
Très affligeant, le rôle de comédienne politico-judiciaire que s’est offerte Sidonie Flore Ouwé, ancienne procureur de la république près le tribunal de Libreville, et désormais procureur de la république près le tribunal spécial de lutte contre la délinquance financière et économique. Surfant sur la méconnaissance des procédures fiscales par le citoyen lambda, cette très zélée serviteur du régime ‘’émergent’’ s’est invitée, comme par infraction, dans l’affaire aux relents politiques, à l’origine de l’interpellation sans chef d’accusation de Serge Maurice Mabiala dont le positionnement au sein du groupe Héritage et Modernité, ne cesse de donner de la migraine à Ali Bongo et aux siens.
C’est vraisemblablement 24 heures après la ‘’capture’’ à son domicile de Serge Maurice Mabiala, que le pouvoir s’est efforcé à se construire des accusations à postériori, visant à accabler le mis en cause. Ce qui ne le dispense nullement du vice de procédure qui démontre les agissements dignes de démocratie sous les tropiques. Nous en voulons pour preuves, le défilé à la Direction Générale de Recherches, DGR, dans la matinée du vendredi 18 septembre, d’un certain nombre de directeurs de banques et de régies financières, dont le directeur général des impôts, visiblement mis à contribution pour rafistoler, par tous les moyens, des plaintes contre Serge Maurice Mabiala. Des écrits sur lesquels devrait s’appuyer le pouvoir pour enfin présenter à l’opinion des mobiles de cette interpellation qui fait couler assez d’encre et de salive. Et, c’est à la suite de ces passages dans les services de la DGR que la fraîchement promue procureur de la république près le Tribunal spécial de lutte contre la délinquance financière et économique, la tristement célèbre Sidonie Flore Ouwé, s’est sentie pousser les ailes. Resultat des courses, elle ne s’est pas fait prier pour se donner en spectacle sur les antennes de Gabon Télévision, en servant à la face du monde une accusation insipide contre Serge Maurice Mabiala, qui ne tient pas compte de la rigueur dans les procédures encadrant les encaissements de fonds issus des avis de mise en recouvrement délivrés par le trésor public.

Sans s’assurer de l’authenticité du document dont elle a vraisemblablement été invitée à donner simplement lecture, au nom des intérêts du prince, Sidonie Flore Ouwé a fait étalage de son incurie en matière de procédures fiscales, alignant à l’infini des accusations à controverse.
Primo, elle tente d’accabler, au conditionnel, Serge Maurice Mabiala d’avoir encaissé 1,987 milliard de F CFA dans le cadre d’un redressement judiciaire. Cela, sans avis de mise en recouvrement. Dans ce cas de figure, l’accusation devrait s’abstenir de parler au conditionnel, mieux, de citer nommément l’entreprise sujette à ce redressement judiciaire. Et pour montrer qu’elle sait bien de quoi elle parle, Sidonie Flore Ouwé gagnerait à exhiber à l’opinion, la lettre de transaction qui boucle les pièces comptables du contrôle fiscal, puis qu’étant le document qui revêt l’accord du contribuable de payer la dette qui lui a été spécifiée. Sans ces éléments, aucune accusation n’est fondée.
Secundo, les yeux dans les yeux, elle déclare sans sourciller : «Plus grave (…) les chèques émis par le contribuable ont été libellés au nom du receveur des impôts mais curieusement encaissés (…) par sieur Mabiala Serge Maurice contre une quittance qui aurait été signée et délivrée par ses soins et grâce à une quittance informatique conçu spécialement par l’intéressé pour des encaissements non déclarés». Peut-être que Sidonie Flore Ouwé feint de l’ignorer, une quittance, informatisée soit-elle, ne peut permettre à n’importe quel quidam de se pointer à une banque pour exiger de se faire payer des fonds issus du recouvrement fiscal. La rigueur de la procédure veut que seuls des agents du trésor, et non des impôts, munis d’une carte d’assermentation délivrée par le tribunal, soient habiletés à manipuler les fonds publics issus des AVR, les avis de mise en recouvrement. Et si par extraordinaire, le directeur des grandes entreprises de l’époque, Serge Maurice Mabiala se serait servi avec de simples quittances informatisées, que les banques complices de cette forfaiture soient également citées et poursuivies !
Autant de contre-vérités visant à noyer le poisson, qui volent malheureusement très bas. Les émergents pourraient donc réfléchir à des stratagèmes mieux huilés, afin d’éviter de continuer à se faire ridiculiser sur la place publique, en tentant vainement de déplacer le débat politique de fond, à l’origine de cette brouille.
Paul Davy
Article publié le 19 septembre 2015