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CULTURE : la circoncision dans la communauté kota : une vision du monde

CULTURE : la circoncision dans la communauté kota : une vision du monde

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Etape prépondérante dans la construction de l’homme, la circoncision chez les kotas – ethnie du Gabon- est un rituel chargé des vertus cardinales qui concourent à l’accomplissement d’une vie. Elle est le terreau par excellence de transmission des valeurs qui militent en faveur de l’élévation spirituelle de l’homme au sein de sa communauté « kota ». C’est un moment particulier de communion et de cohésion sociale. Les membres de la famille sont le plus souvent appelés à se doper d’un mental de fer, en vue d’être dispensés de la peur, en ces moments de basculement du candidat à la circoncision au cercle fermé des « mâles ».

Durant les grandes vacances de chaque année (période d’été), les membres des deux familles -paternelle et maternelle- se retrouvent pour donner du sens à la vie de l’un des leurs, jugé mature. Cela, par la mise en évidence de toutes les étapes de l’initiation au « mogala », danse autour de laquelle la circoncision est organisée. Lesquelles étapes comportent une sémiotique non moins importante dans le processus de préparation et de fortification physique, morale, voire spirituelle de l’impétrant, quelques jours avant l’épreuve fatidique qui consiste à sectionner chirurgicalement l’épiderme, afin de libérer la verge de l’appareil génital du jeune homme.

Au départ, il est demandé aux parents de procéder à la présentation de l’impétrant à tous les initiés autour d’un repas, « kounda » en langue kota. Ici, il s’agit de faire en sorte que tous les anciens puissent donner leur aval. A contrario, si l’un d’eux aurait un différend avec le jeune candidat à l’épreuve de la circoncision, il le fait savoir, afin que la famille prenne des dispositions nécessaires pour éviter que leur enfant connaisse des complications le jour J. Cette étape est suivie d’une phase de purification du candidat. Il s’agit notamment de le soumettre à un régime alimentaire particulier. Celui-ci est fait à base des produits susceptibles d’empêcher l’hémorragie au moment de l’incision. Notons par ailleurs, la consommation des décoctions médicamenteuses visant à nettoyer l’organisme pour éviter la nausée qui peut être provoquée par la consommation des produits durant la veillée qui précède le rituel.

Un jour avant l’épreuve, tout le village est immobilisé pour donner un cachet particulier à la cérémonie. Mobilisation marquée entre autre, par une grande excursion dans la forêt environnante, « Nténté ». Véritable randonnée d’intronisation du candidat autour d’un rituel qui demeure un secret de polichinelle chez les  kotas. De retour de la forêt, le(s) jeune(s) est/sont maquillé(s) et habillé(s) d’une tenue particulière, une sorte de cache-sexe fait à base des serviettes, au milieu d’une haie composée de plus de cent personnes, scandant des slogans révélateurs des petites histoires des membres de la famille. Cela les conduit à la grande veillée, en attendant le lendemain, en début de matinée, pour « cisailler » l’impétrant qui aura passé toute la nuit sans fermer l’œil.

Après cette phase, le néo-initié est plongé dans une longue période de cicatrisation de la blessure. Période durant au moins un mois. De l’eau, c’est essentiellement le produit avec lequel l’on traite la blessure née de l’incision, outre l’usage d’une feuille -herbe- appelée « ngoye », qui fait office de compresse. Pendant la période de guérison, le jeune l’initié ne doit ni se laver, ni porter de culotte et encore moins de pantalon. Son seul habit est un pagne.

L’homme chargé de traiter le nouveau circoncis doit être pur. Pour cela, il ne doit pas toucher de femme durant la période de guérison de son patient. Il en est de même pour la femme chargée de faire le repas de l’initié, « emboni » en langue kota. Le bain de ce dernier est fait à base d’eau associée au tronc de bananier. Les produits cosmétiques naturels sont essentiellement l’huile d’amande et le kaolin.

David Chance

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