

Procès prévu de longue date relatif à la succession d’Omar Bongo Ondimba, tentative désespérée de venir au secours de son nkani Maixent Accrombessi, objet d’une information judiciaire (…). Le prochain séjour du chef de l’Etat dans la capitale française ne sera pas de tout repos.
Sauf changement de dernière minute, Ali Bongo Ondimba devrait, à la fin de cette semaine, se rendre à Paris. Le voyage aura un caractère purement privé. Peut-être les françafricains du gouvernement français – Laurent Fabius, Ségolène Royal (…) – ; de l’Elysée – Hélène Le Gal –, ou la recrue, le maire de Paris, Anne Hidalgo, essayeront-ils de transformer aux yeux de l’opinion ce séjour en « visite de travail » ! Une manière de vouloir mettre un voile médiatique sur les vraies affaires qui vont occuper Ali Bongo Ondimba jusqu’au 24 septembre au moins, et dans lesquelles il risque gros.
Le premier dossier chaud qui attend le chef de l’Etat est celui de la succession Omar Bongo. Le légataire universel qu’il est avec sa sœur Pascaline Mferri Bongo Ondimba, a été assigné en justice par une autre héritière d’Omar Bongo Ondimba. Au cours de ce procès, il sera demandé à Ali Bongo Ondimba de produire enfin un acte de naissance authentique qui prouve sa filiation avec Omar Bongo Ondimba. Etant entendu que c’est l’absence de cette pièce dans le dossier de la succession qui est à l’origine de l’impossibilité actuelle pour les autres héritiers de sortir de l’indivision. Pour espérer sortir de cette mauvaise passe, Ali Bongo Ondimba ne pourra plus compter sur Laurent Fabius. Le ministre français des Affaires étrangères, patron des services des archives coloniales de Nantes, ne pourra pas demander à ce dernier de produire un acte de naissance avec filiation à son pote Ali Bongo Ondimba, pour le « sortir » d’affaire dans une procédure à haut risque pour l’intéressé. Le scandale qui pourrait s’ensuivre risque fort de mettre un coup d’arrêt à sa carrière politique. Les Français se souviennent toujours du triste épisode du sang contaminé. Malgré le fait qu’au final, Laurent Fabius fut relaxé par un arrêt de la Haute Cour de justice. Dans la presse, son procès était fait. Et l’opinion avait retenu sa culpabilité.
Le second dossier sur lequel Ali Bongo Ondimba va plancher est l’enquête ouverte par la justice française contre Maixent Accrombessi, son nkani. Nos sources indiquent que les découvertes déjà réalisées par le juge, à ce stade, accableraient Ali Bongo Ondimba. En effet, Maixent Accrombessi a choisi une stratégie de défense qui expose dangereusement le chef de l’Etat. Dans l’affaire du contrat de 7 millions d’euros – soit près de 5 milliards de F CFA – pour l’achat des équipements militaires passé avec le groupe Marck, lequel a fait l’objet d’une part de versement d’un pot-de-vin de 300 000 euros – soit près de 200 millions de FCFA – dans le compte de la société Consortium international des travaux publics (Citp) de l’homme d’affaires malien Seydou Kane et, d’autre part, du virement d’une somme de 2 millions d’euros – soit 1,3 milliard de FCFA – sur le compte de la société AIKM basé au Bénin et propriété de Maixent Accrombessi, maître Francis Szpiner , l’avocat de Maixent Accrombessi, réfute l’objet de l’enquête retenu par le doyen des juges, Roger Le Loire, à savoir « corruption active et passive d’agents publics étrangers, abus de biens sociaux, blanchiment et recel de ces délits, faux et usage de faux ». Pour lui, Maixent Accrombessi n’était pas fonctionnaire gabonais lorsqu’il officiait au ministère de la Défense nationale auprès d’Ali Bongo Ondimba. Il n’avait donc pas un statut « d’agent public étranger ». Ce qui veut dire que les faits de corruption reconnus par le PDG de Marck, Philippe Belin, ne peuvent pas être imputés à Maixent Accrombessi, mais plutôt à Ali Bongo Ondimba, qui était ministre de la Défense nationale dont un agent public de l’administration gabonaise.
Le juge s’est également intéressé aux conditions d’achat par le Gabon, en 2014, d’un ancien bâtiment de la marine française, « la Tapageuse », auprès de la société française Piriou naval services. Il y a, selon nos sources, de fortes présomptions que cette acquisition, pilotée depuis le palais, ait aussi fait l’objet de versement de pots-de-vin. L’équipe qui a conclu cette négociation à la présidence de la République étant exactement celle qui était en affaires avec Marck au ministère de la Défense nationale. Le magistrat « croit qu’elle use des mêmes méthodes ».
Plus que jamais, Ali Bongo Ondimba est cerné de toutes parts par la justice française.
SYA
Article publié le 8 septembre 2015