
Dans une déclaration dite de mise au point publiée mardi 21 juillet sur le blog du Parti démocratique gabonais, le PDG au pouvoir, son secrétaire général, Faustin Boukoubi, a plutôt donné l’impression de tenter de recomposer une assiette cassée en plusieurs morceaux. Comme pour donner raison à un observateur de la vie politique du pays, qui pense qu’à l’approche de 50 ans de règne, tout régime amorce son déclin.
Un plaidoyer pro domo aux relents de remontrance à certains membres du Mouvement gabonais pour Ali Bongo Ondimba (Magabo) : « (…) Celui là même qu’ils traitaient en 2009 de tous les qualificatifs innommables par décence, demeure dans leurs rencontres sordides un sujet de dénigrement, alors qu’ils l’encensent publiquement. Ce n’est pas du côté de Makokou notamment que l’on me démentirait ». Avant de renchérir : «Et voilà de vils compatriotes, prétendument militants du PDG devenus pour des raisons que même des gamins comprennent aisément, qui osent commanditer des articles contre d’honnêtes citoyens et des militants avérés. Oser insinuer que j’aurais ‘’enlevé mon corps ‘’ en lâchant Chambrier, c’est croire que je suis capable comme eux de trahisons perpétuelles. Je ne mange pas de ce pain là. »
Le 3 juillet dernier, le distingué camarde, Ali Bongo, pour étouffer le schisme qui divise d’un côté les émergents regroupés au sein du Mogabo, et de l’autre côté, Héritage et Modernité (H&M) dont Alexandre Barro Chambrier est le porte-voix, a mis en place un comité technique chargé de redynamiser le parti. Mais au constat, celui-ci peine à prendre ses marques.
Michel Essonghe et Paul Biyoghe Mba, avec l’ambition d’être les seuls membres de ce comité technique, ont surpris l’opinion en lançant un appel à contribution aux membres du PDG. Tant le communiqué a sonné comme un aveu d’échec. Toute chose traduisant que ce comité ferraille pour atteindre l’objectif qui lui a été assigné. Dans cette configuration il est donc clair que chacun des protagonistes de l’implosion du PDG campe sur sa position. La sérénité foutant ainsi le camp.
Faustin Boukoubi, dans son adresse, a implicitement pris position pour H&M : «La dénonciation de la confusion des rôles et des dysfonctionnements du parti n’a surpris personne, tant c’est légion. De même qu’ils aient attiré l’attention du président du parti sur des dérives de la gestion de la chose publique par certains responsables, souvent sans attache avec le PDG, pouvait se comprendre, car relevant de leur rôle d’intermédiaire entre les circonscriptions et la hiérarchie de l’exécutif. »
Aussi, a-t-on appris que lors des auditions par les membres du comité technique des forces vives du PDG la semaine écoulée, les membres du comité de sages ont tenu des propos virulents sur la gouvernance d’Ali Bongo Ondimba. Donnant ainsi raison à l’analyse de H&M.
Pour envaser davantage la rupture au sein du PDG, le porte-parole de la présidence de la République a déclaré la semaine dernière devant la presse que le Mogabo n’a pas été dissous. Le patron du tout nouveau site Stop-kongossa.com a mis au défi quiconque, Ali Bongo Ondimba y compris, de lui présenter les actes de dissolution de son fugace mouvement. En clair, Alain Claude Bilié by Nzé faisait comprendre à ses adversaires du PDG et du courant H&M que les activités du Mogabo n’étaient seulement que suspendues.
Depuis la dissolution officielle du Mogabo, Renaissance d’Yves Fernand Manfoumbi et Convergences d’Hervé Ndong et Maixent Accrombessi reprennent du poil de la bête. La semaine dernière à Lambaréné, digne des escapades sur le terrain du Mogabo, Renaissance a sorti les lapins de son chapeau. La ministre de l’Education, Ida Reteno Assounouet, a été cooptée. Sous la supervision du directeur général des impôts, Joël Ogouma, de multiples dons ont été offerts, avant l’organisation des marches de soutien au chef de l’exécutif.
Faustin Boukoubi assiste, en toute impuissance, à l’irréversible implosion du PDG. Surtout que nombreux sont ceux qui ne croient pas beaucoup à l’efficacité du comité mis en place pour tenter de sauver le bateau de son inévitable naufrage.
Henri Gauthier