Par : Paul Davy
Interpellée par les cris de détresse des gabonaises et des gabonais issus tant de la société civile que de la classe politique, qui invitent jusqu’ici, sans succès, à la tenue d’un dialogue national sans exclusif, la communauté internationale fait un appel de phare en activant la diplomatie préventive.
La France et les USA principalement ont pris leurs responsabilités. Paris, ancienne puissance tutélaire, a, face au risque de danger imminent, favorisé en sous-main l’arrivée dans notre pays d’ici à cette fin de mois d’août-à moins que le pouvoir y soit fermement opposé-d’une importante délégation de l’Agence intergouvernementale de la Francophonie, OIF, emmenée par son secrétaire général, Michaelle Jean. Des bons offices qui rentrent officiellement dans le cadre de son programme d’évaluation de l’action politique, axée sur la problématique de l’organisation d’élections libres en Afrique Centrale. Mais, il s’agit dans le fond d’accompagner les forces vives à poser des digues anti scrutins pipés acceptées par toutes les parties. Des digues infranchissables par le tristement célèbre ‘’rouleau compresseur’’, comme pour faire allusion aux manœuvres de fraudes et d’intimidation du système Bongo-PDG en période électorale-.
En soutien aux complaintes interminables des gabonais, victimes de toujours de hold-up électoraux, le département d’Etat américain décide, pour sa part, de mettre également la main à la pâte, en plaçant à la disposition de notre pays, sans contrepartie financière, le National Démocratique Institut, NDI, qui fait autorité dans l’organisation d’élections transparentes dans le monde. Et contrairement aux observateurs internationaux invités, logés et blanchis par le gouvernement, le tout avec jetons de présence à l’appui, le NDI s’autofinance dans ses activités en amont et en aval, allant de la biométrisation de la liste électorale au suivi des contentieux post électoraux. C’est dire que le NDI n’a rien à cirer des mallettes bouées de « bourse de Juda », destinées à fausser la sincérité du vote. L’insipide litanie à laquelle nous ont honteusement habitué des observateurs internationaux à la solde du pouvoir, résonne toujours dans nos âmes meurtries telle une plaie béante:« Le scrutin s’est bien déroulé et les irrégularités ne sont pas de nature à compromettre les résultats ».
Face à l’hypothèse du gouvernement d’opposer une fin de non-recevoir à ces deux offres déterminantes, au nom de la souveraineté nationale qu’il prétendra défendre, le président du Front uni de l’opposition pour l’alternance, Jean de Dieu Mouckagni Iwangou, frontalement engagé dans la bataille pour la transparence du vote au Gabon, a réagi en ces termes : « Le gouvernement endossera alors devant la communauté internationale sa véritable nature. Ce qui n’est pas le moindre mal ! », fin de citation.
Soulignons que même si les efforts louables de la communauté internationale visant à bouter Ali Bongo du pouvoir se heurtaient à l’opposition de Bongo II, il revient en dernier ressort aux seuls gabonais de se donner les moyens d’appuyer sur le bouton ‘’éjecte’’, en maintenant sans relâche la pression. Pression marquée par des invitations renouvelées à sa démission, par une ferme opposition à sa candidature à toute élection politique pour faux en écritures publiques (faux acte de naissance), outre l’exigence de la mise à plat des institutions dans le cadre de la refondation de l’Etat.
C’est à ce prix que nous rendront utile l’appel de phare de la communauté internationale visant à éviter au Gabon de basculer vers l’irréparable.