Les coups de boutoir de l’ARENA au discours à la Nation d’Ali Bongo
17 août 2015 ! L’histoire du Gabon retiendra que cette date a été choisie par Ali BONGO ONDIMBA et ses courtisans pour prononcer le discours à la nation marquant le 55ème anniversaire de notre pays, contrairement aux usages républicains jusqu’ici observés. Par cette initiative commandée aussi bien par la puérilité que l’amateurisme qui les caractérise, ils viennent lever les derniers doutes concernant leur capacité à conduire le Gabon vers des lendemains meilleurs.
En effet, visiblement surpris par une date pourtant connue d’avance, Ali BONGO ONDIMBA vient de rompre avec un usage républicain, remarquable à travers le monde, en prononçant son adresse à la nation le jour même de la date anniversaire de l’accession de notre pays à la souveraineté internationale, contrairement à tous les 54 précédents anniversaires et à ses prédécesseurs, qui se sont toujours adressés à leurs compatriotes la veille, c’est –à dire le 16 août. Cette énième peccadille trouve sa source dans les caprices d’un enfant trop gâté, qui se croit tout permis et qui n’a pas suffisamment cerné la valeur des usages républicains, pas plus que celle de la Constitution déjà tutoyée à souhait, en plus de ne pas avoir une petite idée des charges qui sont les siennes. Toute cette pagaille au sommet de notre pays accrédite bien les thèses d’un amateurisme d’État et témoigne, au besoin, de la platitude qui y prévaut. Peut-être que l’an prochain, la fête de l’indépendance coïncidera avec la date anniversaire de Ali BONGO ONDIMBA, celle du PDG ou encore celle d’un proche !
Le discours d’Ali Ben BONGO ONDIMBA est un répertoire de louanges à sa propre gloire. Sans pudeur ni humilité, celui qui est heureux quand « ses amis étrangers du Gabon » sont heureux se livre à un exercice d’autosatisfaction en dressant un tableau outrageusement élogieux de son action à la tête de l’État depuis 6 ans. Ce faisant, il conforte le point de vue de l’ARENA sur l’amnésie et la surdité qui affectent la plus haute institution de notre pays par rapport aux cris quotidiens de souffrances et de misères du peuple gabonais.
Remarquablement à la recherche du sensationnel, Ali Ben BONGO, dresse un chapelet de réalisations perçues uniquement par l’exécutif et ses affidés. Il se congratule notamment de la mise en place d’un État de droit, alors que dans le même temps, d’une part, notre pays attend toujours d’émarger aux nombres des pays véritablement démocratiques, et d’autre part, plusieurs de ses collaborateurs, ces injustifiables qui roulent carrosse dans nos rues, sans honte ni décence, accusés en permanence de crimes rituels et de détournement de deniers publics, sont protégés par lui.
Comment se féliciter de l’accélération de la croissance économique entre 2010 et 2014 pour une moyenne de 5%, alors que tous les Gabonais savent que l’activité économique a baissé de régime, que plusieurs entreprises ferment et licencient au quotidien dans toutes nos localités, notamment à Port-Gentil où la situation devient chaotique ? Quel cynisme !
L’ARENA et le peuple gabonais ne sauraient s’accommoder avec ces chiffres erronés qui n’ont aucun impact sur le panier de la ménagère.
Dans le domaine agricole, alors qu’on attendait que les différents projets existants financés à coups de milliards par l’État gabonais et l’ensemble de ses partenaires soient boostés, Ali Bongo Ondimba, comme à son habitude, nous amène un autre gadget : le projet GRAINE. Ce projet, comme tous ceux qu’il a initiés, n’est qu’une vue d’esprit. Car, en sillonnant l’arrière-pays, rien n’est visible en terme de terres cultivées, en dehors des voitures de luxe gravées « projet GRAINE », visibles surtout à Libreville et servant aux randonnées des différents responsables de ce projet. Nous observons néanmoins quelques efforts consentis par des compatriotes qui s’investissent à titres privés dans le domaine agricole. Les femmes et les jeunes qui seraient les premiers bénéficiaires du projet GRAINE attendent toujours le financement qui leur a été promis par Ali Ben BONGO.
