Retour sur la dernière journée des assises démocratiques de la société civile gabonaise ( 24 au 26 Août 2015)

00 Heures 12 : Rideaux sur les travaux et retrait des officiels et invités

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Photo de famille de fin des travaux

21 Heures 25 : Arrivée à la chambre de commerce de Libreville du président des assises, le Pr Albert Ondo Ossa et début de la cérémonie de clôture de ces assises démocratiques nationales de la société civile gabonaise

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Pr Albert Ondo Ossa

21 Heures 20 : Condensé de la commission délit de faux et usage de faux d’un candidat ou d’un président en exercice, avec son président, Bruno Ondo Mintsa

Bruno Ondo Mintsa
Bruno Ondo Mintsa

« On a reconnu le délit que renferme l’acte du chef de l’Etat, qui a introduit un faux acte de naissance dans son dossier à la présidentielle anticipée de 2009. Et pour notre commission, s’il y a un faux, c’est qu’il y a des auteurs de ce faux, qui sont les gens qui ont réalisé le faux.

Ensuite l’usage du faux. Dans ce cas de figure, c’est non seulement l’individu à qui on a établie le faux, mais également les institutions qui ont validé le faux en question. A ce niveau, le débat juridique est danse et on constate que les juridictions gabonaises ont opté pour le déni de justice. A partir de cet instant, il ne reste plus d’une seule voie, qui est une voie constitutionnelle, puisque notre constitution reconnait la déclaration de 1789 qui pense que lorsque les institutions sont devenues défaillantes, l’unique recours qui reste au peuple, reste l’insurrection.

L’insurrection qui est qualifiée par certains comme la voie de la rue. Mais je voudrais rappeler aux citoyens que c’est une disposition constitutionnelle, donc, c’est faire recours à une force de loi qui est prévue dans notre texte fondamental »

 

20 Heures 50 : Condensé de la commission stratégies et modalités de sortie de crise, avec son président, Marc Ona Essangui

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Marc Ona Essangui

« Trois principaux niveaux de crises ont retenu notre attention, aux niveaux politique, économique et social. Pour ce qui concerne la crise politique principalement, le plus important est de parvenir aux reformes institutionnelles qui vont accompagner l’établissement d’un Etat de droit. Qui dit Etat de droit, dit la justice pour tous, la bonne gouvernance, le respect des droits de l’Homme.

Et une fois que tout ça est acquis, le contrôle citoyen de l’action publique est effectif, et par conséquent, on tue le principe des Hommes forts, au profit du renforcement des institutions, qui aboutira in finé à l’organisation d’élections transparentes »

20 Heures 30 : Condensé de la commission reformes et amendements indispensables, avec son président, Jonathan Ndoutoume Ngome

Jonathan Ndoutoume Ngome
Jonathan Ndoutoume Ngome

« On a fait le constat de la crise au Gabon et de ses déséquilibres. Nous avons dégagé deux dimensions de contexte, celui lié à la colonisation et celui lié au contexte post conférence nationale de 1990 , qui est suivi de modifications constitutionnelles qui contribuent à déséquilibrer les institutions.

Notre commission a réaffirmé son attachement au principe de la séparation des pouvoirs, entre les pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire. D’autre part, nous avons dénoncé la très forte concentration des pouvoirs aux mains du seul Chef de l’Etat, en ne laissant que la portion congrue au Premier ministre, qui est un autre pan de l’exécutif.

L’effectif pléthorique des parlementaires a fait l’objet d’une attention. Nous avons 120 députés et 102 sénateurs pour une population d’un million d’habitants. Face à ce qui précède, nous proposons une revue à la baisse du nombre de parlementaires, au prorata de la population et la superficie des circonscriptions politiques. Ce qui nécessitera un redécoupage administratif et électoral.

Au niveau du pouvoir judiciaire, nous proposons que le président de la république ne soit plus président du conseil national de la magistrature, dans le cadre de la séparation des pouvoirs. Dans le même ordre d’idée, nous appelons à l’élection des présidents d’institutions judiciaires par leurs pairs. Un principe de désignation par les pairs, que nous souhaitons voire également être appliqué au niveau du conseil national de la communication, dont les décisions sont comme frappées du sceau du père fouétard, surtout vis-à-vis des médias critiques à l’encontre du pouvoir »

 

19 Heures 30 : Condensé de la commission suivi de l’agenda national de sortie de crise, enjeux et perspectives, avec son président, Georges Mpaga

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Georges Mpaga

«  Nous avons formulé quatre axes d’interventions stratégiques pour rendre opérationnel l’agenda national de sortie de crise.

Dans un premier temps, nous estimons qu’il faut que la population s’approprie les conclusions de ces assises. Ce qui necessitera la vulgarisation du mémorandum et du rapport général des travaux, dans un délai d’un mois.

Le deuxième axe, c’est le plaidoyer. Il vise à sensibiliser et susciter l’adhésion des décideurs politiques et de la communauté internationale.

Troisième axe c’est la sensibilisation et la mobilisation de la population à travers des causeries, des opérations porte à porte et des meetings à l’échelle nationale.

Le quatrième axe d’intervention, est la concertation des forces vives. Il s’agira ici de l’organisation d’un dialogue national inclusif, que nous envisageons dans un délai de quatre mois »

 

15H 30: Présentation des 8 commissions en atelier aux assises démocratiques nationales de la société civile gabonaise

1- Commission scientifique/ synthèse des conférences (diagnostic de la crise ; enjeux et perspectives)

Cette commission a pour objectif de faire la synthèse la plus claire possible des interventions.

2- Commission Reformes et amendement indispensables

Cette commission se penche sur les réformes indispensables à une sortie de crise.

