

Quant à leur point de convergence, tous les trois militent en faveur d’un dialogue de toutes les forces de la nation pour redéfinir le « vivre ensemble ». Cette nécessité, Barro Chambrier l’a exprimée en mars 2014 dans son fief politique ; Ndong Sima l’a annoncée dans son discours de politique générale en 2012, dans le cadre du projet de la réforme de l’Etat. Moukagni-Iwangou, sans ambages, n’a fait que poursuivre un projet que son parti politique l’UPG a soutenu bien avant les élections de 2005. En adhérant au Front dès juillet 2014, il réitérait cette nécessité. Il va sans dire qu’une recomposition du paysage politique avec un remodelage des équilibres géopolitiques s’est déjà dessinée du moment que des forces du PDG et de l’opposition sont d’accord pour mettre fin, par le dialogue, à la crise qui bloque le Gabon.

Sur ce, sa petite majesté n’a pas d’autre choix que de donner une réponse dans l’urgence. Sachant que cette réponse déterminera soit sa sortie honorable, vu que la vérité des faits le somme d’abroger tout rêve de second mandat, soit qu’elle le précipitera. Comme disait AMO, toutes ces options sont sur sa table. Mais le temps urge.

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