Au moment où le chômage accable considérablement les jeunes dans notre pays, Ali Bongo Ondimba, après l’organisation des différents forums des jeunes qui n’ont produit aucun effet sur le quotidien de ces derniers, vient une fois de plus tutoyer l’avenir de cette catégorie de la population en lui offrant, sur fond de démagogie, quelques biens mal acquis.
Cette générosité circonstancielle, qui cache mal un clin d’œil relatif à ses ambitions pour 2016, coïncide curieusement avec le calendrier de la justice française qui poursuit les « Bongo » pour les biens mal acquis. Elle se manifeste également au moment où les héritiers d’Omar Bongo Ondimba ne se sont pas encore accordés sur l’étendue et le partage de la fameuse rapine.
Le don à titre « gracieux » de la villa dite des charbonnages à la jeunesse pour abriter une université est un mirage de plus dans la galaxie émergente. En voulant à tout prix s’attirer les faveurs de la jeunesse gabonaise en vue des élections présidentielles de l’an prochain, Ali ben BONGO reconnait l’échec de sa politique de formation. En lieu et place des universités de Port-Gentil, Oyem, Mouila et Bouée promises lors des conseils de ministres délocalisés, le « Président des promesses non tenues » préfère recourir à l’arme du PDG : les dons ! Il ignore sans doute que les trois éditions des New York forumAfrica, les courses de bateaux de luxes, le Carnaval de Rio délocalisé à Libreville, les matchs de football de prestige, les avions achetés à la princesse, les artistes internationaux invités au Gabon, ses nombreux voyages en villégiature, etc. ont couté de fortes sommes d’argent qui auraient dû être utilisées pour construire et équiper plusieurs universités de classe mondiale.
Par cette politique de dons, Ali BONGO ONDIMBA vient de tourner définitivement la page de la construction d’un État de droit, pour un État de dons. Comme son père avant lui, voilà ainsi dévoilé le véritable projet de société de l’héritier des BONGO.
En réalité, « l’héritier des biens mal acquis » se sait mal politiquement. Il use donc de tous les stratagèmes pour tenter de se relancer.
Il gagnerait, comme nous lui avons déjà suggéré, à déposer le tablier pour se consacrer uniquement à faire des dons des « biens mal acquis » par sa famille à travers le monde. Peut-être que l’histoire mondiale retiendra de lui l’image d’un personnage aimable !
L’ARENA affirme qu’il est trop tard pour lui et ses amis. Les Gabonais n’ont pas besoin de dons, mais des droits ! Ils ont besoin d’un État qui travaille et qui met à leur disposition de l’eau et de l’électricité, des logements, des hôpitaux bien équipés, des écoles modernes, de l’emploi permanent, de l’autosuffisance alimentaire, etc.
Ali Bongo Ondimba, Robin de bois de temps moderne, aurait pu nous dire, dans son élan de générosité intéressée, à combien est évalué l’héritage de feu Omar Bongo Ondimba et quelle est le niveau exact de la part qui lui revient, avant de se précipiter à une cession issue d’un partage de biens conflictuel mal acquis.
L’attitude d’Ali Bongo Ondimba ressemble bien à celle d’un homme ayant mille pépites d’or dans une main et trois pépites d’or dans l’autre. Envahi par un élan de bonté qui cache mal son machiavélisme, il décide de montrer et partager les trois pépites d’une main, cachant pour lui tout seul les mille de l’autre main. Voici, chers compatriotes, le genre d’homme qui s’est hissé à la magistrature suprême de notre pays en septembre 2009.
Dans tous les cas, que l’héritier de la dynastie BONGO le sache bien une fois pour toutes : le Gabon a été spolié presque 50 ans durant. Et tous les biens mal acquis appartiennent de droit à l’État gabonais, et donc au peuple gabonais. Ils doivent lui revenir non sous la forme de dons gracieux, mais sous la forme de biens restitués à son véritable propriétaire ! Le reste n’est que diversion et démagogie. Le peuple gabonais ne demande pas l’aumône. Il demande ce qui lui revient de droit.
Le Président
Richard MOULOMBA MOMBO