MICRO-TROTTOIR :Des gabonais nous confient ce qu’ils pensent du discours à la Nation controversé d’Ali Bongo (17 Août 2015)

Posté le 21 Août 2015
Par :
Commentaire (s) inactif

jeunesse

Annonce jugée par plus d’un des plus loufoques et sans grand lien avec le contexte, Ali Bongo vient de promettre de partager avec la jeunesse du Gabon son héritage litigieux, au cœur du procès sur les biens mal acquis. Rencontrés dans les rues de Libreville, de jeunes gabonais nous ont paratagé leurs impressions.

N.B : (Par crainte de représailles au regard de l’Etat policier qu’est le Gabon, nos interlocuteurs ont préféré ne pas décliner leurs identités complètes, refusant même de se laisser photographier)

Propos recueillis par : Nedjma le Monde

 

Freddy (Chroniqueur sportif) : Même si cela s’apparente plus à de la restitution et à une grande action de communication  « spectaculairement orientée  politique », ce legs (s’il s’avère effectif) devrait aussi être vu d’un bon œil, car cela dénote de sa volonté de se racheter sans doute, donc de faire mieux.

Yannick (Agent commercial) : Plutôt qu’un cadeau, c’est une insulte à la jeunesse gabonaise. On ne peut distribuer quelque chose qu’on ne possède pas. Ali Bongo ne connait même pas encore sa part d’héritage. Il y a d’abord le problème de l’authenticité de son acte de naissance. Le notaire n’a pas encore signifié à qui revient telle ou telle part de l’héritage. Cette richesse, tous les gabonais et le monde entier savent que ce sont des biens mal acquis. Donc, ces biens appartiennent aux gabonais. Il ne peut donc pas nous offrir ce qui nous appartient.

Elsie (Chômeur) : Je ne serai pas longue. En tant que gabonaise et jeune, je souhaite qu’il quitte seulement le pouvoir. Tout ce qu’il peut faire n’est rien. Qu’il quitte le pouvoir, ce serait le meilleur cadeau.

Larissa (Journaliste) : Je pense que c’est à priori une décision très louable. Entendre un président de la République dire qu’il partage sa part d’héritage avec la jeunesse du pays dont il a la charge, c’est une première en Afrique. Toutefois, la concrétisation de cette décision reste fort attendue par la jeunesse voire par la communauté internationale afin de rendre crédible les propos du chef de l’Etat. En outre, cette décision, aussi appréciable qu’elle soit et qui intervient à juste titre à l’approche de l’élection présidentielle de 2016, n’est elle pas une forme de stratégie politique en vue de gagner la conscience des jeunes gabonais? Rien n’est moins sûr. Qu’à cela ne tienne, l’avenir nous dira peut être un peu plus.

Jerry (Journaliste indépendant) : Honnêtement, à première vue, cette décision pourrait être considérée comme un acte qui s’inscrit dans le cadre de la politique dite de partage qu’Ali Bongo prône depuis un temps. Mais, pour les observateurs avertis comme moi, cela est considéré comme une réponse à la pression dont certains chefs d’Etat africains sont victimes dans le cadre du procès sur les Biens mal acquis ouvert par la justice française. Avant lui, Theodorin, fils du président Equato-Guinéen, avait déjà posé un acte similaire, en cédant une partie de ses biens aux USA, à l’Etat guinéen. C’est donc une fuite en avant s’agissant des biens mal acquis.

A propos de l'auteur