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Ces approches…tordues contre la dynamique de l’opposition

Ces approches…tordues contre la dynamique de l’opposition
Une vue des leaders de l'opposition ayant soutenu le non à l'entrée au gouvernement de Jean de Dieu Moukagni Iwangou
Une vue des leaders de l’opposition ayant soutenu le NON à l’entrée au gouvernement de Jean de Dieu Moukagni Iwangou

Après le refus de Jean de Dieu Moukagni Iwangou, certains esprits étriqués, du reste manipulés de l’extérieur, se sont précipités pour pondre des scenarii pour mettre de l’huile sur le feu. But inavoué : voir Moukagni Iwangou grillé, comme l’a déclamé vertement une membrane s’affublant du titre « comité de soutien à Jean Ping ». Sur ce, l’on se demande comment ils ont fait pour savoir les lignes exactes du plan qui a été concocté au palais présidentiel et qui consistait à mettre hors d’état de nuire « l’empêcheur de tourner en rond ». N’y a-t-il pas ici l’évidence d’une interconnexion des groupes du palais et ce comité ?

Comme quoi, il n’y a pas dans la vie politique un moment où des adversaires ne se parlent pas. Cela peut l’être directement, ou par un faisceau d’intermédiaires. Aussi, la manigance qui a consisté à charger Moukagni Iwangou parce qu’il aurait été approché, quand bien même il dirait lui-même n’avoir jamais été consulté, était malhabile, surtout venant des personnes qui, à un moment où un autre de leur histoire politique, firent cet exercice.

Il est difficile de croire, par exemple, que Me Agondjo Okawé et Joseph Rendjambé, opposants, n’avaient eu aucune relation avec leur jeune frère Jean Ping qui, lui, se trouvait au cabinet présidentiel, servant Omar Bongo Ondimba. L’on estime que si cela a eu lieu, c’était tout à fait normal. Normal qu’ils aient eu à se parler à un moment ou à un autre. Normal même qu’Omar ait éventuellement commis Jean Ping auprès de ses frères pour un message donné. Qui mieux que lui aurait été l’émissaire propice à cette occasion ? Bien entendu, sans affirmer que cela a eu lieu.

Cette réalité peut s’étendre à d’autres cas. Dans le Rassemblement national des bûcherons, composé de factions ultra-radicales, il est arrivé que d’anciens de l’Ageg aient utilisé cette passerelle pour tisser une diplomatie souterraine, afin de faire avancer la cause pour laquelle les uns et les autres militaient. Ce jeu est courant en politique. D’ailleurs, fort de cela, Mba Abessole, pour prévenir des suspicions inutiles sur ses cadres, avait lancé ce qu’il appela la « logogenèse ». Comprenez, un discours d’ouverture à l’autre. Il n’y a donc pas de problème de voir des adversaires politiques user d’approches de part et d’autre.

Le problème est l’interprétation subjective qui en est faite. C’est ce qui ressort de l’attitude affichée par ceux qui se réclament du comité de soutien à Jean Ping. Au-delà des contradictions que des personnalités politiques peuvent avoir, était-il utile de manifester une telle antipathie à l’égard de Moukagni Iwangou ? A telle enseigne que l’adversaire commun, Ali Bongo Ondimba, n’était plus le fomenteur du coup contre l’opposition, mais sa victime, Moukagni Iwangou. Autant ABO que le comité de soutien de Ping, leur volonté de mettre Moukagni Iwangou hors d’état de nuire est identique. A quoi jouent-ils donc ?

Tout ceci a un antécédent. Il y a une dizaine de jours, un membre influent de l’opposition qui a récemment claqué la porte du PDG est allé trouver un Ouest-Africain proche de Maixent Accrombessi pour lui dire : « Nous sommes pour les élections, mais celui qui empêche de tourner en rond et qui est pour la radicalisation est Moukagni Iwangou. »Cette attitude s’appelle être en intelligence avec l’ennemi. Par la suite, un coup bien orchestré est préparé et mis en œuvre contre cet « empêcheur de tourner en rond». Notamment cette proposition d’entrée au gouvernement. Plus cynique encore est la certitude que le chaland mordra à l’appât. Il n’a quasiment plus de salaire et vit de subsides, il ne résistera pas. Voilà ce qu’ils se sont dit. Cette analyse, faite tant à gauche qu’à droite, s’est malheureusement heurtée au mur de la conviction, de la sincérité et de la loyauté vis-à-vis du peuple gabonais.

Là où Mba Abessole, mythe dans la communauté fang ; Maganga Moussavou, dont on connaît la superbe et le ton direct ; Pierre André Kombila, gardien de la relique RNB ; Pierre Amoughe Mba, fin stratège aux côtés de Paul Mba Abessole, etc.ont tous cédé, Moukagni Iwangou a résisté au nom de ses convictions. Au nom « d’un engagement qui ne souffre d’aucune contestation ». Oui, Moukagni Iwangou sera toujours approché, mais il montre qu’on peut être approché sans fléchir.

Ramses Frank

Article publié le 15 septembre 2015

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