3-Commission stratégies et modalités de sortie de crise

Cette commission se doit de concevoir et organiser les actions de plaidoyers, en vue d’une large diffusion des recommandations des assisses.

4-Commission calendrier et processus de sortie de crise

Cette commission se veut d’étudier la possibilité de mise en place d’un mécanisme d’ajustement entre le calendrier de réforme des institutions et celui du processus électoral.

5-Commission délit de faux et usage de faux d’un candidat ou d’un président en exercice

Le président en exercice du Gabon, Ali Bongo Ondimba, a été pris en flagrant délit de faux et usage de faux. En termes clairs, ce dernier a fait usage d’un document non conforme à la loi, dans la confection de son dossier de candidature à la présidentielle anticipée de 2009. Cette commission a pour objet de se focaliser sur ce cas atypique de président sans papiers

6-Commission suivi de l’agenda National de sortie de crise, enjeux et perspectives

 La commission se doit de proposer un chronogramme de sortie de crise, devant encadrer le départ du pouvoir d’Ali Bongo

7-Commission Amnisties et sécurisation de la Famille Bongo et de ses proches, modalités de départ du Chef de l’Etat actuel

8-Commission dédommagements des victimes des tortures et autres violences infligées par le régime Bongo-PDG

 

14Heures 20 : Début des travaux en commissions

 

13Heures 30 : Bruno Ondo Mintsa, président de l’association REAGIR, basée à Paris

l'Abbé Bruno Ondo Mintsa, président de Réagir
l’Abbé Bruno Ondo Mintsa, président de Réagir

Après des clins d’œil aux martyrs du système Bongo-PDG, ce dernier a brossé les initiatives de l’Ong « Reagir » basée en France, qui visent à la promotion de l’Etat de droit au Gabon. N’excluant pas le recours aux juridictions internationales si les institutions locales se refusaient à lire le droit.

En 7 ans, le Gabon a géré plus 18 mille milliards, alourdissant la dette du pays, que Bruno Ondo Mintsa a qualifié de dette odieuse, du fait de son utilisation hors des intérêts de l’Etat . Le pays est gagné par une politique sociale piteuse, dénonçait-il avec force. A l’heure du bilan, il a exhorté les amis du Gabon à ne pas continuer à être complices de ces pratiques, qui foulent au pied les fondamentaux de la charte des Nations Unies.

Désormais, il n’est plus question que le Gabon soit un prête-nom pour enrichir certaines familles, dixit Bruno Ondo Mintsa.

En septembre prochain, Reagir porte plainte devant les tribunaux de Paris contre la nébuleuse Delta Synergie, pieuvre au service de la dynastie Bongo qui siphonne à tour de bars les derniers publics. Au peuple gabonais, il a exhorté à se départir de la peur, en soulignant que Dieu nous attend sur le terrain de l’action.

 

12 Heures : Intervention de Ndong Aboghe, président de l’Ong ‘’ On ne m’achète pas’’

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Dans son propos, le président de de l’Ong ‘’ On ne m’achète pas’’, a dénoncé la caporalisation des institutions républicaines, à l’instar de la cour constitutionnelle, la commission électorale nationale autonome et permanente, le conseil national de la communication, dont les membres sont nommés par des hiérarques du parti au pouvoir, qui se sont arrogé tous les leviers de pouvoir.

Pour Ndong Aboghe, il n’y a pas de liste électorale biométrique au Gabon, mais une liste électorale informatisée. Déplorant au passage que 41 milliards de francs cfa aient été engloutis pour la biométrisation du processus électoral, sans résultats probants.

Sur le volet moralisation de la société, Ndong Aboghe s’est insurgé qu’aujourd’hui les capacités intellectuelles ne soient plus des critères de promotion sociale. Les vertus sont remplacées par des pratiques immorales et parfois odieuses comme l’homosexualité et les crimes rituels. C’est désolant qu’il faut maintenant ‘’ramasser l’aiguille’’, allusion à la pratique de homosexualité pour bénéficier des positions privilégiers. La  »méritocratie » a foutu le camp !, pestait-il.

Signe des temps, poursuivait-il, l’entourage du chef de l’Etat est truffé d’anciens taulards, de personnalités à la moralité douteuse. Toute chose qui participe de la faillite de l’Etat. Se dépouillant de tout esprit défaitiste, Ndong Aboghe a souligné : ‘’Nous avons le devoir de rester debout, au nom de l’émergence d’un environnement d’Etat de droit’’.

¨Pour la création d’une nouvelle république, osons nous débarrasser de ces tares qui tirent le pays par la bas ».

 

11 Heures : Intervention de Jonathan Ndoutoume sur la crise politique du Gabon

Jonathan Ndoutoume Ngoua, enseignant-chercheur en Géopolitique.
Jonathan Ndoutoume Ngoua, enseignant-chercheur en Géopolitique.

La fragilisation des institutions dans notre pays entraine l’échec du retour au pluralisme politique en cours, après la conférence nationale de 1990.

Les maux qui minent notre pays s’exacerbent de plus belle: pauvreté, corruption, déni de démocratie, détournement massif des fonds publics etc… . Une preuve que la crise dans laquelle est plongé le Gabon est bien réelle.

Au vue de ce qui précède, Jonathan Ndoutoume a attiré l’attention sur les dangers d’une probable implosion, si rien n’était fait. Le Gabon devrait regarder de plus près, soulignait-il, la démission des forces de sécurité et des défense, dans leurs missions régaliennes de protection des personnes et des biens. Il a par ailleurs dénoncé des recrutements à base ethnique dans les rangs de l »armée, qui s’inscrivent de fait en dehors des normes républicaines.

Selon Jonathan Ndoutoume, il serait plus que jamais judicieux de songer à la restructuration des forces de sécurité dans notre pays.