CHRONIQUE POLITIQUE : alerte ! Escadrons de la mort ?

Des »tueurs froids » agissant pour le compte des milices politiques, semblent progressivement prendre pied au Gabon
Par : Paul Davy
Bras armés des régimes d’oppression et des dictatures, les escadrons de la mort sont définis comme des groupes armés qui organisent, généralement en secret, des exécutions sommaires ou des enlèvements d’activistes, de dissidents, d’opposants politiques ou économiques, voire de toute personne perçue comme interférant avec un ordre social ou politique établi. A l’approche de la présidentielle prévue l’année prochaine, et face au pouvoir vacillant du régime Bongo-PDG, en perte de vitesse, tous les moyens semblent bon pour se maintenir aux affaires. Quitte à marcher sur des cadavres !

Mboulou Beka, froidement assassiné lors d’une manifestation contre le pouvoir, réprimée dans le sang en décembre 2014
Plusieurs signes avant-coureurs laissent présager des manœuvres en sous-main visant à structurer des organisations de gangstérisme politique, avec le dessein de s’en prendre, physiquement le cas échéant, aux empêcheurs de tourner en rond. Après l’empoisonnement de l’actuel leader de l’Union du peuple Gabonais, UPG, Jean de Dieu Mouckagni Iwangou, les attaques ciblées contre les domiciles d’opposants, Jean Ping et Pierre Amoughé Mba, les tentatives d’assassinat des journalistes Désiré Ename et Jonas Moulenda, contraints à l’exile en France, la mort par assassinat d’André Mba Obame, de Pierre Mamboundou et dernièrement de l’étudiant Mboulou Beka notamment, avant les assassinats très récemment encore des leaders de la coordination nationale des jeunes de l’Union nationale, Fabrice Ndong Bobet, le 3 septembre dernier à Minvoul et Emile Franklin Itona, retrouvé mutilé il y a deux mois dans la zone des rails, dans la commune d’Owendo, sont autant d’indicateurs qui participent de la suspicion de la présence sur le sol gabonais du spectre de loups de la mort lâchés dans la bergerie des symboles de contre pouvoir du système Bongo-PDG. Des ‘’chiens de garde’’ qui ont pour mission de refroidir, par tous les moyens, les différents maillons de la chaîne du vent du changement qui souffle irréversiblement sur le pays.

Feu André Mba Obame, l’une des dernières victimes en date, de la vague d’assassinats politiques ciblés
L’empoisonnement et l’usage d’armes blanches sont les moyens couramment utilisés pour doucher la détermination d’acteurs engagés dans le combat pour le respect des acquis démocratiques.
Et plus l’on se rapproche de l’échéance capitale de la présidentielle de 2016, plus sadique pourrait se révéler être le modus operandi. Il n’est pas exclut que l’on bascule d’ici là, dans l’effroi de ‘’la nuit des longs couteaux’’. Allusion aux pages sombres de l’histoire politique des nations, écrites dans le sang de la répression des ‘’ennenmis’’ de la tyrannie Bongo, et ce, avec l’encre du déni de citoyenneté. Des entorses à l’éthique et au droit l’Homme, exécutées le plus souvent avec zèle par ces milices politiques, qui ne se font pas prier pour mater toute forme de résistance.

Désiré Ename et Jonas Moulenda, échappent belle à la mort par assassinat et tentative d’empoisonnement. Ici sortant des griffes d’une des polices politiques du pays, la Direction Générale de Recherches, DGR
Mais rien, aucune armée, aucune milice, aucune tyrannie,ne sont parvenus à venir à bout de peuples déterminés. Soyons tous débout et déterminés jusqu’à la victoire finale sur les ennemis de la démocratie.
Article publié le 8 septembre 2015