
Lors son dernier discours en date, prononcé la 17 août dernier dans la fièvre des festivités de la fête de l’indépendance, Ali Bongo Ondimba, a fait montre d’autosatisfaction de son bilan à la tête du pays. Pourtant, à la réalité, les indicateurs politique, économique et sociaux du pays sont loin d’être reluisants.
En voulant restaurer l’espoir et l’amour chez ses concitoyens, Ali Bongo s’est, une fois de plus, pris les pieds dans le plat en annonçant en grande pompe le don, en réalité la restitution, à l’Etat gabonais de deux hôtels particuliers situés rue de la Baume dans le 8e arrondissement pour l’un, et rue Edmond Valentin dans le 7e arrondissement de Paris, pour l’autre ; mais surtout, la cession de sa part d’héritage paternel à une fondation pour la jeunesse et l’éducation .
Un discours terne, presque provocateur, mais en définitive une supplique dans laquelle son âme agenouillée supplie le peuple gabonais de l’adopter définitivement au pouvoir. Le vice est poussé à son comble lorsqu’il annonce vouloir partager sa part d’héritage avec la jeunesse gabonaise. En tendant une mini-perche aux universitaires par le rêve d’une université dans l’ancienne demeure de son père. Quand on sait que les universités des communes de Mouila (Sud), d’Oyem (Nord) et de Port-Gentil, dans la capitale économique du pays, ainsi que bien d’autres écoles, aussi bien dans le primaire que dans le supérieur, n’ont toujours pas vu le jour. Que certaines des premières pierres des structures promisses croupissent dans les hautes herbes et que d’autre part, l’université publique est en proie depuis des lustres à des problèmes jamais résolus.
De plus, c’est un secret de polichinelle, la résidence du quartier les Charbonnages à Libreville, est au cœur d’un contentieux judiciaire entre Joséphine Kama Bongo ( ancienne épouse d’Omar Bongo) et feu Edith Lucie Bongo Ondimba, même si un jugement du tribunal de Libreville a attribué ce palace à Joséphine Kama, mère supposée d’Ali Bongo. Et à ce jour, rien ne permet de déduire hâtivement de la forclusion de cette affaire, tant la réplique des enfants d’Edith Lucie Bongo Ondimba peut toujours surgir.
Soulignons que les contours de cet héritage dont une bonne partie est dans la viseur des biens mal acquis, sont mal connus et les actifs identifiés, à travers la pieuvre Delta Synergie, sont estimés à des centaines de milliards de Francs CFA. L’on se souvient encore des promesses faites au début de son septennat : la construction de 5000 logements par an, les promesses de construction des universités, de la marina, de la compagnie nationale aérienne et bien d’autres encore.
Ali Bongo, par cette déclaration, confirme le « crime de patrimoinicide » commis par lui et l’ensemble de sa famille. Il aurait mieux fait de restituer, à l’Etat gabonais, tout ce qu’il a, lui-même, détourné quand il était ministre et depuis qu’il est président de la république. C’est là une autre forme d’entourloupe qu’utilise ce « Petit-là » pour espérer contourner la justice française dans le cadre des poursuites judiciaires en cours dans l’affaire des biens mal acquis.
Les pseudo-restitutions de certains biens ne sont que pure diversion. Il veut faire participer l’ensemble des gabonais à la jouissance des biens mal acquis.
S’il y a restitution des biens, c’est aux juges chargés du dossier de définir les modes opératoires. Les Bongo, avec Ali Bongo en chef de file, ne sauraient être à la fois juge et partie. Ce n’est ni à Ali Bongo ni à sa horde de profito-situationnistes de décider de l’usage qui doit être fait des biens dans le dossier des Biens mal acquis.
Imony Kombile Giowou