

Apeuré par les fuites de feu qui prennent de toute part au parti démocratique gabonais, PDG au pouvoir, transformé en caverne d’Ali Baba par ses protégés, Ali Bongo décide d’ameuter la vieille garde pour parer au plus pressé.
Michel Essonghe, une relique du Bongoisme – homme lige d’Omar Bongo- et Paul Biyoghe Mba, homme orchestre de la modernisation du parti, sont les pompiers désignés par Ali Bongo au sortir d’une réunion des membres du comité permanent du parti démocratique gabonais, PDG, organisée en urgence le vendredi 3 juin dernier. Une réunion de crise, qui a été motivée par la profusion des foyers de tension dans la maison, avec comme menace à prendre au sérieux, celle frontalement portée par le courant ‘’Héritage et modernité’’. Courant politique dont le porte parole, Alexandre Barro Chambrier, a courageusement et sans faux-fuyant, pointé un doigt accusateur en direction de la ‘’galaxie présidentielle’’ – légion étrangère et Mogabo-, rendue responsable d’une part, du bilan médiocre d’Ali Bongo à la tête du pays, et d’autre part, des menaces qui pèsent sur la cohésion au sein de leur formation politique.
En complice jusqu’à la mort de ses ‘’copains et coquins’’, auteurs de la mise à sac du pays et de la séquestration de leviers de décision du Parti, Ali Bongo ne s’est nullement autorisé à prendre de décisions coercitives à l’encontre de ‘’nouveaux riches’’, qui sont, sans langue de bois, présentés comme d’habiles profito-situationnistes aux chaussures enfoncées dans la boue des chemins tortueux de l’enrichissement astronomique sans cause. Leur mentor a plutôt choisi de botter en touche au nom d’une position médiane. Résultat des courses, Ali Bongo n’est pas allé plus loin que surseoir à l’activisme des mouvements défendant son action politique, dont les gesticulations puériles du tristement célèbre, Mouvement gabonais pour Ali Bongo Ondimba, Mogabo. Un gel d’activités qui s’étend curieusement aux courants politiques du PDG, désormais bâillonnés. Une interférence dans les statuts du Parti, qui vise clairement à neutraliser la capacité de nuisance des frondeurs regroupés autour d’Héritage et modernité.

C’est sur cette mise en quarantaine ‘’‘des protagonistes’’ que sont invités à surfer les ‘’pompiers de service’’. Reste à savoir si de simples discours lénifiants parviendront à ramener de l’ordre dans les rangs, en effaçant soudainement, tel une baguette magique, les couleuvres et autres humiliations infligées par la ‘’légion étrangère’’ et le Mogabo aux vrais PDGistes. Des ‘’protégés’’ d’Ali Bongo qui ont réussi la prouesse de se mettre à dos tout le monde, le peuple gabonais, l’administration publique et particulièrement les différents pans du parti démocratique gabonais, les jeunes, les femmes, les cadres, les parlementaires et même le secrétariat général, en poussant l’outrecuidance jusqu’à s’approprier de force ses attributs. Les ‘’anciens’’ sont probablement les plus meurtris par cette arrogance des ‘’émergents’’, qui les ont maintes fois envoyé paître.
A la lumière de ce qui précède, tout porte à croire que les condamnations de principe des ‘’médiateurs’’ ne suffiront pas à contenir la revanche des ‘’damnés’’, déterminés à rompre avec le règne des ‘’étrangers’’ et des profito-situationnistes. Le recul stratégique que s’imposent de fait les parties, n’est qu’une cessation des hostilités, avant la réouverture du front politique inter au PDG d’ici à la présidentielle de l’année prochaine.
Paul Davy.