

Par : Jonas MOULENDA
Mesdames et Messieurs,
Je vous écris aujourd’hui pour saluer de nouveau votre engagement pour un Gabon juste et prospère. Je voudrais vous rassurer que je me tiens à vos côtés pour mener avec loyauté le combat pour la libération de notre pays. Tôt ou tard, cette lutte portera des fruits, que nous pourrons tous savourer. « Celui qui attend longtemps au puits finit par trouver un seau à puiser », aimait à dire mon grand-père.
Notre pays se trouve aujourd’hui à la croisée des chemins. Son destin doit être construit par nous et non par d’autres personnes qui n’ont pas d’attaches ni avec la patrie ni avec nos ancêtres. C’est une erreur de penser que des métèques profito-situationnistes feront le bonheur de notre Gabon. Il n’y a que nous qui savons la détresse et la souffrance de la population. Il n’y a que nous aussi pour en parler aisément et chercher les solutions aux problèmes de nos semblables. Mon aïeul disait: « Seul le crapaud peut dire si le caïman a mal aux yeux. »
N’attendons pas un hypothétique bien-être, sous prétexte que nous sommes jeunes et que nous avons l’avenir devant nous. C’est comme si, pendant que les aînés vivent leurs rêves, le temps doit s’arrêter pour nous, qui devons au mieux rêver nos vies. Nous ne pourrons compter que sur nous-mêmes parce que ceux-là qui devaient nous montrer la route à suivre se sont disqualifiés par des compromis et des compromissions qui font d’eux de simples exécutants de donneurs d’ordres et de leçons. « On ne cherche pas le remède du doigt malade chez le lépreux », m’expliquait mon papy.
La survie de nos gouvernants actuels dépendra de notre résignation et de notre passivité. Le salut du Gabon ne viendra que de nous et non d’ailleurs. C’est par la lutte contre nos satrapes au pouvoir et par le combat pour la liberté que nous réussirons à changer les choses dans notre pays. Notre rôle historique est d’animer la révolution en marche. Nous sommes appelés au secours de notre nation qui offre au monde le spectacle désespérant et humiliant de l’incapacité absolue à exister par elle-même. Nous pouvons conduire la révolution sans les politiques. Mon grand-père me faisait d’ailleurs remarquer que « même s’il n’y a pas de coq pour chanter à l’aube, le jour se lèvera. »
Notre engagement constitue pour nous une occasion de construire l’espérance de toute une nation. La démocratie sera la fin et le moyen de la transformation sociale. Elle garantira l’égalité entre les citoyens dans les choix politiques. Elle sera le seul moyen de permettre au peuple de décider librement de son destin collectif. Le débat démocratique sera le seul moyen de dégager l’intérêt général. Dans tous les pays où il y a eu la révolution, celle-ci a été menée par la société civile. Nous sommes donc des faiseurs de rois. « C’est grâce à l’arbre que la liane se tient debout », disait encore mon aïeul. Nous devons faire en sorte que la démocratie ne s’arrête plus au droit de vote, mais qu’elle se manifeste plutôt dans toutes les sphères de la vie économique et sociale.
Notre engagement doit être orienté vers une lutte, en vue de présider au destin de notre pays. Soyons des êtres de chair et de sang plutôt que des épouvantails désuets fabriqués par des multinationales et des forces occultes. Ne servons pas de marchepied à ces viles catégories. Il nous faut des dirigeants qui nous feront rêver par leurs qualités humaines, leur action contre l’exploitation, la domination et l’injustice.
Nous n’avons pas les mêmes moyens que nos gouvernants, mais nous pouvons changer le sort de notre pays. Mon grand-père disait : « Le borgne n’a qu’un seul oeil, mais il pleure quand même. » La situation de notre pays est grave. Elle nous interpelle tous. Dans notre lutte, n’ayons pas de préférence pour la peste ou le choléra, refusons de choisir entre Charybde et Scylla. Le prétendu califat qui s’est enkysté dans notre pays menace d’étendre le règne d’une barbarie sans limites à l’ensemble de ceux qui réclament leurs droits. Refusons d’en être les éternelles victimes. « Si tu offres le dos, ne te plains pas des coups que tu reçois », m’avertissait mon aïeul. Le choix qui nous est laissé n’est plus entre le pouvoir et l’opposition, mais entre l’oligarchie qui concentre en ses mains toutes les richesses du pays et le patriotisme, seule valeur cardinale pour éviter le naufrage collectif. Soyons encore plus combatifs! La société civile n’avait jamais été dans une situation favorable à la révolution. Aujourd’hui, beaucoup de signes laissent entrevoir la fin du régime qui maintient notre pays aux antipodes du progrès. « Si le lion se lèche les couilles, c’est que la chasse à l’antilope est terminée », disait mon grand-père, grand chasseur de son époque.