CHRONIQUE POLITIQUE : Ali Bongo à l’école de l’éthique en politique

Robert Endamane
« On ne m’a pas appris à être riche, on m’a appris à défendre les valeurs », Robert Endamane, Ministre délégué démissionnaire du gouvernement Ona Ondo III

Par : Paul Davy

Le revers essuyé en plein dans la gueule par le président gabonais, Ali Bongo Ondimba, dans un exercice de méprise du rapport à l’argent de certains cadres politiques, s’est soldé par des démissions avant prise de fonctions de deux membres de l’équipe du gouvernement Ona Ondo III. Les braves citoyens auteurs de ce bras d’honneur, au nom des valeurs démocratiques, sont les désormais anciens Ministre d’Etat en charge de l’agriculture et de la mise en œuvre du programme graine, Jean de Dieu Moukagni Iwangou, le président en exercice du Front uni de l’opposition, et Robert Endamane, enseignant de formation, secrétaire général adjoint 2 au ministère de la culture, et par ailleurs, directeur de cabinet du président du Rassemblement pour le Gabon, RPG, Paul Mba Abessole.

Morceaux choisis : «  On ne m’a pas appris à être riche, on m’a appris à défendre les valeurs », dixit Robert Endamane, membre du rassemblement pour le Gabon, RPG, parti politique membre de la majorité républicaine et sociale pour l’émergence, dont Ali Bongo est le chef de file. Ce citoyen libre, a décliné de plein gré l’offre d’entrer au gouvernement qui lui a été faite lors du remaniement ministériel du vendredi 11 septembre dernier, au mobile de vice de procédure. Dans une déclaration enflammée dans les heures qui ont suivi sa nomination au poste de Ministre délégué auprès du Ministre de l’Urbanisme et du Logement, Robert Endamane a dénoncé une procédure irresponsable et irrespectueuse de ses alliés de la majorité au pouvoir, qui n’ont pas encore, à son entendement, compris ce que c’est que la démocratie. Le nœud du désaccord réside dans la démarche cavalière des acteurs associés à la composition du gouvernement, qui ont foulé au pied le principe de la démocratie participative. Disons en d’autres termes que le RPG déplore à voix haute le fait de n’avoir pas été associé, ni de près ni de loin, au processus de formation de cette équipe gouvernementale.

De un, c’est au nom du mépris affiché aux valeurs fondamentales du vivre-ensemble que Robert Endamane, solidaire de l’éthique du groupe RPG, a choisi d’assumer sa démission matinale du gouvernement.

Moukagni Iwangou
« Mon invitation au gouvernement est une insulte aux valeurs de dialogue » Jean de Dieu Moukagni Iwangou, président du Front uni de l’opposition pour l’alternance, auteur d’un niet au gouvernement d’ouverture Ona Ondo III

Et de deux , « Mon invitation au gouvernement est une insulte aux valeurs de dialogue », tonne pour sa part le démissionnaire au poste de Ministre d’Etat, Ministre de l’Agriculture et de l’Entrepreneuriat agricole, chargé de la mise en œuvre du programme Graine, Jean de Dieu Moukagni Iwangou, président en exercice du Front uni de l’opposition pour l’alternance. Le chef de file désigné de l’opposition a fait le pari de fermer la porte à un pouvoir autiste, maladivement sourd aux appels répétés des couches de la société (camp au pouvoir, opposition, société civile et auditeurs libres), en vue de l’organisation d’un dialogue national sans exclusif visant à recadrer la trajectoire du pays, comme poussé au bord du précipice par des adeptes de l’amateurisme en politique. Une attitude irresponsable et suicidaire qui place de fait le pays dans la zone rouge, disons, à la lisière du chaos généralisé. Un entêtement à foncer droit dans le mur, qui, aux yeux de Jean de Dieu Moukagni Iwangou, ne présage pas des lendemains qui chantent : « Ayant privé le pouvoir de bouées de sauvetage, vous avez compris que le processus de noyade est en cours », ironisait le président du Front uni de l’opposition pour l’alternance, comme pour permettre à chacun d’imaginer l’avenir en désespérance que nous préparent les ‘’émergents’’, drots dans les bottes d’adeptes de la politique de la terre brûlée.

En toile de fond de cette déviance frénétique, l’on peut notamment citer l’absence de socle d’éthique et de valeurs démocratiques, sur lesquelles se fonderait leur engagement en politique. Moulé dans les pratiques tyranniques dépuis 50 ans de règne sans partage, avec comme ADN, la pensée unique, difficile pour le clan Bongo-PDG de s’arrimer aux normes sociétales du vivre-ensemble. Vivement que cette claque, infligée aux « émergents », participe du commencement d’une nouvelle approche de gouvernance, qui prenne en compte l’avis de l’autre dans la construction du destin de la Nation. Bonne leçon politique à ces illuminés ‘’d’émergents’’ et à leur gourou, Accrombessi.

Article publié le 15 septembre 2015

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