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TRIBUNE: Quand l’insalubrité menace la santé des prisonniers et des habitations jouxtant la détention

TRIBUNE: Quand l’insalubrité menace la santé des prisonniers et des habitations jouxtant la détention
Vue aérienne de la maison d'arrêt de Libreville
Vue aérienne de la maison d’arrêt de Libreville

Par : Imony Kombile Giowou

Eaux usées, odeurs nauséabondes, bâtiments inachevés, clôture laissée en chantier qui s’éternise, c’est le spectacle désolant qu’offre l’arrière et l’intérieur de la prison centrale de Libreville.

Travailler en son sein, être incarcéré ou vivre aux abords de la prison centrale de Libreville, s’est s’exposer de fait à la promiscuité, avec toutes les conséquences y relatives. Les immondices s’entassent sur plusieurs mètres, macèrent sous les intempéries à l’intérieur du domaine carcéral et dans ses alentours. Les odeurs que dégagent les eaux usées sorties de la prison, ulcèrent les résidents de « Derrière la prison », un quartier jouxtant la barrière inachevée, dont l’origine du nom s’explique par le fait qu’il soit situé à l’arrière-plan de la prison centrale de Libreville.

Les eaux usées des douches et des fausses sceptiques de la prison se déversent dans le quartier en contrebas. Pourtant, une zone tampon sur une distance de 20 m était préconisée lors de la construction de cette maison d’arrêt et de correction. La plupart des riverains ne possèdent ni titre foncier, ni aucun droit d’occuper le sol. Ils ont érigé des maisons de manière anarchique. Et face à l’inconfort né de la pollution ambiante, les ouvertures des maisons avoisinantes restent régulièrement fermées, de peur que des vents fétides ne s’y introduisent.

L’insuffisance d’hygiène et d’assainissement du quartier, qui ont pour entre autre conséquence la prolifération d’eaux infestées, expose aux maladies ‘’des mains sales’’ comme la diarrhée et les maladies de la peau. Des pathologies auxquelles les enfants restent les plus exposés. Les eaux stagnantes favorisent l’humidité constante des sols. Ce qui explique les odeurs pestilentielles qui se dégagent. De plus, les eaux stagnantes sont un foyer de prolifération des larves de moustiques, des nids de cafards et des larves filaires. Elles favorisent surtout la propagation du paludisme. On comprend alors pourquoi la situation de l’hygiène du quartier reste alarmante. Et les populations aux revenus modestes, peinent à s’acheter les produits pour l’entretenir de l’hygiène domestique.

Cependant, ces populations ont conscience des risques environnementaux et sanitaires qu’elles encourent, bien que certaines d’entre elles disent n’avoir pas le choix, au regard de la typographie du site et des difficultés d’accès à une parcelle de terre.

Les travaux de la barrière de l’arrière de la Prison Centrale de Libreville, effondrée en avril 2013, des suites de fortes pluies, sont inachevés à ce jour. Egalement inachevé, le chantier de l’école de réinsertion des jeunes en détention, dans l’enceinte même du milieu carcéral.

Depuis lors, les riverains, visiblement inquiets, sont sous la psychose des évasions auxquelles ils ont déjà assisté : « Nous sommes inquiets. Depuis que la barrière s’est écroulée, il y a déjà eu des prisonniers qui ont pris la fuite, notamment ceux chargés des corvées hors de l’enceinte. Ces derniers ont semé la vigilance des gardiens ». Le poste de contrôle érigé à l’arrière de la maison d’arrêt, ressemble plus à une case de fortune.

Hormis la barrière qui entoure le centre de détention, le bâtiment en lui-même est dans un état de délabrement avancé, en dépit des couches de peinture effectués en guise de trompe l’œil.

Depuis l’organisation des états généraux de la justice en juillet 2003 et en dépit de multiples recommandations, peu d’initiatives ont été prises de manière à marquer une véritable prise en compte des diagnostics posés quant à l’organisation et au fonctionnement de l’appareil judiciaire.

Les programmes de rénovation des établissements pénitentiaires comme la construction de nouveaux établissements, restent lettre morte.

 

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