

Par : Paul Davy
Tuer dans l’œuf tout le sens de l’urgence du dialogue national sans exclusif visant à tourner la page du ‘’Bongoland’’ au profit de l’instauration de l’Etat de droit, moteur de la volonté persistante des autorités gabonaises à circonscrire l’idée de ces discussions aux seules limites du conseil national de la démocratie, CND, dont le caractère on ne peut plus inopérant est honteusement dévoilé par trois principaux boulets qui dénient à cette institution républicaine, le caractère de cadre propice au débat égalitariste et constructif.
Son trait exclusif à la classe politique, est la matrice de sa non prise en compte des préoccupations exprimées par toutes les couches de la société. Exclure de la discussion, la société civile, sans autre forme de procès, prive le CND du visage de la raison pragmatique. Car se priver des contributions au dialogue d’autres pans de la société, universitaires, économistes, syndicalistes, patronat, etc,,, met de fait le CND en déphasage de la recherche pragmatique des solutions.
Mieux, ses attributs constitutionnels de chambre d’enregistrement, du fait d’être confiné dans le rôle réducteur de « conseiller du gouvernement », est la preuve immonde de l’incapacité chronique du CND à faire partie de la solution. Le tout, renforcé par le caractère non contraignant des recommandations des discussions issues de son sein. Le fait pour le CND de simplement suggérer des propositions de sortie de crise au gouvernement, essentiellement composé de membres du parti au pouvoir, partie prenante au dialogue, et donc dans la position ambivalente de juge et partie, fausse le principe égalitariste des parties. Un gouvernement, soulignons-le, à rebours de l’aspiration populaire de voir les gabonaises et les gabonais rechercher des solutions à l’impasse qui lorgne le pays, par la voie du dialogue constructif. Aspiration qui ne peut être matérialisée que dans un cadre de travail non exclusif, et à la limite placé sous arbitrage neutre, à l’instar de la communauté internationale.
La fourberie à ciel ouvert à l’actif conjoint du Gouvernement et du CND, est facteur bloquant à la marche du Gabon vers l’Etat de droit. Cet obstacle à la libération du pays du joug Bongo doit être dynamité par une conjugaison d’actions tyrannicides, au nom du salut national. En fermant ainsi toute opportunité aux formes pacifiques de dialogue contradictoire, le pourvoir Bongo se complait dans l’imposture de ‘’propriétaire’’ du Gabon, avec l’infamant rôle de «sujets » et assimilés, flanqué au peuple gabonais, victime perpétuelle de déni de démocratie. Car, point besoin de rappeler que les discussions nationales, souhaitées par le peuple, visent en somme à arrimer le Gabon aux standards de démocratie, par notamment l’instauration d’élections transparentes dont les modalités seront définies et acceptées par toutes les parties prenantes.
Plutôt que de se laisser conduire à l’échafaud comme des damnés impuissants de la tyrannie Bongo-PDG, le peuple doit, plus que jamais, opposer un non cinglant à cette séquestration à souhait de la république par un clan, en utilisant tous les moyens nécessaires de résistance.
Face à la persistance du groupuscule au pouvoir à verser dans un exercice de démagogie populiste avec le dessein d’ensevelir le dialogue national sans exclusif, la rue n’est pas la meilleure solution, mais l’unique alternative à cette manœuvre d’oppression. Reste désormais à définir la forme à donner à l’insurrection populaire en gestation, entre actions de désobéissance civique pacifique et actions incontrôlées, qui, de l’avis de certains, participent du processus de purification du pays.
Dans tous les cas de figure, la déferlante visant à tourner la page du système Bongo-PDG, a pris un tournant irréversible!