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CHRONIQUE POLITIQUE : Héritage et Modernité, entre courage historique et lâcheté !

CHRONIQUE POLITIQUE : Héritage et Modernité, entre courage historique et lâcheté !
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La mobilisation de tous les instants, comme ici à la DGR au secours de Serge Maurice Mabiala, ne devrait pas connaître de relâche

Par : Paul Davy

Avec l’affaire Serge Maurice Mabiala, et la tournure que vient de prendre ce règlement de compte politique habillé du masque de la délinquance financière, Ali Bongo et son bras armé qu’est le Mouvement gabonais pour Ali Bongo Ondimba, Mogabo, ont ouvert la guerre de tranchées visant à ‘’décapiter’’ toute forme d’adversité interne au Parti démocratique gabonais, PDG au pouvoir. L’usage de la force est préférée au règlement de différends par la vertu du dialogue. Héritage et Modernité, courant politique frondeur sorti du sein du régime PDG, et qui réclame la démocratie en interne et une meilleure redistribution des richesses du pays, est plus que jamais la cible privilégiée du pouvoir émergent. Les premiers assauts contre ces empêcheurs de tourner en rond, frontalement opposés à la patrimonialisation du parti et de l’appareil de l’Etat par le clan Bongo et sa horde de profito-situationnistes, vient de voir l’une de ses éminences grises, Serge Maurice Mabiala, secrétaire général adjoint des énarques de France et président de l’association des énarques africains de France, être passé au crible. L’homme est présentement envoyé en prison pour avoir commis comme crime de lèse-majesté, celui de se constituer en bande organisée avec bien d’autres, pour contrer les principes liberticides de pensée unique au sein du pouvoir Bongo. Et pour pouvoir l’accuser de rage, Ali Bongo a opté pour la caporalisation de la justice, qui s’active bec et ongle à se persuader, et à vainement tenter de persuader l’opinion que Serge Maurice Mabiala aurait commis des détournements de fonds publics. Mais curieusement, aucune traçabilité de l’argent supposé détourné n’est présentée à ce jour.

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Les connexions s’imposent avec la famille biologique et les autres composantes de la société, comme la presse et la société civile, pour donner une dimension nationale au rapport de forces

Le niveau de haine viscérale du pouvoir contre Héritage et Modernité pousse le second groupe à la croisée des chemins, entre le courage de poursuivre tête haute sa noble bataille de restauration de l’équité et de l’instauration du débat contradictoire au sein PDG ou de faire montre de lâcheté en abdiquant face à l’esprit de terreur qu’instaure Ali Bongo, en vue de régner en monarque, tant dans la maison PDG que sur le pays.

Le courage historique, synonyme de stop à l’asservissement du peuple depuis près de 50 ans par le système Bongo-PDG, implique des actions de riposte qui consistent, en somme, à voler au secours du soldat Mabiala. Entre autre actions envisageables, la création des passerelles avec d’autres composantes de la société gabonaise pour ‘’démonter’’ les accusations de détournement de fonds publics, l’activation du ‘’VETO’’ dans les des projets de loi soumis à l’assemblée national ( fort des 82 députés constituant Héritage et Modernité  sur les 120 de l’hémicycle), l’ organisation des lobbyings pour présenter un candidat face à la candidature aux primaires d’Ali Bongo pour la prochaine présidentielle, glisser les ‘’billes’’ compromettantes auprès d’autres voies autorisées pour dynamiter le camp d’en face autrement, autant d’actions non exhaustives qui visent à casser les pieds au Mogabo et à son gourou Ali Bongo Ondimba.

La lâcheté morbide, l’autre face de la médaille, consiste à verser piteusement dans le ‘’On va encore faire comment’’, en reniant les envolées tribinuciennes qui ont révélé au monde Héritage et Modernité. Une lâcheté qui se traduirait par un abandon des leviers du Parti et des commandes de la lutte en interne, au profit du fils Bongo, qui agit en gouverneur autoproclamé du Bongoland. Cette hypothèse, synonyme de trahison du peuple aspirant au changement réel, consisterait notamment à baisser la garde dans l’affaire Serge Maurice Mabiala. Une fuite en avant qui remettrait en cause les acquis démocratiques accumulés durant ces trente dernières années.

Lâcher Serge Maurice Mabiala, sous prétexte de la terreur instaurée par Ali Bongo via une justice aux ordres, renvoie à organiser les funérailles d’Héritage et Modernité. A contrario, y faire face, avec courage et détermination au nom des intérêts supérieurs du pays, permet d’accorder un nouveau souffle à la dynamique politique, Héritage et Modernité, tout en entretenant la flamme de l’alternance crédible au sommet de l’Etat.

Un soldat aguerri à l’art de la guerre nous conseille : celui qui lutte peut perdre, et celui qui ne lutte pas a déjà perdu.

Article publié le 22 septembre 2015

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