Les élus du 3ème arrondissement de Libreville pestent contre l’autoritarisme du ministre de l’intérieur

Le maire du 3ème arrondissement de Libreville, Edwige Pulchérie Endem Obam, entourée des élus et des chefs de quartiers de son périmètre administratif dans l’enceinte du ministère de l’intérieur
La décision unilatérale du ministère de l’intérieur de procéder à la délimitation des arrondissements de la capitale gabonaise, dans le cadre du processus de son adressage, essuie une volée de bois vert des élus et chefs de quartier du troisième arrondissement. Les protestataires ont battu le pavé jusqu’au cabinet du ministre de l’intérieur dans la matinée du lundi 24 août, pour laisser éclater leur colère.
C’est le décret n° 862 du 28 octobre 2013, portant délimitation du périmètre urbain de Libreville, qui sème la brouille entre les services du ministre Guy Bertrand Mapangou et les élus et auxiliaires de commandement du 3ème arrondissement de Libreville. Décret dont la mise en œuvre ampute au 3 ème arrondissement de Libreville cinq quartiers, et avec eux, leurs différents chefs. Citons parmi les quartiers visés par cette amputation visiblement surprenante : PK7, Terre nouvelle, PK8 et Plein ciel Bissegue. Ces quartiers basculent dans le 5 ème arrondissement. Autres quartiers totalement ou partiellement frappés par la mise en œuvre du décret n° 862, Belle-vue 2 et Belle-vue 3, qui quittent le périmètre administratif du 3 ème arrondissement au profit de celui du 4 ème arrondissement.

Edzome Jean Marie, chef de quartier, Plein ciel Bissengue et Ondo Michel (lunettes), conseiller municipal élu au quartier PK 8, deux victimes collatérales de ce décret
Décision datant d’octobre 2013 et fraîchement exhumée des tiroirs du département en charge de l’intérieur, au grand désarroi des conseillers municipaux, sénateurs et chefs de quartier du 3 ème arrondissement de Libreville qui crient au loup. Les élus et associés dénoncent la prise d’un décret en violation des dispositions en vigueur. Dans leur entreprise de mise à nu de la violation des procédures, les élus et chefs de quartier concernés déplorent, avec énergie, le fait de n’avoir pas été associés à l’élaboration de cette nouvelle délimitation qui met à mal l’article 14 de la loi15/96 sur la décentralisation. Loi qui commande à la prise en compte du conseil d’arrondissement concerné, dans pareil cas de figure.
Après avoir battu le pavé de la mairie du 3 ème arrondissement au ministère de l’intérieur, puis avoir vainement fait le pied de grue pendant près de deux heures, dans l’enceinte du ministère de l’intérieur, pour obtenir l’annulation de ce décret jugé contre-productif, les élus et chefs de quartier sont rentrés bredouille, en dépit des demandes formelles d’audience faites. Une cinglante fin de non-recevoir qui n’a pas été du goût des visiteurs : « Le ministre a refusé de nous recevoir, nous prenons acte », déclarait la voix chargée, après avoir été trimballé dans les couloirs du ministère de l’intérieur, le sénateur du 2ème siège du 3ème arrondissement de Libreville, Henri Hugues Ebinda Bessaque.
Paul Davy